17° Crêpes, confiture et cinq minutes

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Chapitre 17.

🏐🌸🍙

C'était la deuxième fois qu'ils dormaient dans le même lit. Kotaro n'avait même pas proposé à Keiji de le rejoindre, il en avait lui-même pris l'initiative. Sans un mot, ils s'étaient glissés sous un drap, et s'étaient endormis dans les bras l'un de l'autre, bercés par la mélopée du ventilateur.

Ce fut Akaashi qui émergea le premier. Il mit du temps à prendre conscience du lit dans lequel il se trouvait et à se souvenir de la veille. Ça avait été tellement inopiné qu'il se demandait s'il ne l'avait pas rêvé. Mais il suffisait de tourner la tête vers la personne qui ronflait avec les bras autour de sa taille pour deviner que ce qu'il s'était passé n'avait rien d'illusoire. Un sourire vint alors étirer les lèvres du passeur, qui s'extirpa lentement de l'emprise de son capitaine.

Il se rendit à la cuisine pour préparer le petit-déjeuner après s'être étiré un coup. Il était tellement heureux qu'il avait l'impression que sa joie allait l'étouffer. Il se demandait même s'il avait déjà été aussi euphorique. Il avait l'amour aux coins des lèvres, son sourire ne le quittait pas. Il avait envie de sauter, de danser, pour évacuer un peu son trop plein de bonheur. Mais il ne le fit pas, parce qu'Akaashi était Akaashi.

Néanmoins, il avait envie de faire plaisir à son ami devenu petit-ami. Dans l'état où il était, il aurait été capable de lui décrocher la lune. Mais plutôt que de viser les étoiles, il sortit une jatte et un fouet pour viser quelque chose de réaliste. Il allait cuisiner un bon petit-déjeuner, parce qu'il savait que ses plats plaisaient toujours à Bokuto. Il allait faire des crêpes, c'était bon et rapide à faire. Et puis, Kotaro adorait montrer son excellente dextérité en les faisant sauter.

Il se retroussa les manches et sortit les ingrédients nécessaires, tandis que de l'autre côté de l'appartement, c'était au tour de Kotaro d'émerger de sa torpeur. Les yeux encore clos, il tapota la place froide à côté de lui, à la recherche de la source de chaleur qui lui avait tenu compagnie toute la nuit. Ne parvenant pas à mettre la main dessus, il finit par se résigner à ouvrir les yeux. Akaashi n'était plus là. Il grogna en entendant du bruit provenir de la cuisine. Il n'avait pas envie de se lever, il aurait aimé passer plus de temps au lit avec Keiji.

Cela lui pris au moins cinq bonnes minutes pour se motiver à bouger, et encore cinq autre pour le faire réellement. D'un pas mou, il rejoignit Akaashi dans la cuisine avant de s'affaler sur une chaise et de laisser sa tête s'écraser sur la table.

— Tu aurais pu rester couché si tu voulais dormir encore, lui dit Keiji qui battait la farine avec le lait.

— Hm. J'voulais être avec toi.

Les joues d'Akaashi prirent la même teinte que la confiture de fraise qu'il allait étaler sur ses crêpes.

— Il est quelle heure ? demanda Bokuto, la voix pâteuse.

— Pas loin de neuf heures.

— C'est beaucoup trop tôt...

Jamais Bokuto n'avait trouvé la table aussi confortable. S'il n'y avait pas eu Akaashi, il se serait sûrement permis de se rendormir le cul sur la chaise et la tête sur la table. Mais voir Keiji en short et en tee-shirt mélanger avec énergie la pâte à crêpe le dissudait de fermer les yeux. Il le regardait avec amour en songeant qu'ils étaient désormais plus que des amis. Keiji était son copain. Keiji était son copain. Plus il se le répétait et plus son sourire venait imiter celui d'Akaashi.

— Je vais mettre la pâte à reposer au frais pendant une heure. Tu voudras les faire sauter ?

Kotarou songea que si Tetsurou avait été là, il aurait sûrement fait une blague salace en chuchotant que c'était lui qu'il voulait sauter et pas les crêpes.

— Carrément hey hey hey ! Tu sais qu'on m'appelle le roi de la crêpe dans le milieu !

Akaashi leva les yeux au ciel, amusé, et glissa la pâte dans le réfrigérateur.

— On va se recoucher en attendant une heure ? demanda Bokuto en baillant.

— Je suis bien réveillé, je pense que je vais aller courir un peu puis j'irai prendre une douche. Mais tu peux aller te rendormir si tu veux.

— Hm. Réveille-moi à ton retour.

Et machinalement, comme s'il avait toujours eu l'habitude de faire ça, Kotaro se leva pour aller déposer un baiser sur les lèvres d'Akaashi - avec la douce haleine du matin - et sortit de la cuisine pour regagner son lit. Comme si embrasser Keiji avant son départ de l'appartement était une routine. C'était la deuxième fois qu'ils s'embrassaient, et le cœur d'Akaashi ne s'y habituait pas ! Mais peut-être était-ce la fatigue qui l'avait fait agir comme si de rien n'était.

Keiji tâcha de se calmer, et se rendit à son tour dans la chambre pour piquer un short de sport et un nouveau tee-shirt. Une fois ses baskets aux pieds, il quitta l'immeuble et revint une heure plus tard, essoufflé, et prit une douche bien méritée. Il sourit en pénétrant dans la chambre: Bokuto n'avait pas changé de position, il était toujours à moitié sous le drap, la tête sur le côté et un peu de bave au coin des lèvres. Cette vue n'était pas très sexy, mais Keiji le trouva mignon. Le pauvre était complètement sous le charme de Kotaro.

— Debout, il est temps de faire les crêpes, dit-il en s'asseyant sur le lit.

— Hm.

Puisque Bokuto ne bougeait toujours pas, Akaashi laissa sa main vagabonder jusqu'à ses cheveux blancs. Il emmêla ses doigts dans sa tignasse, il avait toujours eu envie de toucher ses cheveux sans pour autant avoir le courage de passer à l'acte. Mais maintenant qu'ils étaient ensemble, il pouvait bien se le permettre. Et puis, Kotaro ne se gênait pas pour lui voler un baiser.

Soudainement, son bras fut stoppé par la main de Bokuto qui venait de lui attraper le poignet pour l'attirer vers lui. Akaashi se laissa faire, n'ayant de toute façon aucune envie de résister. Kotaro le serra contre lui, enfouissant son visage contre son torse.

— Kotaro ?

— Juste cinq minutes, grogna-t-il.

Keiji ne répondit rien, savourant le contact de sa peau contre la sienne. Ce fut finalement le grondement de leurs ventres qui les motiva à se lever pour la énième fois et à se rendre dans la cuisine pour satisfaire leurs estomacs.

Chocolat et sauce piquante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant