Chocolat et sauce piquante

20° Bac, annonce et têtes de noeuds

Chapitre 20.

🏐🌸🍙

— Devinez qui a eu son bac S mention très bien ? se vanta Tetsurou en arrivant vers Kotaro et Keiji.

— Nan tu déconnes ?! Comment t'as fait ?!

— Il a sucé son prof de maths, répondit Kei en les rejoignant devant le lycée.

— La ferme. T'as eu mention bien, tu m'es donc inférieur, prosterne-toi devant ton maître, rétorqua Tetsurou en se passant une main dans les cheveux. Ah, Kyanma ! Dis-moi que j'ai pas passé toutes ces heures à t'aider à réviser pour rien ! Dis-moi que tu ne vas pas au rattrapage !

— Euh...

Kenma se sentait oppressé. Il venait à peine de se réveiller parce que Tetsurou l'avait appelé en catastrophe pour lui rappeler que la remise des résultats était aujourd'hui. Le pauvre avait passé une nuit blanche à jouer à Cuphead, il n'avait vraiment pas la tête à aller chercher ce maudit bout de papier dont il n'avait pas grand chose à faire. Il aurait préféré rester chez lui devant sa console, mais il savait pertinemment que Tetsurou ne l'aurait pas laissé faire. Le connaissant, il aurait été capable de grimper jusqu'à sa fenêtre pour le traîner par la peau des fesses jusqu'au lycée.

— Kyanma, je te jure que si tu dois aller au rattrapage, je te laisse te débrouiller tout seul pour tes révisions. T'es quand même en STMG et t'es pas foutu d'avoir la moyenne !

— Ça va, j'ai eu mon bac.

Tetsurou le dévisagea comme s'il venait de réaliser l'impossible.

— C'est un miracle ! Kyanma est un miraculé !

— La ferme.

— Oï, les têtes de nœuds, baissez d'un ton tout le monde vous regarde, les interpella Tobio qui était accompagné de Shôyô.

— J'ai eu mention très bien moi, j'ai le droit de parler fort. Tu dirais à un génie de se calmer ? Non, alors ne la ramène pas monsieur mention assez bien.

Ils rirent de bon cœur avant d'aller s'installer dans le parc d'à côté pour s'allonger dans l'herbe et papoter à l'ombre des arbres.

Bokuto et Akaashi se cherchaient du regard depuis que leurs amis les avaient rejoints. Ils se demandaient quand serait le bon moment pour leur annoncer la nouvelle. Aucun d'eux n'était au courant, hormis Tetsurou qui s'en doutait pas mal depuis sa conversation téléphonique avec Kotaro. Notre petit couple se voyait tous les deux à trois jours depuis la fin de leur colocation. Ils se retrouvaient pour jouer au volley ou aux jeux vidéos chez Kotaro. Leur relation n'avait pas beaucoup changé depuis le début du confinement, si ce n'est qu'ils ne se privaient plus des contacts physiques.

Assis l'un à côté de l'autre, Kotaro laissa sa main rejoindre discrètement celle de son petit ami. Leurs amis ne semblaient pas avoir remarqué leur rapprochement, et continuaient de discuter joyeusement. Bokuto se racla la gorge pour attirer leur attention.

— J'ai un truc à vous annoncer, commença-t-il.

— Oulah, on dirait que tu t'apprêtes à nous révéler un truc super grave ? Quoi, t'as le cancer du genou ? le charria Kei, un sourire mesquin aux lèvres.

— Soit plus respectueux crétin, le réprimanda Tetsurou en lui assénant un coup dans l'épaule.

— Je suis en couple.

Ils le regardèrent avec des yeux éberlués. On aurait dit qu'ils fixaient un extra-terrestre.

— Tu sais ce que ça veut dire au moins, d'être en couple ? le questionna Kei.

— Bien sûr que oui, faudrait que t'arrête de prendre les gens pour des cons ! rétorqua Tetsurou.

— C'est super cool, je suis trop content pour toi ! s'exclama Shôyô avec des étoiles dans les yeux. Tu sors avec qui ?! On la connaît ?!

— Regarde à qui il tient la main idiot, lui dit Tobio.

Akaashi espéra ne pas être trop rouge, voir leurs amis dévisager leurs mains le mettait mal à l'aise. Kotaro ressentait l'exact opposé, il était fier d'avoir attiré toute l'attention sur lui et sur son copain qu'il affectionnait tant.

— Je sors avec Keiji.

— Eh ben je te plains, ça doit pas être facile de supporter cette pile électrique à longueur de journée, lança Kei en regardant Akaashi.

— Je suis épuisé rien que d'y penser, souffla Kenma.

— Oh mais c'est trop génial ! Je suis content pour vous deux ! s'enthousiasma Shôyô.

Keiji et Kotaro le gratifièrent d'un sourire, soulagés de l'attitude de leurs amis. Tous les deux savaient qu'ils n'étaient pas homophobes, mais ils étaient deux garçons qui s'aimaient, on ne pouvait jamais prévoir à l'avance la réaction des gens qui apprenaient la nouvelle. En tout cas, la réponse joyeuse et pleine d'entrain de Shôyô leur fit plaisir. Ça faisait du bien d'avoir un ami optimiste en toute circonstance et qui pouvait réellement se réjouir du bonheur des autres.

— Si Kotaro a réussi à pecho, alors c'est que ça ne doit pas être très compliqué, réfléchit Tetsurou. La prochaine meuf aux cheveux longs que je croise, je me la fait !

— Je la plains déjà.

— Pauvre fille.

— J'entends pas les cancres, répliqua Tetsurou. Et puis si vous êtes aussi célibataires, c'est pour une bonne raison.

— C'est par choix perso, répondit Tobio.

— Par flemme, continua Kenma qui jouait avec un brin d'herbe.

— Ça va j'ai compris, laissez tomber. J'espère que vous finirez vos jours tout seul et que vous ne connaîtrez jamais l'amour.

— Pas besoin d'amour quand on a Netflix.

— Kyanma, va sérieusement falloir que tu décroches de tes écrans, tu commences à me faire peur.

Ils discutèrent ainsi encore une bonne heure avant qu'ils ne se séparent pour retourner chez eux. Keiji et Kotaro marchaient main dans la main en direction de l'appartement de ce dernier. Un vent chaud leur chatouillait le dos tandis que le soleil commençait tout juste à se coucher. Cette ambiance leur rappelait le soir où ils s'étaient avoués leurs sentiments, debout sur le balcon de Bokuto.

— J'ai prévenu mes parents que je dormais chez toi ce soir, l'informa Akaashi.

— J'espère qu'on ne va pas vraiment dormir.

Keiji crut qu'il allait s'étouffer. Kotaro était doué pour sortir des chose embarrassantes en faisant comme si de rien n'était. Il aurait pu être plus cash en lui disant carrément qu'il avait envie de lui faire l'amour qu'il n'aurait pas été gêné pour un sou.

— On verra...

Bokuto ricana, et serra la main d'Akaashi un peu plus fort. "On verra"... C'était un peu comme ça qu'ils envisageaient l'avenir. Allaient-ils être acceptés dans la fac qu'ils avaient choisie ? Peut-être. Allait-il commencer une colocation ? Pourquoi pas. Ils ne savaient pas vraiment, ils n'étaient sûrs de rien. Mais ils verraient bien.

Fin.