Le vrai père est celui qui ouvre les chemins par sa parole. Christian Bobin.

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A la base ce chapitre n'avait pas lieux d'être, mais je me suis dis pourquoi pas ? Alors voila, comme toujours dites moi ce que vous en pensez !

Dernière petite chose, Adam se finit au chapitre prochain!! J'avoue je suis un peu, beaucoup, triste mais, l'important c'est que l'aventure vous est plus !!!!!

Bon dimanche à tout le monde :)


- Asseyez-vous ! Beugle de nouveau la directrice, elle doit bien avoir répété cette putain de phrase une bonne quinzaine de fois, mais j'suis pas foutu de tenir en place. Ça fait à peine neuf minutes que l'ambulance à quitter le lycée, normalement, ils ne vont pas tarder à arriver.

Je grogne une nouvelle fois contre la terre entière avant de faire les cent pas devant la fenêtre. Le blond est en bas, il n'a pas levé le nez une seule fois depuis qu'il l'a appelé il y a très exactement trois minutes.

J'ai envie de le tuer.

- Monsieur Laurence.
- Quoi ? !
J'hurle en me retournant, la femme devant moi à un mouvement de recul et s'accroche à son bureau en bois.

J'n'ai pas besoin de miroir pour savoir la tronche que j'ai, j'ai mal à la tempe, ma lèvre est gonflée, je vois trouble de l'œil droit et j'ai encore la nausée, mais ça s'est juste l'état physique. Elle n'a pas fait deux pas vers son mur à cause de ma sale tronche, mais plutôt à cause de mon regard, ouais, j'en suis sûr qu'il est plus que noir, plein de hargne et de haine.

Je me détourne et reprends mon va-et-vient devant sa fenêtre, je me stoppe et l'ouvre, faut que je respire sinon je vais repeindre son tapis bleuté.

Même si je le voudrais je ne peux pas me barrer par cette ouverture, j'suis trop gros pour passer par les barreaux, avant oui, je pouvais, avant.

Je pose mon front sur les barreaux froid et la terre arrête enfin de tourner autour de moi, je ferme les yeux et essais de respirer par les nez le plus calmement possible. Mes mains sur le bac en PVC gris me soutiennent, dessus, je sens des petits doigts me gratter, Estelle essaie d'attirer mon attention.

Je grogne pour lui faire comprendre que je l'écoute, enfin que je suis présent.

- Jess m'a promis qu'elle m'appellerait quand elle en sera plus. Elle me parle d'une toute petite voix, comme pour amadouer un animal blessé.

J'opine du chef, mais n'ouvre toujours pas mes paupières.

- Adam. La voix de Bryan me fait tirer la tronche, j'ouvre d'un coup les yeux. Autour de moi, le monde reprend sa course, mes trois neurones partent de nouveau en vrille et la bile me monte. Je sais ce que je fais. Il termine en enfonçant ses mains dans ses poches.

Je me recule et referme la fenêtre sans le quitter du regard et sans lui adresser le moindre mot par la même occasion.

Je me tiens par le rebord, j'ai l'impression que mes jambes pourraient me lâcher d'une seconde à l'autre et mon estomac se déverser à tout moment.
Dans le couloir, j'entends un sacré bordel, des cris, des supplications, quelques menaces et un juron qui me fait froid dans le dos.

Le pater' est là.

Bordel.


Je lève les nez vers le plafond et inspire profondément, je profite de chaque bouffée d'air avant que ma sentence ne tombe.

Dire que je viens de me rendre compte que j'suis amoureux...

Bordel de bordel.

La porte de cette prison s'ouvre d'un grand coup et sa silhouette se dessine dans le contre-jour.
J'ai pas le courage de lancer les hostilités, non, je préfère profiter des derniers frissons de ma révélation, alors je baisse le nez vers lui et j'me la ferme.

Sans un mot, il entre dans la pièce, passe sur ma droite, décale une chaise et se détourne pour ouvrir de nouveau la fenêtre, en passant de nouveau devant moi, il pose une grosse paluche su mon épaule et me dirige doucement vers la chaise qu'il vient de bouger.

Si je n'étais pas aussi con, je me retournerais et me calerais contre lui, pour chialer où pour hurler toute ma rage. Mais non, je suis Adam, Saint patron de la délinquance juvénile et surtout parfais branleur de mon état. Je me contente de me poser en calant mes deux mains sous mes cuisses et mon dos contre le dossier. Sur ma gauche, j'entends l'autre chaise racler le sol, il la rapproche de moi et se pose enfin. Je ne le regarde pas, ni lui ni personne, je me contente de regarder droit devant moi.

- La théorie voudrait que je m'excuse de mon intrusion, mais je ne le ferais pas. Lui dit le pater' en guise d'entrée en matière.

De l'autre côté de la table, j'entends la doyenne prendre une grande inspiration, j'me mords l'intérieur de la joue pour ne pas me marrer.

- Monsieur c...
- Ne perdons pas de temps, je ne sais pas pour vous, mais le mien est précieux
. Il s'arrête et pose ses coudes sur la table, le fait de suivre son mouvement du regard me fait une nouvelle fois vriller le crâne, mais le spectacle vaut le détour. Pour commencer. Il lève son pouce droit et appuis son index gauche dessus. Comment expliquez-vous le fait que ce soit un élève qui me contacte pour me prévenir que mon fils est ici au lieu de vous ? Si lui a eu le temps de le faire alors vous aussi. Il lève son index droit et appuie le gauche dessus, la doyenne essaie de l'ouvrir, mais il la coupe sans hausser le ton. Que les choses soient claires, aujourd'hui il y a eu une altercation entre tous vos élèves pour la simple et bonne raison que mon fils et son copain sont venus au lycée en couple le plus simplement du monde.

Mon estomac, mes tripes et tout le reste se font la malle, une grosse, énorme, goutte glaciale parcourt centimètre par centimètre mon dos, je suis littéralement arrivé au bout de ma vie.

Je ne bouge pas d'un poil, le nœud du bois du bureau en face de moi est tout à fait fascinant pour le coup.

Ouais, sublime.

Le mari de ma mère vient d'exposer ma vie amoureuse devant une, plus ou moins, étrangère, non en fait, il vient de dire comme ça normal que j'suis avec un mec et que je peux débarquer ici main dans la main avec lui normal, comme un couple normal.

Finalement, j'crois que je vais vivre quelques années de plus.

Sa main se pose une nouvelle fois sur mon épaule, normalement, je devrais me tourner vers lui et le remercier d'un sourire, normalement. Je me contente de baisser le nez.

Je baisse le nez devant le pater', le mari de ma mère, ce grand con constamment absent.

J'ai beau faire, mais je ne peux m'empêcher de sourire.

Il retire sa main et me tend rapidement avec un mouchoir, je lui prends en articulant un très faible "merci". Pendant que J'essaie de me faire un ravalement de façade, il reprend son discours.

- Adam, Bryan et beaucoup d'autres son tout simplement montés au créneau car leurs amis et petit ami pour mon fils s'est prit un coup sur la tête, ces adolescents ont tout simplement réagi.
- La violence n'est pas une réponse acceptable Monsieur Laurence !
S'énerve la bonne femme en lui coupant la parole et en claquant ses deux mains à plat sur la surface devant elle.

Pour le coup, je n'ai pas besoin de tourner la tête vers lui, car je sais parfaitement ce qu'il fait, il s'est bien installé sur son assise, s'est redressé de façon à être le plus droit possible, a joint ses deux mains devant lui et a pris une très grande inspiration, ça, je l'ai parfaitement entendu.
Bye la doyenne, ce fut un plaisir d'avoir squatté votre bureau un certain nombre de fois.
- Comment voulez-vous qu'ils leur répondent ? En leur tendant la main et en leur proposant d'aller boit un café ? Dans quel monde êtes-vous ? Il lui demande sans attendre qu'elle ne lui réponde, là, je peux dire que le temps de chauffe est terminé, il est chaud. Ce n'est pas une simple dispute un peu mouvementée, non, c'est une attaque contre un couple homosexuel, c'est un acte homophobe.
- Personne ne leur a demandé de s'afficher !

Un coup d'électricité m'a fait tourner le nez vers cette connasse, je ne me fie pas à mon crâne qui part en vrille ni à ma nausée qui se fait plus forte. Je n'ai pas le temps de répliquer quoi que ce soit que le pater' lui répond avec un ton qui glacerait n'importe qui.


- Donc, puisque qu'ils ne rentrent pas dans les cases des bonnes mœurs, ils n'ont aucun droit et doivent rester cloîtrés chez eux comme des animaux ? Elle essaie de broncher, mais elle se fait vite couper d'un simple claquement de doigts, j'ai eu le droit à ce geste une seule et unique fois, ce souvenir me fait encore trembler. Je devrais peut-être me lever et demander à sa secrétaire de creuser sa tombe et d'envoyer les faire part de décès... Non, j'aime trop ce spectacle. Que je sache vous ne dites rien et ne faites absolument rien contre tous ces couples hétérosexuels qui s'affichent, pour reprendre vos propres mots, et qui se donnent en spectacle sur les murs où dans les toilettes de ce lieu d'éducation ? Ni à toutes celles qui perdent leurs innocences dans les toilettes, au mieux, et encore moins à ceux et celles qui vendent et consomment des drogues dures ? Je vous parle aussi des trop nombreuses rumeurs qui circulent sur votre compte ainsi qu'a votre incapacité de gérer cet établissement ?

Ce coup-ci je me tourne vers le grand chauve, il y a des choses dont je ne suis pas au courant où alors il bluffe, vu la tronche de la bonne femme non il ne bluffe pas.

- Nous allons nous mettre d'accord sur le fait que ni mon fils, ni aucun de ses amis n'auront de retomber ou quoi que ce soit, que chacun des enfants qui sont à l'heure actuelle au poste vont avoir le droit à un appel de votre part pour qu'ils puissent sortir. Demain à la première heure, je vais aller à ce même poste de police et porter plainte contre vous et les autres idiots qui ont osé lever la main sur Adam et ses amis. Je veux aussi que vous appeliez chacun des parents de chaque gosse pour leur expliquer ce qu'il s'est passé réellement, je ne parle pas évidemment des excuses publiques que vous ferez quand Louis sera de retour.

Sur ce, il n'attend pas qu'elle lui réponde, il se lève, regarde son portable et s'avance vers moi.

- Viens Adam, on le voir. Je ne cherche pas spécialement à comprendre, je me lève, mais chancelle aussi sec, d'un geste doux, il me rattrape par le bras et me soutient. Je ne le rejette pas.

C'est juste parce que je suis en position de faiblesse.
J'ai une sorte de trou noir jusqu'à la voiture, tout ce que je sais, c'est qu'il continue à me tenir et que sans lui, je me mangerais le sol. Devant la carlingue, le couple de blond nous attend, Estelle range rapidement son portable dans sa poche et s'approche de moi à grand pas, son copain reste un peu en retrait.

- Attends. Dit le grand chauve en faisant attention au fait que je ne me retrouve pas sans soutiens. Il ouvre rapidement la portière de la place du mort, je m'y traîne d'un pas lent, une fois posé, c'est Bryan qui vient attacher ma ceinture, on se regarde vite fait, mais on ne se parle pas. Pendant ce temps, le pater' échange quelques messages sûrement avec ma mère.

Tout le monde prend place autour de moi et la bagnole ronronne enfin.


AdamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant