Joaquim
Je ne m'attendais pas à revoir Léonie aussi rapidement et surtout pas dans l'hôtel de mes parents, sinon j'aurais pris quelques précautions pour qu'elle n'assiste pas à ce baiser. Je suis assez confus quant aux sentiments que je ressens pour mon ex, soulagé d'avoir la confirmation que je ne suis plus amoureux d'elle, mais à la fois je m'en veux de lui avoir imposé une situation qui l'a blessée. Garance s'assoit sur le lit et regarde dans le vague. Elle est soucieuse, je m'approche d'elle et lui caresse le dos. Elle se raidit.
— Qu'est-ce qu'il y a, Garance ?
— Elle se retenait de pleurer.
Un frisson me parcourt le dos, je croyais avoir été le seul à le remarquer.
— Pour être franc avec toi, je savais que mon ex n'avait pas encore fait le deuil de notre relation. J'aurais préféré qu'elle te rencontre dans d'autres circonstances, le mal est fait, on ne peut rien y faire de plus. Elle finira bien par tourner la page un jour.
Garance me fusille du regard, tout son corps est tendu.
— Ça ne te fait rien ? Rien de savoir que tu lui as brisé son cœur ?
— Je suis désolé pour elle, mais je ne vais pas m'excuser pour autant. Je. ne veux pas lui donner davantage de raisons à s'accrocher à quelque chose qui n'existe plus.
Garance accuse les coups comme si elle était concernée par mes paroles.
— Tu l'as fait souffrir et j'en suis également responsable. Je ne vaux pas plus que les maîtresses de mon ex.
— Non Garance ! la secoué-je légèrement. Non ! Il n'y a plus rien entre Léonie et moi, notre situation est claire. Je l'ai quitté car je ne l'aimais plus et que j'étouffais dans notre relation. Je ne l'ai jamais trompé, ni fait du mal physiquement. Je suis juste parti et changé de région peu de temps après quand j'en ai eu la possibilité. Il faudra bien qu'elle accepte que je refasse ma vie sans elle.
Elle regarde un point derrière moi.
— Je crois que je vais aller me doucher.
Elle se dérobe et part dans la salle de bains.
— Garance ! l'appelé-je une dernière fois avant que la porte ne se referme.
Comme un lion en cage, je commence à faire les cents pas avant de mettre un pull et de me rendre utile dans l'hôtel. Dans la salle de réception où les clients prennent leurs repas, tout est déjà en place. Je choisis un autre lieu avant de m'apercevoir que la machine est bien huilée et que je n'ai plus ma place dans l'établissement. Ce constat me porte un coup au moral, je décide d'aller dans la pièce où se réunit la famille. J'y trouve ma sœur qui sirote la piquette produite par nos grands-parents portugais et la famille restée là-bas.
— Tu en veux ? me demande-t-elle en soulevant le pichet. Par contre, je te préviens c'est encore plus du jus de raisin que les autres années. Je te conseille de ne pas dire à Garance que l'on vient de la région du Porto, elle pourrait se faire de fausses idées.
Je souris et prends un verre pour qu'elle me le remplisse.
— Notre famille n'est pas assez riche pour avoir des vignobles au bord du Douro1.
Je prends une gorgée et grimace.
— Tu as raison, la moutarde est plus forte que ce vin.
— Au moins, on ne sera pas saoule avec, tu ne risques pas de te ridiculiser devant ta chérie.
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Invite-moi pour Noël
RomansaGarance apprend que son ex-compagnon s'apprête à demandé sa nouvelle petite-amie en mariage le soir du réveillon de Noël, réveillon auquel elle est invitée. Pour éviter les regards de honte, elle s'invente une relation avec l'un de ses collègues de...