Chapitre 19

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Joaquim

Je remonte avec Garance le couloir pour rejoindre son appartement, main dans la main.

— Redis-moi pourquoi tu as tenu absolument à retourner chez toi ? lui demandé-je une énième fois.

Elle s'attaque devant le palier de sa porte et m'embrasse avant de me répondre :

— Parce que j'ai un chat qui n'aime pas être seul et qui sait comment me le faire comprendre. Sans parler que j'ai besoin d'une douche et de me changer. Même si mon odeur est encore supportable, j'aime bien changer de vêtements chaque jour. Tu dois avoir le même avis sinon tu n'aurais pas pris des affaires pour passer la nuit ici ce soir.

Je m'avoue vaincu. Un miaulement nous accueille et Garance se précipite vers sa boule de poils. Elle lui remet à manger, nettoie sa litière et câline Pistache. Pour la première fois de ma vie, je suis jaloux d'un chat, brièvement, mais jaloux quand même d'avoir perdu son attention. Pendant qu'elle protège son bandage pour éviter de le mouiller, elle m'incite à m'installer confortablement chez elle, puis elle disparaît dans sa chambre. L'eau de la douche ne tarde pas à se faire entendre, je décide de m'asseoir sur son canapé et d'envoyer des messages à ma sœur. Gloria tarde à me répondre, Pistache s'approche de moi et me regarde dans les yeux.

— Miaou.

Je l'ignore.

— Miaou.

Comme je n'ai aucune réaction, il insiste.

— Miaoooouuuuuuu !

Je n'aurais jamais cru de ma vie qu'une bestiole aussi petite puisse faire autant de bruit. Je tends la main pour le caresser, mais Pistache s'écarte avant de revenir pour la sentir avant de frotter sa tête contre elle. Il se met à ronronner et saute sur mes genoux sans crier gare. Dans son élan, il bouscule la table basse où l'écran de la tablette graphique de Garance s'allume. Je la prends pour voir le dessin sur lequel elle était en train de travailler. Pendant ce temps, Pistache s'installe confortablement sur mes genoux et me plante ses griffes dans ma cuisse en fermant les yeux, heureux d'avoir trouvé un endroit confortable pour s'allonger. Sur l'écran, je reconnais un dessin de ma sœur, Garance a réussi à capter le regard pétillant de Gloria et son sourire malicieux. Par réflexe, je retourne à la page d'accueil de la tablette et ouvre ses autres dessins. Je retrouve les illustrations qu'elle a faites sur notre projet et voit différentes idées qui ont été abandonnées. Je ne soupçonnais pas qu'elle ait pu envisager autant de piste avant de me proposer les meilleures. Je suis certain que beaucoup de ses illustrations peuvent être utilisés ultérieurement après quelques modifications. Je tombe ensuite sur un dessin de mon frère avec son côté charmeur qu'elle a très bien croqué. Je suis un peu ému en découvrant les deux portraits qu'elle a faits de moi, j'ai la conviction qu'elle les a commencé pendant notre semaine en Haute-Savoie. Sur le premier, je suis en combinaison de ski et je l'encourage à se remettre debout, je me souviens très bien de la scène. La seconde est plus intime, je dors d'un sommeil apaisé. Si la première me fait sourire, la seconde me bouleverse. Si je n'ai pas le talent de Garance pour le dessin, j'ai fait la même chose vis-à-vis d'elle. Je l'ai regardé plusieurs fois en train de dormir pour garder son image graver dans ma mémoire.

La porte du salon s'ouvre et je suis pris sur le fait. Je rougis, me rendant compte de la grossièreté de mon geste d'avoir fouillé dans ses affaires sans son accord. Je m'excuse platement.

— Je suis désolé, Garance. Je n'aurais pas dû regarder ta tablette graphique. J'ai vu le dessin que tu as fait de Gloria et j'ai été attiré par l'image sans m'apercevoir que je fouillais ni plus ni moins dans tes affaires.

Invite-moi pour NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant