Chapitre 19

737 93 19
                                    


                                     ROMAN

   Deux mois que tout est fini et plus d'un mois depuis ce dernier baiser qui m'apparaît encore de temps en temps dans mes rêves. Les choses ne sont pas faciles ces derniers temps. J'ai été plutôt grognon à la maison, et même ma fille me le rappelle constamment. Du coup, elle ne fait que des bêtises. Plus d'une semaine que j'envoie des messages et il refuse toutes mes invitations. En cuisine, nous nous comportons comme si de rien n'était.

    C'est moi qui ai mis fin à tout ça avec mes âneries. L'autre jour au travail, à le regarder en catimini, j'ai failli y laisser deux doigts en découpant des légumes. Finalement, j'ai une belle entaille à l'index droit et 4 jours d'arrêt de travail avec 6 points de suture. Arrêt forcé.

    Quatre jours qu'Alice en profite pour me dire que je dois reprendre ma vie en main eu oublier Lucas. Même Paul s'est fâché avec elle parce qu'il sait que je me fais du mal tout seul et que Lucas n'y est pour rien.

— Bon sang Roman, pourquoi n'arranges-tu pas les choses avec lui ? Tu es amer depuis qu'il est parti et lui aussi peut-être. Arrête tes absurdités ! tu es assez réveillé pour écouter une histoire ? Me lance-t-il d'un air bougon.

— Oui, mais que ce soit bref, réponds-je en bâillant.

— Il y a quelques années, commence-t-il. J'ai passé quelques heures avec une fille que j'ai rencontré le même jour que j'ai connu la mère de mes enfants. J'ai passé des mois à penser à tous les motifs que j'avais pour ne pas créer une relation durable avec Alice. Même si je savais pertinemment que j'étais amoureux d'elle. J'ai même couché ailleurs pour tenter de l'oublier.

— Sonia ? Je m'esclaffe.

— Oui, quel imbécile j'ai été ! Tu sais où j'en suis arrivé finalement ?

— Oui, tu es avec Alice et tu as deux enfants.

— Voilà. Ce qu'Alice et moi avons fait pour nous éloigner n'a pas marché.

— Heureusement !

    Je réplique, parce que cette femme est une sangsue, mais je ne sais pas ce que nous ferions sans elle. Toujours est-il que j'ai envoyé un message à Lucas et qu'il a refusé mon invitation à boire un verre.

— Tu as pigé la morale de l'histoire au moins ?

— Que j'aille chercher Lucas ?

— Par exemple. Mais surtout, que ce qui doit arriver et s'il doit faire partie de ta vie, arrivera quoi que tu fasses. Néanmoins, ce que tu fais est complètement ridicule. Alors, réagis, parce qu'il va finir par se barrer !

    Il fait un geste vers la fenêtre avec son doigt. Je vois la tête d'Alba qui apparaît derrière le rideau avec son pyjama jaune, ses cheveux en pétard et les yeux à moitié fermés.

— Je rentre Paul, bonne nuit, lui dis-je en ouvrant la porte.

    Elle m'attend et la prend dans mes bras pour la serrer contre moi. Elle est plus grande chaque jour et ça me fait de la peine de penser au jour ou je ne pourrais plus la charger et l'emmener comme ça un peu partout.

— Hé qu'est-ce que tu fais là, ma naine ?

— Je veux faire pipi.

— D'accord, va aux toilettes et après je te ramène au lit.

    J'attends qu'elle se décide à aller aux toilettes, mais elle se cale contre mon cou pour commencer à jouer avec mes cheveux. Un tic qu'elle a depuis toute petite.

L'Aube de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant