Chapitre 11.
🏐🌸🍙
— AAAAAH !
Quatre heures du matin. Kotaro ouvrit les yeux en hurlant, la respiration haletante. Son cri réveilla par la même occasion Keiji, qui venait d'ailleurs tout juste de se rendormir après la question existentielle sur les sirènes. Il s'était tourné dans son lit encore et encore avant de trouver la position parfaite et de se laisser emporter au pays des rêves. Malheureusement, le cauchemar de Bokuto en avait décidé autrement.
Si les insomnies de Kotaro étaient assez rares et se répétaient environ une fois tous les dix jours, ses cauchemars étaient plus fréquents. Il n'en faisait pas autant avant, mais il se doutait que le confinement et l'anxiété que cela lui procurai jouait un grand rôle là-dedans. Il n'avait jamais autant cauchemardé qu'en cette période.
Évidemment, Bokuto, grand enfant, avait besoin d'être rassuré. Avoir sa peluche hibou à ses côtés était apaisant, mais ce n'était pas suffisant. Il avait besoin d'entendre une voix lui dire que tout allait bien, de sentir des bras lui frotter le dos. Il avait besoin d'Akaashi. Et ce dernier avait beau râler quand il le réveillait au milieu de la nuit à cause de ses mauvais rêves, il finissait toujours par le rejoindre pour le consoler.
— Encore un cauchemar ? lui demanda-t-il d'une voix endormie.
— Oui... Tu veux pas dormir avec moi ?
Il insistait. S'il lui faisait la proposition deux fois en une nuit, c'est qu'il il tenait vraiment à l'avoir dans son lit - sans mauvais jeu de mot. Akaashi hésita, mais fini par se lever pour le rejoindre. Il était crevé, et la seule personne qu'il désirait à ce moment-là, c'était Morphée et ses bras chaleureux. Il n'aurait pas la force d'être excité.
Bokuto ne bougea pas pendant un instant, trop surpris par la réaction de Keiji. Il avait tellement l'habitude d'être rembarré qu'il ne s'était pas attendu à ce qu'il accepte. Reprenant ses esprits, il se décala sur le côté pour laisser Akaashi s'installer. Il avait ramené son oreiller pour s'allonger aux côtés de son ami. Il s'étala dans ce lit cent fois plus confortable que son matelas gonflable en soupirant de bonheur.
— Raconte, murmura-t-il les yeux fermés.
— J'ai rêvé que je jouais au volley. J'étais seul dans le gymnase, il faisait nuit. Enfin, j'étais pas tout à fait seul, y avait un mec qui me faisait des passes. Seulement, son visage était caché par une ombre. Il avait la même carrure que la tienne alors je pensais que c'était toi. Sauf qu'à un moment, l'ombre a disparu de son visage. Il avait une tête complètement difforme et verdâtre, on aurait dit le coronavirus ! Et quand je lui ai demandé où tu étais, il m'a dit qu'il t'avait mangé !
C'était peut-être dû à la fatigue, mais Keiji éclata de rire. C'était le cauchemar le plus tiré par les cheveux de tous ceux dont avait pu rêver Kotaro.
— Keiiiji arrête de rire ! C'était terrifiant je te jure !
— Je te crois... Mais personne ne m'a mangé, tu vois ? Aller maintenant rendors-toi, j'ai sommeil...
— Je fais quoi si monsieur Coronavirus revient et que cette fois-ci c'est moi qu'il veut manger ?
— Tu fais appel à Vaccin-man. Dors maintenant.
Kotaro ne répondit pas, rassuré, et obtempéra à se recoucher. Tous les deux ne tardèrent pas à s'endormir, pour le plus grand bonheur de Keiji qui n'arrivait pas à trouver le sommeil sur son matelas bancal.
Ce ne furent pas les rayons du soleil qui vinrent tirer Bokuto de son sommeil. Ce ne furent pas non plus le bruit des oiseaux qui chantaient dehors. Non, ce qui le réveilla ne se situait pas dehors, mais plutôt dedans, et plus précisément à l'intérieur de son short.
— Merde, chuchota-t-il en découvrant la bosse qui déformait son bas.
Il remercia les cieux que Keiji ne soit pas encore réveillé. Il se dirigea vers la salle de bain à pas de loups, en priant pour que le bruit qu'il avait fait en s'extirpant des couvertures n'ait pas entravé le sommeil de son colocataire. Il faillit réussir. Il faillit atteindre la salle de bain sain et sauf sans avoir perturbé le repos d'Akaashi. Mais c'était sans compter sur le coin de la porte qu'il venait de se prendre dans le petit orteil.
À l'intérieur, il était en train de mourir. Il s'était retenu de crier de justesse, mais les plaintes n'étaient pas passées loin de sa bouche. L'enfer avait lieu dans son orteil, mais il avait su rester fort pour ne pas alerter Keiji. Ce qui le tira de son sommeil, ce ne fut donc pas le hurlement de douleur intérieur de Kotaro, mais seulement le bruit sourd que la rencontre de son pied et de la porte avait généré. Il avait le sommeil léger.
— Kotaro ? Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il en se frottant les yeux.
— R, rien du tout ! Je vais juste prendre une douche !
À peine eut-il fini sa phrase qu'il claqua la porte dans son dos. Akaashi fronça les sourcils, surpris, mais se recoucha sans se poser de question. Il profita même de l'absence de Bokuto pour attraper son oreiller et le porter à son nez. Il le serra contre lui, imaginant inconsciemment qu'il tenait son capitaine dans les bras. Il sentait comme Bokuto. Il y avait également une petite odeur de transpiration, mais cela ne dérangea pas Keiji. Il avait l'habitude à force de jouer avec lui.
Kotaro sortit de la salle de bain une vingtaine de minutes plus tard. Akaashi s'était rendormi, alors il se dit qu'il pouvait préparer le petit déjeuner. Il hésita à le lui apporter au lit, mais il se dit que ça serait peut-être bizarre. Ce sont les amoureux qui font ça, pas les amis.
Il sortit sur la table le pain Harry's et le Nutella, ainsi que deux tasses et deux verres. Il hésita avant d'aller réveiller Keiji. Il n'avait pas beaucoup dormi cette nuit, mieux valait le laisser dormir. Néanmoins, il était déjà dix heures du matin...
— Psst, Keiiiji, tu dors ?
— Je dormais, oui.
Il s'étira en soupirant. Il avait bien compris que savourer un repos bien mérité serait peine perdue avec Bokuto à ses côtés.
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Chocolat et sauce piquante
FanfictionMars 2020, annonce du confinement pour toute la France. Finis, les entraînements de volley-ball et les siestes au soleil, bonjour la solitude et la morne vie d'appartement. Évidemment, en apprenant cette nouvelle, Kotaro Bokuto est déprimé. Akaashi...