Chapitre 6 (2/3)

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Joaquim

En voyant Garance grelotter dans son manteau fin adapté pour le climat nantais, mais insuffisant pour celui de la haute montagne, je me rends compte qu'elle ne survivra pas à l'activité que j'ai prévue pour lui montrer les beautés des lieux. Je la prends par la main pour lui éviter une deuxième chute et la conduis vers l'un des deux restaurants de la station. Quand on passe devant le premier, elle me demande :

— Pourquoi on ne va pas manger dans celui-là ?

Je grimace.

— Il est tenu par les parents de mon ex. Je préfère éviter de venir là-bas avec ma nouvelle petite-amie.

Elle acquiesce.

— Ça ne serait pas très délicat de ta part, en effet.

Même si nous ne sommes pas ensemble réellement, je suis content qu'elle comprenne. Le silence retombe entre nous, sous nos semelles, la neige fraîche craque. Je ne me lasse pas de ce bruit, j'apprécie beaucoup ma nouvelle vie en Loire-Atlantique, mais je reste un enfant de la montagne. Je jette un regard à la femme à mon bras et j'amuse de son émerveillement. Elle surprend mon sourire.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Je ressemble à une touriste ? Si c'est ça, j'assume, c'est la première fois que je viens ici donc je profite de mon séjour.

Mon sourire s'élargit. Elle s'impatiente.

— Quoi ? Dis-le-moi Joaquim !

— J'ai hâte de voir comment tu vas réagir cet après-midi. Je n'en dirais pas plus, ça ne serait pas drôle.

Elle lève les yeux au ciel. Je l'entraîne vers le restaurant où nous allons manger. Une bulle de chaleur nous accueille, puis le patron, l'un des amis d'enfance de mon père, me reconnaît.

— Jo ! Bon retour parmi nous !

Il s'approche de moi pour me serrer la main, il marque un temps d'arrêt en voyant Garance. Je grimace, j'aurais qu'il soit un peu plus discret. J'ai l'impression que toute la station s'attendait à ce que je renoue le contact avec Léonie. Je décide de clarifier la situation.

— Voici Garance, ma copine. Chérie, je te présente Daniel, un ami de mon père.

Elle le salue et il reprend ses esprits.

— Garance voulait manger de la raclette. Comme tu fais la meilleure des environs, je devais l'amener chez toi.

Il acquiesce avant de nous diriger vers une table.

— Donc raclette pour madame et toi Jo ?

— Tu mettras un peu moins de fromage pour moi, un peu plus de patates et de charcuterie pour compenser.

Il s'éloigne vers les cuisines où il donne notre commande.

— J'ai l'impression que toute la station, mise à part ta sœur, pensait que tu viendrais pour recoller les morceaux avec ton ex.

Je me retiens de grimacer à nouveau et hausse les épaules.

— Ils vont bien se faire une raison. C'est l'inconvénient d'une séparation après plusieurs années. L'an prochain, ils auront tourné la page.

— J'espère pour toi, surtout si tu reviens seul pour les fêtes.

Je réalise qu'elle ne serait pas là avec moi pour le savoir. On nous apporte à chacun, un verre de vin blanc, cadeau de la maison. Je bois une gorgée pour m'enlever la déception de ce rappel à notre marché. Je lui attrape le bout de ses doigts qui torturent sa serviette en tissu. Elle me sourit. J'aime regarder l'éclat de ses yeux quand elle se sent en confiance, je retrouve la même attraction que lors de sa présentation qui m'avait fasciné.

— Que va-t-on faire après ? me questionne-t-elle.

— Déjà chercher des bottes à l'office du tourisme vers ma sœur puis on ira t'acheter des vêtements pour la neige. Tu ne pourras pas rester dehors en jean et ton manteau est ridicule. Tu n'as même pas pensé à prendre des gants. Même un touriste est un peu mieux informé que toi.

Ma moquerie la pique au vif.

— Excuse-moi, mais Nantes n'est pas la pointe de la mode haut-savoyarde. Je ne sais même pas si j'aurais pu trouver les affaires dans un magasin de sport là-bas.

— C'est probable que non.

Un serveur nous apporte deux assiettes avec l'accompagnement et nous prévient que Daniel arrive avec le fromage. Ce dernier vient découper le fromage fondu sur le quart de meule pour le déposer dans notre assiette. Malgré mon avertissement, il est généreux, ma portion est plus importante que nécessaire et je sais déjà que je vais devoir surveiller mon alimentation pendant deux jours pour digérer au mieux ce repas. Il s'en va et nous laisse seuls. Après un silence où nous dégustons notre repas, Garance me raconte comment elle passait ses fêtes avec sa famille quand elle était enfant. J'interviens de temps en temps pour la taquiner. Ça fait longtemps que je n'avais pas passé un moment au restaurant aussi agréable. Je règle la note pendant que Garance m'attend dans l'entrée, Daniel vient me rejoindre.

— Je suis désolé si je vous ai mis mal à l'aise. J'ai été surpris.

Je hausse les épaules.

— Tu ne seras pas le seul. Garance comprend que vous aviez l'habitude de me voir avec Léonie, il faut que vous vous habitiez à notre séparation. D'ailleurs, elle a beaucoup apprécié ta raclette, je te laisse, on doit passer voir ma sœur à son travail.

Je le salue et m'en vais rejoindre Garance. En chemin vers l'office de tourisme, nous nous arrêtons à une boutique pour qu'elle puisse acheter des vêtements imperméables pour empêcher la neige de s'infiltrer en cas de chute puis nous rejoignons ma sœur pour qu'elle choisisse ses chaussures et pour lui confier nos affaires. Gloria nous autorise à nous changer dans son bureau et après lui avoir souhaité une bonne après-midi, j'entraîne Garance vers notre activité de l'après-midi.

— Tu vas enfin me dire ce que tu as prévu ? s'agace-t-elle. Pourquoi tu m'as demandé de garder mon téléphone portable ?

— Je pense que ta mère serait contente de voir les photos que tu vas prendre cet après-midi. Tu as déjà fait de la randonnée ?

Elle lève les yeux au ciel.

— Comme la plupart des gens, mais dans une forêt sans neige.

Je sors un tube de crème solaire et une paire de lunettes polarisantes appartenant à ma sœur.

— Je reviens, je vais chercher les raquettes. Profites-en pour te tartiner le visage, il faut une bonne couche si tu veux ne pas cramer.

Je me dépêche d'aller récupérer les raquettes et la rejoins. Je mets également de la protection solaire et mes lunettes de soleil avant de l'entraîner sur le sentier un peu à l'écart des pistes de ski. Pendant deux heures, je l'emmène dans les endroits où elle peut prendre de belles photos pour sa famille. Elle m'attire vers elle et me demande de soulever mes lunettes avant d'en faire de même.

— Pour garder un souvenir, murmure-t-elle.

Elle nous prend en photo avec la montagne d'en face en arrière-plan. Je me prends au jeu et l'imite.

Nous rentrons à l'hôtel quand la nuit commence à tomber. Nous enlevons nos affaires pour en mettre d'autres, plus chaudes. Garance envoie les photos à sa famille et je regarde celle que j'ai prise dans mon téléphone. Mû par une impulsion, je décide de la mettre en fond d'écran. Nous nous occupons séparément en attendant le dîner.

********************

Bonsoir,

La voici enfin cette deuxième partie de chapitre ! J'ai eu un peu coup de mou ce week-end, d'où ma publication aujourd'hui. Chapitre à ne pas lire avant un repas sous peine d'avoir une envie de raclette. En tout cas, j'espère qu'elle vous a plu.

On se retourne un peu plus tard pour la dernière partie du chapitre où Garance va devoir donner sa réponse à Joaquim. Alors va-t-elle accepter ?

Bonne lecture,

Emilie


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