Chapitre 10 (2/3)

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Garance

La décoration de la salle nous a pris une grande partie de la journée, j'ai passé un bon moment avec les membres de la communauté qui font la vie de cette station. Joaquim s'est affalé sur le lit dès qu'il est entré dans la chambre. Je le regarde contempler le plafond, les mains derrière la tête. J'hésite à lui parler de Léonie, je déteste me l'avouer, mais j'ai pitié d'elle, de sa tristesse et même sa colère ne me remue plus. Jo me voit l'observer et il me fait signe de la rejoindre. Je m'allonge à côté de lui et regarde le plafond. Nous restons un instant en silence, puis il enlève ses mains de sous sa tête et passe un bras sous mon cou. Je me blottis contre lui. Je prends mon courage à deux mains.

— Jo, tu ne peux pas laisser Léonie dans cet état. Que tu ne veuilles plus être en couple avec elle est un fait, mais tu dois crever l'abcès.

Il soupire.

— Je ne veux pas lui faire de mal. Je l'apprécie, même si je ne l'aime plus.

Je me redresse, sa main passe sous mon pull pour me caresser le dos.

— Plus tu la laisses être comme ça, plus tu devras lui faire du mal pour qu'elle arrête de t'idéaliser. Au moins que ça te plaise qu'elle soit prête à tout pour se remettre avec toi.

Ma dernière lui fait froncer les sourcils, je savoure ma victoire de le voir réagir.

— Ça ne me plaît pas du tout, mais qu'est-ce que tu veux ? Que je devienne un connard comme ton ex ?

La mention de Nolan me laisse un goût amer dans la bouche.

— Si tu t'apprêtes à me demander en mariage en sa présence, je t'achève avec des produits laitiers.

Une expression indéchiffrable apparait sur son visage, comme s'il hésitait entre rire et grimacer.

— Je suis désolé, Garance, de te rappeler sa goujaterie.

Je hausse les épaules avant de me rallonger à ses côtés. Il me prend dans ses bras et nos jambes s'emmêlent. Ma tête se retrouve contre son torse et je place mes mains dans son dos.

— Je vais réfléchir à la façon dont je pourrais lui faire comprendre. Je n'ai pas envie d'avoir ce genre de discussion la veille ou le jour de Noël.

— Ce n'est pas lui rendre service de la laisser espérer. Quand elle apprendra que la fin de notre "faux" couple, elle pensera qu'elle aura une nouvelle chance.

— Penses-tu que l'on pourrait prolonger notre accord ?

Je ferme les yeux, partagée par cette envie, mais effrayée par la perspective de tomber amoureuse sans retour affectif. Je secoue la tête.

— Je ne préfère pas. On pourra faire semblant encore quelques semaines que nous sommes en couple, mais il faudra très vite trouver une excuse pour justifier une rupture.

— Je comprends, murmure-t-il plus pour lui-même. Il nous reste donc deux jours pour en profiter au maximum.

Il me fait rouler sous lui et descend pour m'embrasser. Je passe mes bras autour de son cou et réponds avec passion à son baiser. Il s'écarte pour enlever son pull, je l'arrête d'un geste.

— Tu es sûr que l'on a le temps ?

Son sourire canaille revient.

— On s'en moque. Si l'on est en retard, je prendrais la responsabilité, tu diras que j'ai passé une heure sur la douche si tu le veux.

Je ris et l'embrasse à nouveau. Très vite, nos vêtements disparaissent et nos corps dansent l'un dans l'autre, lascivement.

Je ne m'éternise pas longtemps après l'amour pour pouvoir me préparer pour la soirée. Je prends ma douche et laisse la place à Joaquim tout en me maquillant à côté. Il me lance un regard appréciateur en sortant de la cabine, je le repousse quand il essaie de m'attirer contre lui ne souhaitant pas être mouillée, puis sors de la salle de bains.

Quand nous arrivons à la salle, un brouhaha nous accueille. Joaquim met sa main au creux de mes reins et me pousse en avant pour rejoindre sa famille. Je m'installe face à Gloria et Jo face à son frère. Leurs parents sont à une autre table avec leurs amis. Un bel homme d'une trentaine d'années vient les saluer avant de poser ses affaires à côté de Ricardo. Joaquim me présente et sa sœur m'apprend qu'il s'agit du meilleur ami de Ricardo, Romain, le sauveteur en montagne et accessoirement le sexfriend de sa sœur. Je suis surprise par sa franchise quand il me donne son avis sur ma présence dans la station, chose qui reste taboue avec les autres membres de la communauté.

— Je suis contente de te rencontrer enfin, il faut dire que j'ai beaucoup entendu parler de toi cette semaine. Tu es devenue l'attraction de la station, déjà que la rupture entre Jo et Léonie en a surpris plus d'un, le voir revenir avec une autre a fait les choux gras. Gloria ne tarit pas d'éloges sur toi et je pense que si Joaquim t'a amené ici, c'est que tu es quelqu'un de bien. Alors pour l'instant tant que tu ne vas faire du hors-piste dans une zone à risque, je décide de t'apprécier.

Jo retient un fou rire qu'il tente de camoufler en buvant et manque de recracher le contenu sur son frère quand je lui jette un regard noir. Gloria se met à glousser et Romain nous observe sans comprendre les tenants de nos réactions. Je soupire et lui explique :

— Je ne sais pas skier, Jo a essayé de m'apprendre, mais même les gamins me doublaient.

Il ouvre grand la bouche avant de la refermer, se rendant compte de son hébétement. Il se tourne vers Ricardo.

— Tu voulais les inviter à skier avec nous, dimanche, ça aurait pu être dangereux pour elle, le sermonne-t-il. La prochaine fois, renseigne-toi un minimum avant de faire venir quelqu'un.

Je tente d'apaiser la situation.

— De toute façon, je ne vous aurais jamais suivi, je ne suis pas certaine de remettre un pied sur un ski un jour, une fois m'a suffi.

Gloria change vite de conversation pour éviter que je sois mal à l'aise et commence à demander à Romain des nouvelles de sa grand-mère malade. Ricardo change d'expression et demande à sa sœur :

— Comment tu sais ça ?

Il se tourne ensuite vers son ami.

— Tu parles souvent avec Gloria ?

Il hausse les épaules.

— Entre deux interventions, ça m'arrive d'aller discuter avec ta sœur surtout pour le boulot. Je lui indique quand il y a des chemins à déconseiller pour les touristes. On voit souvent ensemble l'organisation des sentiers de randonnée et pour la réservation des refuges. Comme j'ai le droit à un café à chacune de mes visites, on en profite pour échanger.

Il donne une tape dans le dos de son ami.

— Ne t'inquiète pas, je ne divulgue rien de tes conquêtes à ta frangine.

Gloria lève les yeux en l'air et s'éclipse. Romain la suit des yeux pendant que Jo et Ricardo discutent du cadeau qu'ils offrent à leurs parents. L'agitation de la salle diminue quand le repas arrive, un buffet froid où chaque personne peut aller se servir. Luisa me jette un regard noir quand je passe à côté de leur table et interpelle Joaquim qui la salue avant de me suivre vers le buffet. Nous croisons Léonie sur le chemin et cette dernière nous ignore volontairement. Je préfère cette réaction à une scène comme à notre dernière rencontre. Je remplis mon assiette de charcuteries régionales avant de ruer vers les salades en tout genre. Jo se moque de moi.

— Ris si tu le souhaites, mais j'en profite autant que je le peux. Samedi soir, je passe ma soirée avec Camille et mon frère et je me demande toujours comment ils arrivent à se nourrir, ils sont aussi nul en cuisine l'un que l'autre. J'ai une chance sur trois d'avoir une boîte de raviolis comme repas.

De sa main libre, il entoure ma taille et me serre contre lui avant de déposer un baiser sur ma joue. Nous rejoignons la table et commençons à manger. Le repas se déroule dans une bonne ambiance où nous échangeons chacun des anecdotes sur notre enfance et nos repas de réveillon. À la fin du plat et en attendant l'arrivée des desserts, quelqu'un met de la musique et les gens se ruent sur la piste de danse. Joaquim m'entraîne et nous nous déhanchons sur la musique des années 80.

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Bonsoir,

J'ai décidé de rajouter une partie de plus au chapitre pour que ça ne soit pas trop long à lire. La suivante arrive, je serais plus prolixe sur celle-ci une fois que je l'aurais terminée.

Bonne lecture,

Emilie

Invite-moi pour NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant