19° Valise, futur et déconfinement

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Chapitre 19.

🏐🌸🍙

— Kotaro, tu sais où j'ai mis mon tee-shirt pour faire du sport ?

Bokuto rougit violemment.

— Euh oui, c'est celui que je t'ai emprunté pour dormir hier soir.

Akaashi plissa les yeux.

— Ce tee-shirt n'a pourtant rien d'extraordinaire...

— Mais si: il a ton odeur.

Les joues du passeur prirent la même teinte que celles de son capitaine. Il balbutia quelque chose d'incompréhensible avant de venir chercher timidement son tee-shirt roulé en boule au bout du lit et de repartir dans la salle de bain pour mettre fin au malaise.

Ça faisait une semaine qu'il était en couple avec Kotaro, le confinement arrivait enfin à son terme, il était temps pour lui de quitter ce doux cocon qui l'avait hébergé pendant trois mois pour retourner chez lui. Il aurait bien voulu rester un peu plus longtemps avec Bokuto, mais il savait que ça n'aurait pas été raisonnable. Il avait sûrement manqué à ses parents, et il devait avouer qu'ils lui avaient manqué aussi. Il allait pouvoir retrouver sa chambre, sa maison, ses ballons de volleyball.

Il n'avait pas envie de quitter l'appartement de Bokuto, mais il savait qu'il devait prendre ses responsabilités en main. Et puis, il avait besoin de se recentrer un peu sur lui-même en profitant des moments de solitude qui lui seraient accordés chez lui. Il aimait Kotaro, mais il devait bien avouer qu'être avec lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre devenait fatiguant, à la longue. En plus, si la colocation continuait en dépit du déconfinement, il faudrait alors envisager de se partager le loyer.

Enfin bref, Akaashi n'avait pas trop le choix, il était nécessaire qu'il rentre chez lui pour faire le point sur la situation en toute tranquillité. C'est pourquoi il s'évertuait à rassembler ses affaires depuis ce matin. Il avait bientôt fini sa valise, mais à chaque fois qu'il se disait qu'il ne lui manquait rien, il se souvenait d'un truc qu'il avait oublié. Un véritable cercle vicieux.

— Je crois que j'ai tout, fit-il en observant le contenu de sa valise.

— Keiiiji ! T'avais oublié ton gel douche ! s'exclama Kotaro en sortant de la salle de bain.

— Ah, merci.

Sa valise était déjà pleine à craquer, il espérait qu'il n'ait rien oublié d'autre car il ne pensait pas qu'il pourrait encore caser quoique ce soit. Il se permit de faire une dernière fois le tour de l'appartement. Dans la chambre qui faisait également office de salon, il regarda sur et sous le lit, inspecta le meuble télé et ouvrit chaque tiroir. Il répéta le même rituel pour la salle de bain et la cuisine.

— Cette fois, je pense que j'ai toutes mes affaires.

— Attends avant de fermer ta valise Keiiiji, t'as encore oublié un truc !

Akaashi soupira intérieurement. Ça n'en finira jamais, se dit-il.

— Quoi ?

— La peluche hibou qui me ressemble !

— Je croyais qu'elle était à toi ?

— Je te l'offre. Comme ça, si tu te sens seul chez toi, y aura un bout de moi à tes côtés.

Kotaro était très fier de la petite disquette qu'il venait de sortir. Il trouvait qu'il avait la classe. Et le regard plein d'étoiles que lui jetait Keiji n'aidait pas à lui dégonfler le melon. Au contraire, il sentit son ego enfler encore plus qu'il ne l'était déjà.

— Avoue que c'était trop stylé, fit Bokuto en formant un "L" avec son pouce et son index sous son menton.

— J'avoue. On aurait dit une star de cinéma dans un film romantique.

— N'est-ce pas ?!

Enfin, après avoir passé la matinée entière à fouiller l'appartement et à rassembler ses affaires, Keiji put fermer sa valise. Bokuto se tenait dans l'encadrement de la porte, attendant qu'Akaashi finisse de lasser ses chaussures. Il regarda une dernière fois l'appartement qui l'avait hébergé pendant ce long confinement. Il n'avait pas de regret, il était heureux d'avoir accepté cette petite colocation avec son crush. Mais il était désormais temps de passer à autre chose et de penser au futur.

— On se revoit quand ? demanda Bokuto.

— Demain ?

Kotaro sembla étonné de sa réponse. Keiji ne put réprimer un rire en voyant ses yeux de merlans frits.

— Ce n'est pas parce qu'on ne vit plus ensemble qu'on ne peut pas se voir tous les jours, expliqua-t-il. Enfin après c'est toi qui vois si tu veux me voir demain ou pas.

— Bien sûr que je veux te voir demain ! s'empressa de répondre Kotaro, le rouge aux joues.

— Parfait alors.

Ils ne savaient plus quoi se dire. Bokuto était toujours dans l'encadrement de sa porte, mais les battements de son cœur s'étaient bizarrement mis à accélérer après qu'il ait posé son regard sur les lèvres d'Akaashi. Il jeta un œil dans le couloir avant de s'avancer timidement vers lui pour l'embrasser.
Keiji, qui n'attendait que ça depuis tout à l'heure, sourit contre sa bouche.

— À demain du coup, balbutia Kotaro.

— À demain.

Sur ce, Keiji tourna les talons, traînant sa valise à roulettes derrière lui. Il s'en alla le cœur léger, sans regarder en arrière. Il avait passé de très bons moments ici: que ce soit le gâteau au chocolat et à la sauce piquante, les appels vidéos avec leurs amis ou la déclaration de Kotaro sur le balcon, il n'avait que des bons souvenirs. Mais toutes les bonnes choses ont une fin: le confinement était fini, il devait retourner à la réalité.

Il arriva chez lui après une vingtaine de minutes de marche plus tard. Évidemment, étant au milieu de la journée, ses parents étaient toujours à l'hôpital en train de s'occuper de leurs patients. Sans se presser, il se déchaussa avant de gravir les escaliers pour rejoindre sa chambre. Le parfum familier qui embaumait la maison le remplissait de nostalgie. Il inspira un grand coup cette douce émanation mentholée issue des produits ménagers qu'utilisaient sa mère pour nettoyer la maison avant de s'effondrer sur son lit.

Sans trop savoir pourquoi, il se mit à chercher la peluche que lui avait offert Bokuto. Il la sortit de sa valise et la prit dans ses bras, avant de l'amener à la hauteur de son nez. Kotaro avait raison, Keiji comprenait à présent pourquoi il aimait tant porter ses tee-shirt. Sentir l'odeur de celui qu'il aimait lui donnait l'impression qu'il était à ses côtés et qu'il était là pour le protéger.

Chocolat et sauce piquante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant