Chapitre 2 (1/2)

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Joaquim

15 décembre

Je sors de la salle de réunion accompagné de Loïc, mon collègue, avec qui je travaille sur un projet. Je me plains auprès de lui de l'exigeance du client.

— Avancer d'un mois la présentation ! Déjà que l'on a récupéré le dossier en urgence après la défaillance de leur ancien partenaire et en plus il sous-entendent qu'en une seule semaine on a eu le temps de potasser tout le dossier. J'ai passé ses trois derniers jours à harceler de mail leur pauvre secrétaire parce que je recevais des fichiers dans lesquels ils manquaient la moitié des éléments. Et Yannick, quel lèche-boule ! On voit très bien que ce n'est pas lui qui va passer ses vacances de Noël sur le dossier ! Il faut que l'on regarde comment on peut faire cette semaine pour pouvoir

Laissé éclater ma colère me soulage. Je jette un coup d'oeil vers mon collège qui semble gêné. Je lui demande ce qui ne va pas.

— Je suis désolé, Jo, je ne pourrais pas travailler avec toi sur le dossier. Ma femme sort de la maternité ce soir et j'ai pris mes congés parentaux pour m'occuper d'elle et du petit. J'enchaîne ensuite avec trois semaines de congés, je ne reviendrais pas au travail avant la fin du projet. Je travaille jusqu'à quinze puis je vais les chercher à l'hôpital.

Je baisse les épaules en signe de résignation. Je soupire et gratte ma barbe naissante.

— Tu n'as pas à t'excuser. Je suis content pour toi. Et de nous deux, même avec le travail qui m'attend je suis certain d'être celui qui passera les meilleurs nuits.

Je lui donne une tape dans le dos.

— Je sais que c'est difficile pour toi de l'admettre, mais je vais devoir te remplacer, le taquiné-je.

Il se détend et rit à ma plaisanterie.

— D'après toi, qui penses-tu être à la hauteur de mon talent ?

Nous arrivons à l'entrée du self, je parcours rapidement la salle des yeux et repère la silhouette de la brune, dont le fessier me fait fantasmer depuis mon arrivée.

— Sur notre dernier projet, j'ai été impressionné par le travail de Garance. Tu penses qu'elle acceptera ?

Il écarquille les yeux et s'exclame :

— Tu n'es pas sérieux ?

Je ne m'attendais pas à cette réaction.

— Pourquoi qu'est-ce qu'elle a ? Elle est pro, a de très bonnes idées. Bon elle a juste l'air de porter le deuil avec toutes ses tenues noires ou grises. Ça tranche avec le côté non conventiel de ses idées, mais c'est justement ce que nous demande le client, sortir des campagnes de pub ordinaires et promouvoir le produit de manière original.

Il se gratte la tête, gêné.

— Tu as raison niveau boulot, personne ne peut lui reprocher quoi que ce soit. Mais ...

Il s'arrête et hésite à continuer.

— Mais quoi ? insisté-je.

Il soupire et consent à me répondre.

— J'oubliais que tu n'étais pas là quand elle a pété un plomb.

Je regarde dans la direction de Garance, elle semble être en grande conversation avec deux collègues qui partagent avec elle le même bureau.

— Elle est calme, je l'imagine mal faire une crise.

Il bascule un pied sur l'autre.

— Elle a mis une raclée à l'autre idiot de la compta, Édouard, elle lui a cassé une dent de devant. Elle a été mise à pied une semaine après ça, l'affaire a vite été étouffé. Il voulait porter plainte contre elle, je sais juste que la direction l'en a dissuadé. Anne-So, qui est dans le même bureau qu'elle, a évoqué une main au cul.

Invite-moi pour NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant