Chapitre 1

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Garance

5 décembre

Je pose ma tasse fumante de thé sur ma table basse, m'enroule dans un plaid en pilou-pilou et m'installe confortablement dans mon canapé. Je reprends la consultation des sites internet que j'ai laissé en plan le temps de préparer ma boisson chaude. J'explose intérieurement en voyant les délais de livraison. Chaque année, je me sermonne et prends la résolution d'attaquer mes achats de cadeaux de Noël dès le mois d'octobre et comme à chaque fois, je me réveille fin novembre au moment où je dois poser mes congés pour les vacances.

Je soupire. Tout serait plus simple si les adultes faisaient comme les enfants. Je leur laisse le choix, soit une lettre au père Noël, soit ils entourent les cadeaux qu'ils veulent sous le sapin. L'âge adulte s'accompagne de « Je ne veux rien » ou « C'est l'intention qui compte » ou plus simplement d'un budget, cinquante euros maximum par cadeau. J'ai été moins stupide, j'ai envoyé ma liste d'envies à ma meilleure amie et nouvellement belle-sœur, Camille. En retour, j'ai reçu la sienne et l'on s'est mis d'accord sur le jeu que j'offre à mon frangin. Je sais très bien que mes parents vont la contacter pour savoir quoi m'offrir.

Je bois une gorgée quand mon téléphone se met à vibrer. Je décroche et m'aperçois un peu tardivement qu'il s'agit d'un appel audio.

— Camillette, comment ça va ?

Elle cligne un moment des yeux.

— Tu es déguisée en renne ?

Je regarde mes vêtements puis me souviens de la capuche du pyjama que je porte.

— Ah oui ! Je n'avais pas envie de m'habiller aujourd'hui. D'ailleurs, ça tombe bien, je...

Elle ne me laisse pas finir ma phrase, je vois qu'elle est préoccupée.

— Garance, normalement je n'ai pas le droit de te le dire, mais...

Elle s'arrête et me regarde.

— Tu disais quelque chose Garance ?

Je secoue la tête.

— Ça peut attendre. Continue.

Elle se mord la lèvre.

— C'est mon frère, sort-elle de but en blanc.

Je me crispe. Son frère est mon ex-compagnon, quatre années en couple dont trois où j'ai été trompé par cet énergumène. Le réveillon de Noël va être difficile à supporter, je me suis promis de ne pas perdre les pédales comme au dernier repas de famille où je lui ai balancé un verre de vin à la figure et giflé sa petite-amie qui a été sa maîtresse après une remarque déplaisante de sa part. Quant au verre de vin, il m'a insulté en essayant de prendre la défense de sa greluche. Six mois après notre rupture, je n'ai toujours pas digéré sa trahison. Je lui fais un signe de tête pour qu'elle reprenne la discussion.

— Je suis vraiment désolée, Garance. Il veut demander le soir du réveillon Amélie en mariage. J'ai essayé de le faire changer d'avis en lui faisant comprendre que ce n'était pas délicat de sa part de le faire alors que tu serais présente. Il n'a pas voulu m'écouter et m'a fait promettre de ne rien te dire. Comme je lui en veux toujours de la façon dont il t'a traité, alors je n'ai aucun scrupule à trahir ma promesse. J'enrage, j'en ai parlé à Quentin et il était furieux.

Malgré les couches qui me recouvrent, j'ai froid. Sous le choc, mon corps ne réagit pas, aucune larme, aucune envie de vomir à cette annonce. Je ferme lentement les yeux. Un souvenir me revient, le dernier repas de famille, le regard de pitié de mon ex-belle-mère, quand je suis allée chercher mes affaires pour partir. Je ne veux plus voir ce genre de sentiment me concernant dans les yeux de quiconque. Camille continue sa complainte à propos de son frère. Je sors de mon état de sommeil quand elle me demande :

Invite-moi pour NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant