Tout amour est une servitude. Henry de Montherlant

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Petit chapitre maintenant car je ne sais pas si j'aurais le temps ce week-end, saint Valentin oblige ^^ Laissez une trace de votre passage 😉


Je n'ai pas vu le trajet passer, en même temps de chez-moi au lycée à pied, il me faut à peine dix minutes, alors en voiture...

Arrivé au stade les esprits de sainteté sont déjà là, il y a une immense table en bas des gradins avec des tonnes de gobelets de toutes les couleurs. Le coach beugle déjà ses ordres à qui veux bien les entendre.

- C'est quoi la suite des réjouissances ? Je leur demande en claquant la portière.
- Nous, on cavale toi, tu dragues. Réponds le sportif en haussant un sourcil moqueur, le blond se marre et moi...

Moi, je baisse le nez pour cacher mon sourire.

Idriss écrase une de ses énormes paluches sur mon épaule pendant que Bryan part en direction des vestiaires.

- C'est sympa c'que tu as fait l'autre jour.
- J'suis pas sûr que ton cousin me dirait la même chose.
Je réponds en me marrant, enfin vite fais, car j'ai mal aux dents.
- M'en fou de lui. Il hausse les épaules. Il a eu ce qu'il mérite. Tu sais, j'm'en fous s'il se passe un truc entre Louis et toi, tout ce que j'voudrais, c'est que tu ne le prennes pas pour un con, me regarde pas comme ça et je sais que si c'est lui qui fait le con, c'est Bryan qui lui ratisse la tronche.

J'opine du chef, toujours en me marrant. On rejoint tous les autres et surtout le blond. Dans les vestiaires, il y a des gars plus ou moins à poil.

Ça ne me fait rien.

Vraiment rien.

Le blond me regarde, il fronce les sourcils, je le regarde et hausse les épaules.

- Souci ? Il me demande dans un murmure.
- Y m'font rien. Je lui réponds de la même façon.
Il se marre, je le rejoins.

C'est peut-être que lui ? Franchement, je n'ai pas envie de me prendre la tête, pas aujourd'hui.

Une masse brune hurlante et un poil brutal me saute sur le dos et me fou un coup dans les dents.

Je grogne et calme mes envies de meurtre.

- Ho pardon ! Pardon ! Pardon ! Elle me dit en passant de mon dos à mon torse cette fille est croisée avec un singe c'est pas possible autrement.

Je me tiens ce qu'il me reste de mâchoire et lui rend son câlin.

Dans mon dos, j'entends le couple de blond se dire bonjour, au passage, elle vanne le sportif. Le rire, son rire, me fait frissonner. La belle brune fixe son regard dans le mien, c'te garce savait. Putain, ouais, elle savait. Je la serre un peu plus fort contre moi.

Bon et bien comme dirait Bryan, il est temps de porter mes couilles.

Il est là, dans toute sa splendeur, sa saloperie de sourire de vicelard aussi quand il pose ses yeux sur moi.
Son bleu jaunit, ce n'est pas très beau, et il à une main sur ses côtes, je grimace.

- Bon ! Jeunes gens ! Il est temps bougez-vous ! Beugle le coach en nous faisant sursauter. J'enfonce mes mains dans mes poches et me marre, franchement, on ressemble a quoi ?

Y'a d'quoi se marrer sec quand même ! C'est risible, faut être lucide.

Les nanas se dirigent d'autorités vers le stand des boissons, il y a aussi deux énormes glacières, je ne les avais pas vues. Je crois que pour le snack s'est mort vu qu'elles sortent de quoi faire des casse-croûte.
J'espère qu'elles ne sont pas timides, j'ai faim.



*************


Les gradins sont pratiquement déserts, on doit être quinze à tout casser. Je me pose à l'endroit le plus reculé, celui qui donne sur la loge du gardien.

Cette fameuse loge, ce que j'ai pu y traîner des poufs ! Elle n'est jamais fermée, un poil crasseuse et pleine d'araignées.

Ces petites bêtes ne m'ont jamais dérangé, en même temps ce n'était pas ma priorité.

Je le sens s'asseoir à côté de moi, je l'entends souffler.
Il a mal.

J'peux pas serrer les dents, je m'adosse contre les sièges de derrière et souffle.

- Pour l'autre fois... Je voulais te remercier.
Je souris sans lui répondre, son genou touche le mien, normalement, je me décalerais.

Normalement.

Là, je le regarde et ne bouge pas, quand je lève les yeux vers lui, il me regarde avec son vieux sourire de vicelard.
Je décale ma jambe, tout en continuant à le fixer en haussant un sourcil le tout accompagné de mon sourire de branleur.

Il empoigne mon jean et rapproche nos deux jambes, quand elles se percutent, il me défie du regard de bouger. En temps normal, par pur esprit de contradiction, je me bougerais, mais là, je n'ai pas envie.

- Je peux te poser une question ? Je lui demande en me décalant de façon à être pratiquement face à lui, nos genoux toujours en contact. J'ai l'impression que je ne pourrais plus jamais me passer de ce contact.
- Pose toujours. Son regard sombre s'adoucit un peu.
- Pourquoi tu t'es laissé tabasser ?
- Je n'ai pas pu le frapper
. Il m'avoue dans un souffle.
Je fronce les sourcils, je ne comprends pas.
- Tu as déjà aimé quelqu'un ? Vraiment aimé, j'veux dire.

Je n'ai pas besoin de réfléchir trop longtemps, non, non, je n'ai jamais aimé quelqu'un autre que ma mère. Aucune nana ne m'a jamais fait me retourner. Mais je me vois mal lui dire qu'à part ma mère aucune femme ne m'affole.

Je secoue la tête de gauche à droite.

- Moi si, crois-moi, j'étais raide dingue de ce gars. Il se tait une petite seconde, perdu dans ses souvenirs. J'avais envie de lui en coller une, vraiment envie, mais je ne pouvais pas. Il hausse les épaules. Je ne l'ai pas fait pour lui, mais pour ce que nous étions. Il termine en baissant un peu les yeux.

Une petite pointe de colère me serre le ventre. Je souffle par le nez et serre mes poings qui sont toujours dans mes poches.

- Et maintenant ? Je lui demande avec une voix étranglée, c'est bien la première fois que je me sens aussi mal à l'aise.
- Pour moi, il est mort depuis que je l'ai vu avec un pote du campus dans mon lit, chez moi.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire, je baisse le nez pour essayer de me cacher, mais je crois que c'est mort vu comment il me regarde. Ses deux orbes noirs fondent sur moi et me transpercent. Je frissonne et souris encore plus.

Un silence confortable s'installe entre nous. Les bruits des gars sur le terrain ne fait que me chatouiller les oreilles, je n'entends que sa respiration calme et profonde, je suis sûr que si je me concentre, je pourrai entendre les battements de son cœur.

Il se penche vers moi, on est pratiquement front à front, son souffle aux arômes de cassis et de menthe me donne l'eau à la bouche.

- Je suis du genre possessif. Il me dit d'une voix basse et rauque.
Je roule les épaules pour relâcher un peu de pression.
- Je suis aussi du genre attache et emmerde.
Je souris.
- Je m'assume totalement. Il termine toujours aussi proche de moi.

Il me fixe intensément, je ne sais pas s'il respire, mais moi, je suis à deux doigts du malaise. Je ne suis jamais tombé amoureux, je ne comprends pas tellement ce principe d'ailleurs, mais ce qui est à moi est à moi, point barre fin de l'histoire.

Je ferme les yeux histoire de me reconnecter avec la réalité.

- 'Suis possessif. Je gronde à voix basse, je ne me connaissais pas ce timbre.

Il sourit.

Je sors mes mains de mes poches.

- Je veux bien goûter à la monogamie. Je m'entends lui dire.

Son sourire s'élargit.

- Pour ce qui est de m'assumer. Je fronce les sourcils, c'est peut-être un peu trop me demander là tout de suite. Je sais que je pourrais le faire quand j'en aurais parlé à ma mère. J'suis un bon fils à sa mère, faut pas l'oublier, j'suis aussi un bon branleur donc je ne veux pas lui parler tout de suite.

- Je sais être patient. Il me chuchote toujours yeux dans les yeux.

Nos fronts se touchent toujours, ses mains sont proches des miennes, j'ai l'impression que le temps, c'est arrêté, qu'il attend ma décision pour reprendre sa course effrénée.

Du bout des doigts, j'effleure sa main, il baisse son regard et suit mon geste, je le vois frissonner sous ma caresse. Je sais que c'est à moi de l'embrasser, je le sais, c'est pour sceller notre accord, il me donne du temps pour assumer et je deviens monogame et gay par la même occasion.

Je pourrais dire bi, mais non, les filles me semblent bien fades en ce moment même. J'en ai sauté des vraiment belle, aucune, vraiment aucune, ne m'a fait ressentir ce que je ressens en ce moment. Je ne crois pas qu'un autre gars me fera cet effet, juste lui.

Franchement, je n'ai vraiment pas envie de me prendre la tête, pas maintenant.

Je me penche vers lui, et scelle notre accord.
J'embrasse de moi-même un gars, pas juste un gars Louis et putain ce que j'aime ça !
Il ne s'en contente pas, il s'accroche à mon col et plaque ses lèvres plus fort contre les miennes, ce n'est pas tendre. Ce n'est pas un bisou de nana, c'est un bisou d'homme, il est fort et viril, cette fois-ci, je ne sens pas ses dents.

Il a toujours une main sur ses côtes, l'autre passe de mon col à mon coup, je colle une des miennes sur son torse endolori, juste au-dessous de la sienne et l'autre derrière son crâne.

Je ne sais pas combien de temps on est resté ici sur ces vieux sièges pourris à s'embrasser, pour le coup, il m'a semblé que c'était le plus bel endroit du monde.


AdamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant