Invite-moi pour Noël

Chapitre 16 (1/2)

Garance

Camille me ramène à mon appartement après avoir passé le samedi en leur compagnie. Le geste de son frère l'a affecté plus qu'elle n'oserait l'admettre, elle se retrouve prise aux pièges des tensions qui règnent entre nos deux familles. Mes parents et mon frère m'ont encouragé à porter plainte contre Nolan, mais je ne sais pas quelle conséquence aura cette action. Camille devra-t-elle choisir entre sa famille ou moi ? Nolan va-t-il revenir pour en découdre ou va-t-il m'éviter à l'avenir ? Une main courante, même si cela ne sert à rien juridiquement, ne serait-elle pas un juste milieu ? Je n'ai qu'une seule certitude, le dernier lien qui existait entre Nolan et moi est définitivement rompu. Je me sens libre pour la première fois depuis longtemps et je profite de cette sensation.

Mon amie s'installe silencieusement sur mon canapé, retire de son sac à main, son tricot du moment, un châle d'après ce que j'ai cru comprendre. Elle se met à tricoter, le regard dans le vide. Je la rejoins et l'interromps en la questionnant :

— Tu ne vas pas faire d'erreurs en tricotant sans te concentrer dessus ?

Elle secoue la tête.

— Non, c'est un tricot zéro cerveau, le b.a.-ba, un châle niveau débutant, que des mailles endroits et des augmentations un rang sur deux.

J'acquiesce sans vraiment comprendre.

— Cam, je sais que ma dispute avec ton frère te met dans une situation difficile. J'aimerais connaître ce que tu ressens à propos de ça.

Elle repose son châle, me regarde avec un air triste.

— J'en sais rien, franchement, je ne sais pas non plus comment je suis censée réagir. D'un côté, je déteste mon frère d'avoir tentée de te frapper et que tu te sois blessée en te protégeant. De l'autre, c'est mon frère, il a plein de défauts, mais il a longtemps été mon héros quand j'étais petite. Si tu rajoutes la culpabilité de vous avoir présenté tous les deux et d'avoir été à l'origine indirectement de tout ça. Je suis perdue.

Je tente de la rassurer.

— Tu étais fiancée à mon frère, j'aurais bien fini par le rencontrer un jour. Tu n'y es pour rien.

Elle sanglote.

— Je sais, mon cerveau n'arrête pas de me le dire, mais c'est plus fort que moi. C'était déjà tendu entre Quentin et Nolan depuis votre rupture que je suis sur les charbons ardents en permanence. Avec la grossesse, je suis encore plus à fleur de peau.

Je tombe des nues.

— Tu es enceinte ?

Elle acquiesce en s'essuyant les yeux.

— Nous l'avons appris, il n'y a pas longtemps. Ton frère voulait garder cela secret jusqu'à ce que l'on soit sûrs que tout se passe bien. J'aimerais juste que tu ne le dises à personne pour l'instant, je voulais juste partager avec toi la nouvelle. Quand nous serons prêts, nous l'annoncerons.

Je l'enlace.

— Je suis si contente pour vous deux, depuis le temps que vous espériez que cette nouvelle arrive. Maintenant tu vas avoir plein de raisons pour acheter de la laine et mon frère ne pourra pas râler.

Elle sourit, ses larmes se sont taries.

— J'ai déjà commencé, me dit-elle avec un grand sourire. Fini de parler de mon frangin ou de moi, montre-moi l'avancement de tes dessins. Ne sois pas surprise, Quentin ne peut rien me cacher.

Je ne cherche pas à en savoir plus et prends ma tablette graphique. Elle semble déçue.

— Tu n'as pas repris la peinture ?

Je secoue la tête.

— Pour l'instant, je m'entraîne sur tablette et au crayon pour retrouver mon niveau. Quand je serai prête, je reprendrais le pinceau.

Je lui explique toutes les modifications qu'il me reste à faire. Elle agrandit les différentes zones et compare avec l'image qui me sert de référence.

— Joaquim a vu le dessin ?

— Non, je veux que cela soit une surprise pour lui et ses parents.

— D'ailleurs quand le revois-tu ?

Je hausse les épaules.

— Sûrement demain, il devait reprendre la route aujourd'hui, je pense qu'il ira directement chez lui en arrivant.

Elle réfléchit puis me dit :

— Tu le remercieras de notre part, de nous avoir prévenu pour la visite de Nolan. D'ailleurs, il faudra que l'on vous invite tous les deux à diner, ça ne sera pas un truc genre soirée entre couple, mais plutôt un petit repas pour apprendre à le connaître. Après tout, il t'a emmené loin de nous pour Noël et on l'a vu très rapidement. Ça ne m'étonnerait pas que ta mère te fasse la même proposition, il lui avait plutôt bien taper dans l'œil.

— Parle pas de malheur et pour ta gouverne, ta mère aussi l'a trouvé à son goût.

— Encore plus intéressant, si nous le rencontrons, je pourrais en parler à table au prochain repas de famille. Je me suis donnée pour mission de mettre en rogne ma future belle-sœur, dit-elle avec une grimace en prononçant le dernier mot.

— Tu m'as dit qu'il envisageait de se marier en juillet, c'est ça ?

Elle acquiesce, intriguée.

— Perd les eaux pendant le mariage, un bébé c'est plus puissant qu'un mariage. Ta mère se souviendra de ce jour comme la naissance de son premier petit-enfant.

Une lueur complice apparait dans son regard, elle se caresse le ventre et parle à l'embryon qui grandit en elle.

— Tu as entendu Tatie. Je suis sûre qu'elle te lèguera une partie de son héritage si tu obéis.

Nous éclatons de rire et nous continuons de discuter jusqu'à l'arrivée de Quentin qui nous rejoint avec les sacs à emporter du fast-food du coin.

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Bonsoir,

Je reviens avec une petite partie, je ne sais pas s'il y en aura deux ou trois d'où le ?. J'espère que cette petite mise en bouche avant l'arrivée de Joaquim vous a plu. Je retourne écrire la suite. ;)

Bonne lecture,

Emilie