Dark love

Coma blue

*PDV RYAN*

Aujourd'hui j'avais ce fameux rendez-vous pour lequel j'avais dû acheter un costume, chose que j'aurai dû faire avec Paige si cet enfoiré de Benjamin n'avait pas débarqué. J'enfila donc celui bon marché que je venais d'acheter sans grande hâte. Je ne voulais pas aller à ce rendez-vous, mais je devais le faire au moins une fois par an depuis cinq ans, depuis tout ça...

Je me regarda dans le miroir et soupira. J'agirais comme les années précédentes, et rien de plus. Elle ne méritait pas plus. Si j'en étais là aujourd'hui, si j'étais dans cet état, c'était de sa faute, et jamais je ne lui pardonnerais. J'attrapa mes clés et m'en alla.

J'avais environ deux heures et demi de route, et tout le temps du trajet je tournais et retournais dans tous les sens les événements d'il y a cinq ans. Elle était celle qui avait détruit ma vie, qui avait fait de moi le monstre que j'étais aujourd'hui. J'arriva enfin au point de rendez-vous. Je passa tous les contrôles de sécurité puis on me conduisit jusqu'à cette fameuse salle que je connaissais si bien. Toutes les personnes concernées arrivèrent, il ne manquait plus qu'elle...

La grande porte face à moi s'ouvrît alors, et elle entra, menottée et tenue par deux gardiens. Poser les yeux sur elle me répugnait. Elle n'avait pas changée, elle était juste plus maigre. Ses cheveux bruns étaient attachés en une longue queue de cheval négligée. Le orange lui allait très mal riais-je intérieurement. Tout le monde s'installa quand je le juge entra et autorisa tout le monde à s'asseoir.

On me fit le topo habituel, me disant qu'elle était mentalement instable au moment des faits, qu'il y avait des circonstances atténuantes et qu'une réhabilitation était possible seulement si je l'autorisait et que j'acceptais de la prendre en charge car j'étais toujours son tuteur. Chose que je ne ferais jamais. Elle ne méritait pas de sortir de ce trou, elle ne méritait même pas un regard. Pourtant, quand le juge me demanda de prendre la parole, je planta mes yeux  pleins de haine et de rancune dans les siens, ce qui lui fit baisser la tête. Ils attendaient de moi que je fasse preuve de compassion, que j'ai pitié d'elle après ce qu'elle avait fait. Mais comment ? Comment le pourrais-je ? Elle avait gâché ma vie.

-Je refuse.

-Je vais vous demander d'argumenter votre réponse monsieur. Me dit le juge.

-Je ne veux pas et ne peux pas me porter garant pour elle. Je ne supporte même pas l'idée qu'elle se promène dans la nature. Ses actes on eut des conséquences sur ma santé et sur ma vie que je paye encore aujourd'hui, je serais incapable de m'occuper d'elle et de toute façon elle ne mérite pas mon temps. Je ne veux rien avoir à faire avec elle. Jamais je ne lui pardonnerai son acte, et jamais je n'accepterai qu'elle refasse partie de ma vie.

Je la regarda à nouveau. Des larmes coulaient de ses yeux et tant mieux.

-C'est votre droit. S'exclama le juge. La séance est donc close. L'accusée devra aller au bout de sa peine.

Il tapa avec son marteau marquant la fin de ce supplice. Après avoir signé un énième papier je pu enfin m'en aller. C'était pareil tous les ans, tous les ans elle demandait une remise de peine et elle savait que la décision ne tenait qu'à moi. Et tous les ans je refusais. Je n'allais jamais la voir et je ne le voulais pas, je la laissais crever dans ce trou qu'elle avait creusée elle-même. Maintenant, j'avais besoin de me calmer. Je décida donc de rentrer et d'aller me poser dans un bar.

*PDV PAIGE*

Il était aux environs d'une heure du matin quand un numéro inconnu s'afficha sur mon téléphone me sortant du sommeil, je décrocha à moitié endormie.

-Allô ?

-Désolé de vous déranger. J'ai votre ami là complètement bourré qui s'est battu, il ne peut pas reprendre sa voiture et il m'a donné votre numéro.

-Mon ami ? Répétais-je perdue.

-Ouais, un grand brun. Il s'appelle « qu'est ce que ça peut te foutre ». Se moqua l'homme.

Ryan. Je soupira.

-Vous êtes où ? J'arrive.

Il me donna l'adresse et j'enfila rapidement des vêtements avant de prendre ma voiture. Au bout de vingt minutes de route j'arriva enfin dans le petit bar vide. Seul Ryan s'y trouvait, affalé à une table, le t-shirt complètement déchiré. Ses cheveux tombaient devant son visage mais je pouvais voir son sourire moqueur narguer le pauvre barman qui eut l'air soulagé en me voyant arriver.

-S'il vous plaît, débarrassez moi de lui. Me dit-il avant de s'en aller nettoyer.

Je posa ma main sur l'épaule de Ryan qui ne réagissait même pas.

-Ryan. C'est moi Paige, je vais te ramener chez toi ok ? Lui dis-je doucement.

Il leva enfin la tête vers moi et la secoua pour enlever la mèche qu'il avait devant les yeux.

-Seigneur, Ryan, c'est quoi ça ? Hurlais-je presque en voyant sa lèvre saigner et son œil noircir.

-C'est rien, t'aurais vu l'autre, je l'ai défoncé. Ria-t-il en se levant.

Je dû le retenir pour ne pas qu'il tombe en arrière, ce qui le fit rire de plus belle.

-Où sont tes affaires ? Lui demandais-je et aussitôt le barman me les tendit.

-Merci. Me souffla-t-il tandis que j'essayais d'amener Ryan jusqu'à la sortie puis jusqu'à ma voiture.

-Aller, installe toi. Lui dis-je en ouvrant la portière.

-Non, tu devrais partir. Me dit-il soudainement.

-Tu te fou de moi j'espère, c'est toi qui a demandé à m'appeler. Lui dis-je en croisant les bras sur ma poitrine. Tu te rends compte qu'il est une heure du matin et que je viens de te récupérer complètement torché dans un bar après que tu te sois battu, n'est-ce pas ?

Il s'approcha soudainement de moi et posa sa main sur ma joue.

-Je suis un poids pour toi, je suis désolé... Souffla-t-il en caressant ma peau doucement, ce qui me fit frissonner. Tu devrais rentrer et me laisser, je ne t'embêterai plus.

Je soupira et attrapa son bras avant de le pousser dans la voiture, de refermer sa portière et de m'installer au volant. Puis je me tourna vers lui.

-C'est moi qui ait accepté de venir ici, et c'est moi qui ait accepté que tu fasse partie de ma vie. Tu n'es pas un boulet, et je veux que tu arrêtes de dire ça. Maintenant je vais te ramener chez toi et te soigner, parce que là tu ne ressemble à rien. Lui dis-je sérieusement alors qu'il me regardait ahurit.

Puis on éclata tous les deux de rire pendant plusieurs minutes.

-Ça c'est de la méchanceté gratuite ! Me lança-t-il en riant.

-Je ne serais pas une amie si je ne te disais pas la vérité. Répondis-je en essuyant les larmes qui coulaient de mes yeux à force de rire.

Puis on se calma doucement avant de finalement prendre la route. Je ne pouvais pas m'empêcher de me demander pourquoi il s'était mit dans cet état, quand je remarqua qu'il portait un costume, ou du moins ce qu'il en restait. Je dû contenir ma curiosité, il m'en parlerait s'il en avait envie.