10° Insomnie, sirènes et pieds gelés

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Chapitre 10.

🏐🌸🍙

— Pssst, Keiiiji... Tu dors ?

Akaashi ouvrit les yeux en soupirant. Il était deux heures du matin, et apparemment, Bokuto n'arrivait pas à trouver le sommeil. Ça lui arrivait de temps en temps. C'était comme si le marchand de sable se trompait de sac: à la place de lui jeter du sable pour l'endormir, il lui balançaient une bonne dose de cocaïne dans la gueule. Impossible de dormir avec toutes les pensées qui le traversaient alors.

Lorsqu'il avait des insomnies, il était toujours pris dans un profond dilemme: laisser dormir Keiji et essayer de trouver le sommeil tout seul, ou réveiller son pauvre colocataire pour faire passer le temps. Et il avait beau lutter, se dire que Keiji ne méritait pas ça, il finissait toujours par le sortir de sa torpeur pour ne plus être seul dans son malheur.

— Oui, je dors.

— Dis, je me demandais, tu sais comment les sirènes font pour faire des bébés ?

Akaashi ne savait pas s'il devait rire ou pleurer. Ce qu'il savait, c'est qu'il voulait se rendormir.

Il n'y avait que Kotaro pour se poser ce genre de question existentielle à deux heures du matin. Keiji n'avait pas la réponse à sa question, et honnêtement, il s'en fichait pas mal. Les sirènes n'existent pas, elles peuvent bien accoucher comme bon leur semble, se disait-il. N'obtenant pas la coopération d'Akaashi, Bokuto se faufila sous la couette en sens inverse pour sortir sa tête au bout du lit et toiser Keiji allongé sur son matelas.

— Et d'abord, comment elles font pour faire l'amour ?

Akaashi émit une sorte de grognement en rabattant la couette sur sa tête. Il se fichait de la vie sexuelle des sirènes comme de sa première tétine. Il n'entendit plus rien pendant la minute qui suivit, il espérait que Bokuto ait lâché l'affaire. Mais c'était mal le connaître. Il sortit son visage à demi des couvertures, et son regard croisa celui de Kotaro qui le fixait avec ses grands yeux de chouette.

Même dans le noir, Keiji arrivait à le percevoir. C'était d'ailleurs assez flippant. On aurait dit un hibou qui menaçait de fondre sur sa proie. Il soupira. Il n'aurait pas la paix avant d'avoir répondu à sa question. Il tendit son bras et tapota le sol, à la recherche de son téléphone. Il plissa les yeux en l'allumant, la luminosité lui agressait la rétine.

— Alors... souffla-t-il en tapant la recherche sur internet.

Après plusieurs minutes pendant lesquelles Bokuto ne l'avait pas quitté des yeux, Akaashi finit par lui faire part de ses trouvailles.

— Si la sirène est la femelle, le triton est le mâle. Il possède un appareil génital masculin, et on suppose que la femelle a un orifice caché sous ses écailles qui permettrait l'accouplement. Une fois enceinte, elle remonte à la surface. Elle a sept à huit mois de gestation pendant lesquels sa queue de poisson se sépare petit à petit pour laisser apparaître une paire de jambe et un appareil génital féminin par lequel pourra naître l'enfant. Je peux me rendormir maintenant ?

Bokuto continuait de le fixer, une lueur indéfinissable dans le regard. Il n'avait pas lâché ses lèvres des yeux, on aurait dit qu'il buvait ses mots. Ou qu'il avait très envie de l'embrasser, mais Keiji penchait vers la première option, bien qu'il aurait préféré la deuxième.

— Tu veux dormir avec moi ? Ça m'aiderait à m'endormir.

Ce n'était pas la première fois que Bokuto lui faisait la proposition. À vrai dire, chaque fois qu'une insomnie le tenait éveillée au milieu de la nuit, il profitait de l'occasion pour demander à Akaashi de dormir avec lui. Keiji mourrait d'envie de dire oui, mais il finissait toujours par dire non. Il savait que s'il acceptait, il ne pourrait pas se maîtriser totalement. Il était un adolescent en pleine croissance, ses hormones étaient en ébullition. Ça aurait été terriblement gênant de se réveiller juste à côté de son crush avec une gaule matinale.

— Bonne nuit, répondit Akaashi.

Il se tourna sur le côté, face au mur.

— Si tu ne viens pas à moi, c'est moi qui viendrais à toi.

Keiji écarquilla les yeux en sentant une masse tomber derrière lui.

— Kotaro, bouge de là, c'est un matelas une place !

— M'en fiche, on a qu'à se serrer un peu...

Aussitôt dit, aussitôt fait. Bokuto venait de se glisser sous la couette d'Akaashi et de plaquer son torse contre son dos. Son bras reposait sur l'épaule de Keiji, comme s'il le confondait avec un doudou.

Akaashi ne le montra pas, mais il paniquait. Il était certain d'être plus rouge que les cheveux de Tendou, un joueur redoutable que leur équipe de volley avait déjà affronté. Son coeur allait sortir de sa poitrine, c'était certain. Cependant, ce qui l'inquiétait le plus, c'était le bas de son anatomie. Il se concentrait sur toutes les choses les plus abominables du monde pour chasser les pensées érotiques qui menaçaient d'arriver.

— Kotaro, remonte dans ton lit.

— Mais Keiiiji ! Je suis bien là !

Akaashi aussi était bien, il était même aux anges, et c'était bien ça qui le dérangeait ! Il n'allait pas tenir longtemps avant d'avoir un petit problème entre les jambes ! Surprenant Bokuto, il se retourna d'un coup pour lui faire face. Ils rougirent tous les deux en se rendant compte de la proximité de leur visage. Mais Keiji se reconcentra rapidement sur son objectif, à savoir éjecter Bokuto. Il fit donc glisser son pied gelé sur les jambes de Kotaro.

— Ah ! Arrête arrête c'est horrible !

Raison de plus pour continuer, songea Akaashi en remontant son pied un peu plus haut sur la cuisse de Bokuto, juste un peu en dessous de son short.

— C'est bon je capitule, je remonte j'en peux plus ! C'est une torture tes pieds !

Keiji sourit, victorieux. Dépité, Kotaro remonta dans son lit, laissant un espace vide sur le matelas une place. Akaashi avait savouré la chaleur de son corps, mais il savait aussi que toutes les bonnes choses ont une fin. Et mieux valait rapidement mettre un terme à ce petit plaisir s'il ne voulait pas se retrouver en érection à deux centimètres de son crush et risquer qu'il s'en aperçoive.

Chocolat et sauce piquante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant