Un cœur brisé

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Des coups à la porte, accompagnés d'appels frénétiques de son amant, retentissaient depuis quelques minutes maintenant.

Hinata s'était enfouie dans ses couvertures sur son lit, avait éteint son téléphone, brisée de chagrin. Cette femme à la bibliothèque, c'était celle qu'elle avait pris pour la petite amie de Naruto le jour de leur rencontre. Elle l'avait reconnue par ses cheveux blonds soyeux et sa voix haut perchée qui ne passait pas inaperçue.

Elle se remémora leur conversation brève mais brutale.

"- Je suis Shion, et vous vous envoyez en l'air avec mon fiancé.

- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.

- D'Uzumaki Naruto. Nous sommes fiancés mais je lui ai permis d'avoir des maîtresses tant que nous ne serons pas passés devant le maire. Seulement...

- Seulement ?

- Je porte son enfant aujourd'hui. Il va devoir stopper ses aventures plus tôt que prévu."

La blonde avait souri d'un air doux, tandis que son propre cœur s'était fendu en mille morceaux. Hinata se remit à pleurer en silence, l'âme déchirée par la souffrance.

Naruto...

Pourquoi avait-il fallu qu'il lui mente de cette manière ? Certes, ils n'avaient pas parlé de lien autre que l'attirance physique entre eux, mais les sentiments s'étaient faits discrets sans pour autant être absents. Sans s'en apercevoir, la brune avait sombré dans l'amour, éblouie et heureuse par la simple présence de son amant près d'elle. Ce week-end avait été une révélation.

Mais ce soir, il en allait tout autrement.

Toutes ses belles illusions sur leur "romance" avaient volé en éclats. La peine immense lui labourait la poitrine, l'empêchait presque de respirer. Rien que d'imaginer Naruto avec cette femme lui filait la nausée, d'autant plus qu'elle avait sous-entendu qu'elle n'était pas la seule maîtresse. Sa propre naïveté la désolait profondément...

Comment un homme aussi charmant, aussi beau, pouvait se contenter d'une seule femme quand il pouvait toutes les avoir à ses pieds ? Et Hinata ne faisait pas exception. La seule chose dont elle pouvait éventuellement être fière, c'était de ne pas lui avoir cédé sa virginité.

Mais cela ne la consolait nullement. Le désespoir l'empêchait de réfléchir.

Les coups à la porte s'étaient tus. La jeune femme ne pourrait plus jamais lui faire face, écœurée et déçue de l'attitude de son voisin. Elle comprenait mieux son amie Sakura.

Mais surtout, elle savait qu'elle allait irrémédiablement souffrir. L'amour n'était pas beau, l'amour n'était que douleur et tromperie. Et elle aurait mieux fait de se casser une jambe plutôt que de se rapprocher du beau pompier volage.

Maintenant, il lui faudrait être très prudente pour ne pas croiser ce traître. Hinata doutait fortement de pouvoir encore lui résister après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble, mais il lui faudrait se faire violence pour ne pas céder. Les sanglots secouaient sa poitrine douloureuse.

Au bout de quelques heures de catatonie, Hinata finit par s'endormir, épuisée, les yeux gonflés, la mort dans l'âme...

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Le lendemain, un sentiment puissant de désolation l'accabla. La jeune femme avait mal dormi, cherchant un corps viril sous les draps, ne le trouvant pas, ce qui la réveillait régulièrement et la replongeait dans le tourment. Il lui faudrait beaucoup de temps pour se remettre d'un coup aussi dur.

Le sourire de Naruto lui restait parfaitement en mémoire, semblait si droit et honnête... La douleur en fut d'autant plus grande que l'amour qu'Hinata lui avait porté était intense sans qu'elle s'en rende compte. Elle eut presque envie de disparaître.

Pour la première fois, la brune appela la bibliothèque pour se faire porter pâle. Il lui était impossible de se lever et d'affronter la réalité maintenant. Elle avait besoin d'un peu de temps, de sentir son corps moins lourd de chagrin. Une migraine atroce lui vrillait les tempes, la nausée la secouait, les courbatures d'avoir trop pleuré la torturaient.

Mais elle parvint quand même à se lever et à se traîner lamentablement vers sa salle de bain pour prendre une douche brûlante. Après cela, elle se mit en pyjama et retourna se coucher, exténuée. En position de chien de fusil, la jeune femme laissa le sommeil la cueillir sans lutter.

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Quelques heures plus tard, un contact léger sur sa tempe finit par la sortir de sa léthargie. Hinata ouvrit les yeux, toujours en proie à l'épuisement. La main était douce et féminine, loin de cette chaleur familière qui ne viendrait plus l'approcher.

- Hina ?

C'était Temari. La brune tenta de se redresser légèrement, mais elle manquait singulièrement de force et retomba sur l'oreiller.

- Temari ? Qu'est-ce que tu fais là ?

- J'ai essayé de t'appeler toute la journée mais ton portable est éteint. Et quand j'ai tenté de te joindre à la bibliothèque, ils m'ont dit que tu étais malade. J'étais inquiète pour toi.

La blonde lui sourit avec compassion.

- Et tu oublies que tu m'as donnée le double des clés.

- Ha oui, c'est vrai...

Il fallait dire que le champs de ses pensées s'était vachement restreint depuis la veille.

- Que t'arrive-t-il, chérie ? C'est à propos de Naruto ?

Hinata s'effondra en sanglots, la tête dans son oreiller. Quelques minutes plus tard, une fois à peu près calmée, la brune s'essuya les yeux brûlants. Elle se sentait pitoyable.

- Tu veux que j'aille lui dire deux mots ?

Cette phrase eut le mérite de la faire sourire, parce que quand Temari voulait dire deux mots à quelqu'un, cette personne s'en sortait rarement indemne. Malgré tout, Hinata ne voulait pas créer de problème à qui que ce soit.

- Non. Mais merci de ton soutien.

- OK. Ça me plaît pas des masses mais je me range à ton avis. Par contre, tu vas me faire le plaisir de manger un peu ce que je vais te préparer.

La brune hocha la tête faiblement.

L'Eau et le FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant