9° Appel, amis et chacals

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Chapitre 9.

🏐🌸🍙

— Tsukki ! Ça fait plaisir de te revoir ! s'exclama Tetsurou en découvrant le visage blasé de Kei sur son ordinateur.

— Toi par contre tu m'avais pas manqué.

— C'est méchant Tsukki !

— Non, il est juste honnête, commenta Kenma qui jouait à la console.

— La ferme Kyanma !

Après un mois à être confiné, Bokuto  saturait. Ses amis commençaient sérieusement à lui manquer. Bien sûr, il était heureux d'avoir Akaashi à ses côtés, mais il avait également besoin de parler un peu avec ses autres amis. La fierté de Keiji en avait pris un coup, savoir qu'il ne lui suffisait pas lui avait fait ressentir un léger pincement au coeur. Néanmoins, il comprenait que Kotaro était différent de lui. C'était un extraverti, il avait besoin de se sociabiliser et de parler aux gens.

Il avait donc secrètement planifié un rendez-vous avec leurs amis pour se voir en visio Teams, la plateforme qu'ils utilisaient habituellement pour suivre leurs cours en ligne. Il avait créé un groupe avec Shôyô, Tobio, Tetsurou, Kenma et Kei, et leur avait demandé de ne pas ajouter Kotarou avant l'heure du rendez-vous. Ainsi, vendredi après-midi, Akaashi lança l'appel vidéo et invita Bokuto à le rejoindre.

— Les gars ! Mais, vous aviez organisé un appel vidéo sans m'en parler ?! s'exclama-t-il, les sourcils froncés, penché sur le dos d'Akaashi.

Ils étaient assis dans son lit, face à l'ordinateur portable de Keiji. Kotaro avait toute la place pour se mettre à côté d'Akaashi, mais non, il fallait qu'il se colle à lui. À ce rythme-là, le cœur de notre passeur n'allait pas tenir.

— Je voulais te faire la surprise, expliqua Akaashi.

— Keiiiji...

Il avait les larmes aux yeux. Akaashi était content de pouvoir lui redonner le sourire, mais il n'avait pas imaginé que cette petite rencontre improvisée lui ferait autant plaisir.

— Je t'adore tu sais ?! s'exclama-t-il en le prenant dans ses bras.

Keiji avait viré au rouge tomate. D'un côté, il était au paradis, il savourait l'étreinte, le contact avec sa peau douce et chaleureuse, et de l'autre, il était affreusement gêné de cette démonstration d'affection devant leurs amis qui les regardaient d'un drôle d'oeil.

— Épargnez-moi vos mamours, vous me rappelez que je n'ai pas de petite copine, se plaignit Tetsurou.

— Il faudrait être fou pour vouloir sortir avec toi, lui répondit Kei.

— Ou un peu con, enchaîna Tobio.

— C'est vrai qu'en y réfléchissant, je ne t'ai jamais vu au bras d'une fille, dit Shôyô.

— C'est parce que Tetsurou est repoussant, répondit Kenma.

— C'est toujours un plaisir d'avoir votre soutien bande de chacals.

— Eh, maintenant que j'y pense, vous ne trouvez pas que le prénom Tetsurou fait penser au mot testicules ? réfléchit Kotaro à voix haute.

— Ça va, pas la peine d'en rajouter une couche !

Ils rigolèrent de bon cœur. Ça leur faisait du bien de se retrouver. Même Akaashi, à qui ils n'avaient pas manqué plus que ça, était heureux de leur parler en face à face. Bokuto ne pouvait s'empêcher de sourire tant les revoir lui faisait plaisir. Les petits piques de Kei, les clash de Tobio, la naïveté de Shôyô, l'air saoulé de Kenma et les plaintes de Tetsurou lui avait manqué.

— Et si on s'appelaient tous les vendredis ? proposa Tetsurou. J'ai rien d'autre à faire, c'est pour ça que je demande. Croyez pas que voir vos têtes de culs m'enchante hein.

— Oh super idée ! Je suis pour ! s'enthousiasma immédiatement Shôyô.

— Je suis obligé ? soupira Kenma d'une voix las.

— Kyanma ! Tu pourrais montrer plus d'entrain à l'idée de revoir mon magnifique visage !

— Magnifique visage ? Tu parles de moi ? demanda Kotaro.

— En tout cas, il ne parle sûrement pas de lui, siffla Kei.

— Vous savez quoi ? Oubliez ce que j'ai dit pour vendredi ! J'espère que vous mourrez tous du corona bande de tocards !

Nouveau fou rire général. Tetsurou démarrait toujours au quart de tour lorsqu'on lui manquait de respect, alors ses amis prenaient un malin plaisir à se moquer de lui pour le provoquer. Néanmoins, ils avaient beau l'enchaîner et lui infliger toutes les taquineries du monde, ils étaient tous très attachés à lui. C'était un peu le papa du groupe. Un papa souvent victimisé par ses enfants, certes, mais un papa qui savait être mâture et responsable quand la situation l'exigeait.

Si Tetsurou était le papa, Keiji incarnait sans aucun doute la maman. C'était toujours vers lui qu'on se tournait pour avoir des conseils et un avis honnête, dépourvu de jugement.
Le petit groupe d'amis se taquinait beaucoup, se chamaillait parfois, se disputait de temps à autre, mais n'en restait pas moins extrêmement soudé.

— Mais si, j'approuve pour qu'on se voit tous le vendredi ! Hein Keiiiji ?

— Si tu veux.

— Ouais, pourquoi pas, répondit Tobio.

— J'ai rien d'autre de prévu donc c'est bon pour moi aussi, les informa Kei.

— PARDON ? s'indigna Tetsurou. Quand c'est moi tout le monde me chie à la gueule mais quand c'est lui on dit oui ?! Je crie à l'injustice ! Je suis profondément outré !

— Le charisme ne s'achète pas, lui dit Kenma.

— C'est vrai. Mais tu sais ce qui s'achète ? Une batte de baseball. Je vais vous fracasser bande de chiens de la casse !

— Wouf, aboya Kei, provocateur.

— Toi, tu seras le premier sur ma liste ! Eh, Tobio et Shôyô, je vous vois rire derrière vos écrans !

Akaashi mit fin à l'appel au bout d'une heure et demi à parler de tout et de rien. Ils avaient convenu de se retrouver sur Teams tous les vendredis à quinze heures jusqu'au déconfinement, de quoi regonfler à bloc le moral de Bokuto. Son épaule gauche était d'ailleurs toujours en contact avec celle d'Akaashi qui n'osait pas bouger. Ce fut finalement Kotaro qui se leva le premier pour aller dans la salle de bain.

Ces derniers temps, il avait de plus en plus envie d'être proche de Keiji. De le toucher, d'être en contact avec son corps. Bokuto était quelqu'un de tactile, c'était normal pour lui d'avoir des contacts physiques avec ses amis. Néanmoins, il sentait qu'avec Akaashi, c'était différent. Il ne parvenait pas à savoir pourquoi, mais quand il était avec lui, il ressentait le besoin presque vital de le toucher. Il n'avait encore jamais ressenti ça avec quelqu'un d'autre. Par exemple, il aimait passer son bras derrière les épaules de Tetsurou, il aimait frotter la tête de Shôyô quand il réussissait à marquer une belle ligne.

Mais là, c'était différent, il le sentait. Les frissons qui l'avaient parcouru lorsque leurs épaules se frôlaient pendant l'appel vidéo n'étaient pas anodins. Mais surtout, et Bokuto le savait, ils n'étaient pas qu'amicaux.

Chocolat et sauce piquante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant