Chapitre 24

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ALBA

Hier soir, alors que nous préparions une quantité impressionnante de pop-corn avec Papounet, papa s'est approché de moi. Papounet, c'est Lucas. Pep, pour les intimes, c'est-à-dire moi ! l'homme qui a fait de notre vie quelque chose de mieux. Elle était déjà très belle avant, auprès de mon oncle Paul, ma tante Alice et mes cousins Emy et Milo, mais sa présence a comblé ma vie de quelque chose dont je ne pensais pas avoir besoin.

- Tu veux bien t'asseoir avec nous Alba, il faut que je te parle. J'ai quelque chose à te montrer.

- Mais papa, je veux manger le pop-corn tant qu'il est encore chaud ! Pep, dis-lui d'arrêter d'exiger tout le temps !

Pep éclate de rire en me serrant contre lui.

- Allez, ma chérie, écoute ce vieux grincheux pour une fois, viens t'asseoir.

Il prend mon visage entre ses mains et se rapproche pour murmurer à mon oreille :

- Fais un effort, il est nerveux.

Je souffle, dépitée. Ce sont les hommes de ma vie, mais il faut se les farcir !

- D'accord, mais faites vite, je dois retrouver Lillian chez l'Irlandais.

- Lillian ? s'exclament-ils de concert en se tournant vers moi.

Je pouffe. Ils me regardent, les yeux ronds comme des soucoupes.

- Oui, Lillian ! vous avez quelque chose à redire ? Parce que Kévin était trop gnangnan, Mehdi, pas assez mature alors que c'était juste un copain ! Vous allez lui reprocher quoi à celui-ci, hein !

Avoir un père qui ne trouve aucun garçon assez bien pour sa fille, c'est une chose. En avoir deux avec les mêmes idées, c'est l'apothéose !

Papa fait une grimace alors que pep esquisse... exactement la même.
    Bref, ils s'engueulent durant des heures pour des broutilles, mais font bloc quand ça les arrange. J'attends une réflexion qui ne viendra pas aujourd'hui, je le sais. Ils attendront tranquillement le repas du dimanche à midi pour tenter de me soutirer quelques renseignements. J'ai quinze ans, et avec le temps, j'arrive à me faire entendre, ce qui n'est pas bien compliqué avec eux. Il me suffit de prendre un air de chien battu, de baisser un peu la tête et de leur donner raison.

- Non, pas pour l'instant. Tu lui as dit que tu vivais avec deux pères, Alba ?
    Toujours la même question qui revient.

- Oui, je le dis à tout le monde, vous le savez bien !

Ils hochent tous deux la tête en esquissant un sourire de fierté. Jamais je n'ai caché à qui que ce soit que je vis avec les deux personnes les plus extraordinaires du monde. Si quelques-uns de ceux que je croyais des amis, m'ont laissée sur le bord de la route, ce n'est pas la majorité. La plupart sont restés les mêmes et connaissent les deux hommes de ma vie (pour l'instant). J'espère en ajouter un troisième un jour... s'ils ne le font pas fuir.
   Ce n'est pas gagné !

- Qu'est-ce que tu veux me dire papa ? lui demandé-je en m'affalant sur le sofa.

- Viens t'asseoir avec nous, lance-t-il à pep qui tente de prendre la tangente vers la cuisine.
   Je fronce les sourcils, inquiète.

- L'un d'entre vous est malade ?

- Non, répond papa en passant sa main derrière sa nuque.

  Je les inspecte tour à tour. Pep revient s'installer à ma droite alors que papa reste à ma gauche. Jamais ils ne m'ont paru aussi sérieux, et là, je flippe.

- Chaton, commence papa. Tu sais que depuis ta naissance, je t'ai élevé seul jusqu'à ce que Lucas entre dans notre vie.

Je hoche la tête. Jusque-là, rien de nouveau. Je m'apprête à le lui dire, mais il tend une main devant moi, me faisant signe de me taire.

L'Aube de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant