Chapitre 7.
🏐🌸🍙
Il pleuvait toujours autant dehors, Akaashi observait la pluie tomber à travers la fenêtre avec une mine déconfite. Il venait de terminer de nettoyer la cuisine, le gâteau était en train de cuire dans le four. Il devrait être prêt dans une dizaine de minutes. Keiji en profita pour aller laver son visage dans la salle de bain. Il plissa les yeux en découvrant l'étendu des dégâts devant le miroir. Il avait du chocolat partout: sur les deux joues, dans les cheveux, sur le nez et même dans le tee-shirt - il se demanda sérieusement comment Bokuto s'était débrouillé pour lui en mettre là.
Le passeur passa ses mains sous l'eau chaude et tenta tant bien que mal de nettoyer les traces sur son visage. Il ôta son haut et le mit dans la machine à laver. Du chocolat dégoulinait de ses pectoraux et traçait un ligne au milieu de ses abdos. Il soupira. Il allait prendre une douche rapide, ce serait le meilleur moyen d'enlever tout ce chocolat. Surtout qu'il en avait encore plein les cheveux.
— Keiiiji, je crois que le gâteau est prêt ! s'exclama Kotaro en débarquant dans la salle de bain.
Il se figea en l'apercevant. Akaashi se tourna lentement vers lui. Il fronça les sourcils, ne comprenant pas la raison pour laquelle Bokuto semblait embarrassé. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il le voyait torse nue. Néanmoins, Keiji ne put s'empêcher de rougir en sentant le regard pesant de celui qu'il aimait le détailler de haut en bas.
— Si, si le gâteau est prêt, alors tu peux le sortir du four. Maintenant laisse-moi, je vais prendre une douche.
Kotaro mit quelques secondes avant de revenir à lui et de hocher la tête en balbutiant des excuses. Il ne savait même pas pourquoi il s'excusait, ni pourquoi il se sentait aussi troublé.
Dix minutes plus tard, Akaashi sortait de la salle de bain, les cheveux mouillés mais désormais propre. Une serviette sur les épaules, il se dirigea vers la chambre pour enfiler un nouveau tee-shirt. Bokuto l'observa faire du coin de l'oeil depuis la cuisine. Il s'était assis à table et avait sorti les assiettes. Il attendait son colocataire pour attaquer le gâteau.
— Ça va ? lui demanda Keiji en s'asseyant en face de lui. Tu as le visage rouge, tu veux que je prenne ta température ?
— Hein ? Euh non non, ça, ça doit être la fatigue ha ha ! Et tu es rouge aussi Keiji !
— Hmm ? Ça doit être la douche.
Aucun des deux ne chercha plus loin. Sans doute parce qu'aucun des deux n'avait envie d'expliquer la réelle raison de ses rougeurs.
S'armant d'un couteau, Bokuto découpa deux parts du gâteau et les disposa dans les assiettes. Akaashi saisit sa cuillère en faisant la grimace. Il était sceptique. Il doutait que la sauce piquante et le chocolat soit un très bon mélange. Il approcha la cuillère du gâteau comme s'il s'agissait d'une espèce inconnue, un alien venu d'ailleurs. Il porta un morceau à sa bouche. Cette fois, le rouge de ses joues fut facile à justifier.
Il se précipita sur la brique de lait qui reposait dans le réfrigérateur. Sa langue était en feu, les larmes lui montaient aux yeux. On aurait dit qu'on s'amusait à attaquer sa bouche avec des aiguilles. Il se demanda quelle quantité monstrueuse de sauce piquante Bokuto avait bien pu renverser dans la pâte.
— T'aimes pas ? Moi j'aime bien. Je trouve que la douceur du chocolat se marie bien avec l'acidité de la sauce. Les saveurs se complètent, tu vois ? On dirait nous, ce gâteau. D'un côté, y a toi, le chocolat qui est là pour m'adoucir et me calmer, et de l'autre, y a moi, la sauce piquante qui est là pour pimenter ta vie et te faire sortir de ta zone de confort. En fait, on se complètent tous les deux.
Cette réflexion laissa Akaashi pantois. Le «on se complètent» raisonnait encore dans sa tête. Ça lui ôta toute envie de critiquer ses goûts culinaires. L'idée de lui lancer un pique sur sa façon de cuisiner ne lui traversa même pas l'esprit. Les propos de Kotaro, bien que sans doute prononcés innocemment et sans sous-entendu particulier, l'avaient profondément touchés.
Sans un mot, il se rassit à table et se força à finir sa part, même si pour cela il devait boire une gorgée de lait entre chaque bouchée.
— Keiiiji, te force pas si t'aimes pas, je mangerai ta part ! s'inquiéta Kotaro.
— Je ne me force pas. J'aime vraiment beaucoup ce gâteau.
Bokuto voyait bien qu'il mentait, mais il n'insista pas. Ils finirent leur encas en silence. Akaashi eut plus de mal à terminer son assiette que son hôte, mais il finit tout de même de manger, jusqu'à la dernière miette.
— Je finirai le reste du gâteau ce soir, dit Kotaro en débarrassant les assiettes.
— Merci. Hm ? On dirait qu'il s'est arrêté de pleuvoir.
La nouvelle réjouit tellement Bokuto qu'il manqua de lâcher les assiettes. Il les déposa rapidement dans l'évier avant de venir coller son nez à la fenêtre. De nombreuses flaques d'eaux décoraient la rue, et les feuilles des arbres étaient encore couvertes de gouttes, mais le ciel était dégagé et un arc-en-ciel transparaissait désormais des nuages. En l'apercevant, Akaashi sut exactement ce qu'allait lui demander Bokuto.
Il venait justement de se tourner vers lui, des étoiles dans les yeux.
— Keiiiji, on va chercher la marmite d'or du lutin ?!
— On l'a déjà fait une fois et on ne l'a pas trouvé.
— On n'a juste pas cherché au bon endroit ! Tu veux pas réessayer ?!
Akaashi sourit. Lui, il n'avait pas besoin du trésor du farfadet. Son trésor se trouvait déjà sous ses yeux. Mais il se garda bien de le dire à haute voix.
— Pourquoi pas.
Kotaro sauta de joie et courut jusqu'à son bureau pour s'emparer des attestations. Keiji ne se montrait pas aussi enthousiaste, mais il était heureux de prendre enfin l'air. Muni d'un masque en tissu et de son écharpe, il attendait Bokuto sur le pas de la porte. Celui-ci arriva vers lui en trottinant, il ne tenait pas en place. Il ferma la porte à clé en vitesse avant de se tourner vers Akaashi.
— Dépêchons-nous avant que l'arc-en- ciel ne disparaisse !
VOUS LISEZ
Chocolat et sauce piquante
FanfictionMars 2020, annonce du confinement pour toute la France. Finis, les entraînements de volley-ball et les siestes au soleil, bonjour la solitude et la morne vie d'appartement. Évidemment, en apprenant cette nouvelle, Kotaro Bokuto est déprimé. Akaashi...