Chapitre 17 (2/2)

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Garance

J'arrive avec quelques minutes de retard à la réunion à cause de ma main abîmée qui m'oblige à ranger mon ordinateur et mes autres documents dans un sac pour pouvoir tout transporter. J'essaie tant bien que mal d'ouvrir la porte vitrée, le manager, pourtant le plus près de celle-ci, me regarde en croisant les bras. Joaquim le fusille du regard avant de le contourner pour m'aider à entrer. Je sors mes affaires, un peu fébrile de montrer mes travaux à d'autres cadres de l'entreprise.

— Tu es en retard, me lance le manager.

— Désolée, je ne peux pas tout transporter avec une seule main.

— Quand on est pas douée avec ses mains, on fait attention à les garder en bon état, me lance-t-il, hargneux.

Sa méchanceté me blesse tel un uppercut. Joaquim vient à mon renfort.

— Je ne vois pas en quoi être blessée lors d'une agression peut être comparé à une maladresse de sa part.

L'une des personnes au ressource humaine fait remarquer au manager qu'il n'a pas signalé ma blessure et que sa réflexion est inappropriée. Ce dernier pâlit et me présente des excuses hypocrites avant de me jeter un regard noir. Joaquim me murmure rapidement pendant qu'il m'aide à brancher mon ordinateur pour pouvoir projeter l'image à l'écran.

— Tout va bien se passer.

Nous nous redressons et d'un signe de tête, il indique que nous sommes prêts. Je m'installe à une table pour prendre des notes sur les remarques éventuelles sur la partie de Joaquim. La plupart d'entre elles sont ciblées sur l'argumentaire dont quelques-unes pointent une information qui était inconnue à Joaquim qui n'est pas de la région et va modifier une partie du discours qu'il tiendra. Quand vient mon tour pour montrer les idées de design que nous avons choisi, je repense aux compliments de Joaquim quand il est venu me chercher sur le projet et me lance. J'expose avec conviction mon travail, le sourire approbateur de plusieurs auditeurs m'encouragent et je prends de l'assurance. Le retour que j'obtiens est plutôt bon, on me fait remarquer qu'il faut que j'agrandisse telle ou telle partie ou au contraire diminuer la taille d'autres images.

On nous félicite et les cadres s'en vont en nous laissant seuls tous les trois. Je meurs d'envie d'embrasser Joaquim pour fêter notre petite réussite, seule la présence du manager me retient. Ce dernier se frotte les mains.

— Nous avons fait du bon travail.

Je lève les yeux au ciel, révoltée par son culot.

Nous avons fait du bon travail, tu n'as servi qu'à faire perdre du temps à Garance, le corrige Joaquim.

Il l'ignore complètement et poursuit.

— On débriefe à chaud ? nous demande-t-il.

— J'ai un rendez-vous précisé-je.

— Tu ne pouvais pas le prendre à un autre moment ? me rabroue le manager.

— Tu as bien signé le mois dernier le document pour que je parte plus tôt aujourd'hui, lui répondis-je.

Le sourire compatissant de Joaquim fait bondir mon cœur dans ma poitrine.

— Bonne chance, me dit-il en m'aidant à ranger mon matériel.

Je le remercie d'un signe de tête avant de partir en ignorant le manager.

Anne-So m'attend sur le parking et nous partons en direction du cabinet d'avocat. Les bras chargés de documents, nous patientons jusqu'à l'arrivée de l'avocate. Je la suis pendant que mon amie m'attend dans la salle d'attente. Son bureau est à la dernière mode, pourtant au lieu de paraître chaud comme dans les catalogues déco, je ressens un sentiment de sérénité, comme si je venais de pénétrer dans un cocon. Je m'installe sur la chaise qu'elle m'indique. Elle repousse les documents que je lui apporte, croise les mains avant de me dire :

Invite-moi pour NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant