Chapitre 4 (1/2)

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Garance

Un freinage brusque me sort du sommeil. Je lève le tête, jette un coup d'oeil autour de moi et reconnait Joaquim. Le voyage me revient en mémoire. J'ai du mal à me retenir de me pincer, de peur de me retrouver à mon appartement. Le conducteur me sourit avant de reporter son attention sur la route.

— Bien dormi ?

J'émets un petit son approbateur et baîlle en m'étirant.

— Nous arrivons bientôt, normalement dans dix minutes, si le touriste, devant nous, arrive à monter la côte.

— Je suis désolée de m'être endormie aussi vite, je n'ai pas l'habitude des longs trajets en voiture.

Il hausse les épaules.

— Y a-t-il des choses que je dois savoir à propos de ta famille ?

— Mon père s'appelle Christian, il te demandera rapidement de l'appeler Titi comme toute la station, ma mère Ana, elle est portugaise alors si tu l'entends marmonner dans une autre langue, ne t'en occupe pas, elle sait se faire comprendre quand elle le veut. J'ai un frère aîné Ricardo, qui reprendra l'hôtel quand mes parents prendront la retraite, et une soeur cadette, Gloria. C'est un phénomène, elle gère l'office du tourisme, elle a toujours mille et une idée pour animer la station. Elle est un peu trop curieuse à mon goût, mais elle rend de fier service parfois sans qu'on lui demande. D'ailleurs c'est elle qui t'a trouvé une chambre, enfin je lui ai demandé de t'en trouver une.

— Elle a demandé pourquoi tu venais avec quelqu'un à la dernière minute ?

Il secoue la tête.

— Non, ce n'est pas la première fois que l'un d'entre nous revient avec un inconnu de la famille, même si ça fait depuis la fac que ça ne m'est pas arrivé. Regarde la paysage, c'est magnifique la nuit. L'hôtel est dans une rue sur la gauche.

Je suis le coin qu'il me montre. Le ciel est dégagé, la lune éclaire la vallée sur notre droite. Les montagnes enneigées et escarpées se découpent en arrière-plan de la clarté de la nuit. Je ne me souviens plus de la dernière fois que j'avais pu observer autant d'étoiles malgré l'éclairage de la rue. La voiture entre dans un parking, j'observe par la fenêtre, le chalet qui se tourne en amont de la place. Joaquim arrête le véhicule et me dit avec un sourire :

— Bienvenue à l'hôtel que dirige la famille de mon père depuis plusieurs générations. Qu'est-ce que tu en penses ?

— Il est magnifique, on pourrait se croire dans une carte postale.

— Pense à redire cette phrase à mon père, il t'adoptera vite dans la famille. Tu peux m'appeler Jo comme tout le monde, nous ne sommes plus au travail et j'ai l'impression d'entendre ma mère me gronder à chaque fois que quelqu'un utilise mon prénom en entier, avec l'accent portugais en moins.

J'acquiesce avant de lui répondre :

— Désolée, je n'ai pas de surnom particulier, à part Face de Rat, mais ça date de l'adolescence rebelle de mon frère.

Il rit légèrement et nous sortons de la voiture. Je manque de glisser en arrivant derrière le coffre pour prendre ma valise. Jo me rattrape avant que mes fesses ne touchent le sol.

— Belle chute, se moque-t-il.

Il regarde mes chaussures.

— Tu n'iras pas très loin avec ça aux pieds.

— À Nantes, ce n'est pas le même endroit pour acheter des bottes pour marcher dans la neige.

— Je demanderais à ma sœur de voir pour te trouver une paire. Accroche-toi à mon bras jusqu'à l'entrée de l'hôtel, regarde tes pieds et teste le sol si tu as un doute.

Invite-moi pour NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant