Chapitre 5

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                                   NOUVELLE VIE

— Alba, ferme les yeux, et fais un vœu ma chérie !

    Installée à genoux sur la chaise comme à son habitude, Alba trépigne d'impatience. Aujourd'hui est un grand jour. C'est son anniversaire. Quatre ans déjà qu'elle est entrée dans ma vie. Il me faudrait beaucoup plus de temps que ça pour exprimer la joie qu'elle m'apporte.

    Et c'est un grand jour aussi, car tout n'a pas été rose pendant ces quatre ans. Je dirais même qu'ils ont été les pires de ma vie.

— Ça y est.

— Tu as fait ton vœu ?

— Oui.

— Alors tu peux souffler tes bougies.

    Elle pince les lèvres et souffle en postillonnant. Le gâteau n'en sera qu'un peu plus calorique. Je lui chante la chanson traditionnelle et l'applaudis comme il se doit. Aujourd'hui, nous le fêtons seuls. Paul, Alice et leurs enfants sont partis passer le week-end en Normandie dans leur famille.

    En même temps, je fête aussi la fin de ma formation de cuisinier. Eh oui, je l'ai fait, deux années d'apprentissage accéléré avec le chef du restaurant d'Alice et une école de cuisine au milieu d'élèves bien plus jeunes que moi. Au tout début, je me suis débrouillé avec mes économies, mais j'ai dû me rendre à l'évidence et vendre mon appartement à Paris. Depuis trois semaines, je suis en CDI. À mon âge, il est évident que si Alice n'était pas une amie, elle ne m'aurait jamais proposé le poste. Et pire, le chef est parti et j'ai dû me débrouiller tout seul quelques jours. Le nouveau vient d'arriver, et il n'est pas à prendre avec des pincettes. Il a un caractère un peu spécial il faut le dire. J'ai failli m'arracher tous les cheveux de la tête, parce que ça, j'en ai encore Dieu merci !

— Papa, le monsieur est arrivé à côté, lance Alba la bouche pleine.

— Nous avons de nouveaux voisins ? Finis ce que tu as dans la bouche avant de parler !

— Oui, je l'ai vu.

    Elle souffle.

— Tu ne vas pas les embêter d'accord ?

    Je la connais ma fille. Et je sais qu'à la première occasion, elle s'incrustera. Surtout s'ils ont des enfants.

— Papa, je peux aller jouer ?

— Tu n'ouvres pas ton cadeau avant ?

— Si, donne.

    Elle me saute au cou en essayant d'attraper le paquet que je cache derrière le dos. Je finis par lui donner en riant. Elle arrache le papier que j'ai eu tant de mal à faire, hurle de joie en voyant la poupée de la nouvelle reine des neiges et enroule ses bras autour de mon cou. Elle me donne un baiser sonore et baveux et file dans la chambre sans demander son reste en laissant le bazar. Sacrée vie de père !

    Après avoir nettoyé, je prends une bière dans le frigidaire et m'installe sur le canapé. J'espère qu'elle va me laisser tranquille cinq minutes et ne me demandera pas de jouer à "je te tiens par la barbichette", parce que depuis quelques jours, je n'en peux plus. C'est devenu son jeu de prédilection et cela peut durer un bon moment. De petits pas ne tardent pas à se faire entendre derrière moi. Je sursaute en entendant le miaulement de notre pauvre chat qui vient d'être réveillé en sursaut par la tornade et qui passe en miaulant devant moi comme une fusée.

— Alba, laisse le chat tranquille et ne cours pas comme ça !

— Mais je veux jouer et il veut pas, se plaint-elle en chouinant.

L'Aube de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant