— Tu te sens bien ? demande ma mère torchon en action sur nos bols.
— Oui pourquoi ?
— En partant du principe que tu regardes depuis dix minutes le rouleau de sopalin, je n'ai pas l'impression que tu ailles vraiment bien. Je me redresse et frotte mon visage des deux mains, hier soir quand je suis allé courir, je me suis retrouvé dans les gradins. Mais comment j'ai fait pour me retrouver là-bas, tout seul, comme un con? Je ne le dirai à personne, je me sens bien trop abruti pour m'en vanter.
— Ça va, je lui réponds en me levant, l'embrasse sur la joue et pars en cours.
— Mon fils qui part en cours sans cris ni sommation et sans ronchonner... À part ça tout va bien, je l'entends marmonner avant de claquer la porte.
Il y a un truc que je ne comprends pas, comment est-ce qu'un gars peut me rendre aussi mal ? Sûrement parce qu'on ne chasse pas les mêmes proies. Ouais, c'est carrément ça ! C'est ni un allié ni un concurrent voilà, j'ai trouvé allez hop, on passe à autre chose ! Au lycée, je pars directement derrière le gymnase, j'ai besoin d'un petit remontant matinal, en parlant de remontant il faudrait que je passe voir Laura. Sur le chemin, il y a pas mal de bruit, j'entends des éclats de voix de la part des jumeaux et de Bryan.
J'accélère le pas, c'est plutôt rare dans le genre. Un des doubles se tient le ventre pendant que l'autre s'essuie la lèvre, Bryan tremble de tout son corps. Je pose une main sur son épaule pour qu'il me remarque et la serre un peu pour éviter qu'il leur saute dessus une nouvelle fois. Pas pour lui, mais pour eux, faut pas croire, mais c'est une force de la nature, il est pas mal nerveux. Les jumeaux comparés à lui sont de vrais trouillards. Je me place un peu devant lui histoire de faire rempart entre eux.
— Une querelle d'amoureux ? je demande sans pour autant quitter les deux autres des yeux.
— Connard ! crache Bryan avant de se barrer. J'irai le voir plus tard, de toute façon, il ne parlera à personne même pas à Estelle, je le connais, il est un peu con sur les bords.
— Ton pote là, c'est qu'une salope ! crache Lorris en ouvrant une bière. Je ne lui réponds pas, mais ne le lâche pas du regard pour autant. Après un moment de silence, son double explose, tellement prévisible.
— Sérieux, il se prend pour qui ? On peut rien dire sur sa p'tite pute! C'est qu'une pouffiasse parmi tant d'autres !
Je chauffe. Sa pute?! Estelle n'a rien d'une salope qu'on baise juste comme ça, elle est juste géniale comme meuf!
— Laisse ce con est touché par la grâce, il se croit amoureux la bonne blague ! Je fais tourner ma bière entre mes mains et soupire.
— J'suis sûr que je peux me la faire dans les chiottes sa put.. Il n'a pas le temps de terminer sa phrase que je me lève d'un bond et lui enfonce mon poing dans la gueule, le tout sans faire tomber ma cannette. La classe, le branleur.
Son frère se jette sur moi et m'enfonce son coude entre les omoplates, ça fait mal... enfin, j'aurai mal quand je me serai calmé car pour le moment je veux juste leur en mettre plein la gueule. Dire ce genre de choses de la petite blondinette m'a chauffé un max. C'est la meuf de mon meilleur ami, et lui, je sais quand il est sérieux ou non, et là avec elle, il l'est. C'est rare venant de nous, alors quand on l'est c'est pas du flan. D'un mouvement d'épaule, je le dégage de sur mon dos, il tombe comme une merde sur le sol, au passage, je lui écrase le genou. C'est le pater' qui m'a montré comment faire, même si je ne l'aime pas lui, ces techniques de combat sont vraiment pas mal. D'ailleurs, c'est bien grâce à ça que je me débarrasse des deux cons en un rien de temps. Je suis sûr qu'il y en a un qui a le bras cassé, j'ai un peu trop forcé sur la clef de bras. Tant pis, c'est pour la petite blonde. L'autre a un genou en kit, ça c'est pour le grand blond.
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Adam
Romansa( finit) Adam, se définit lui-même comme un bon branleur, mais comme tout ado, au fond, il ne sait pas vraiment qui il est. Bien installé dans ses habitudes, en colère contre le monde entier et plus particulièrement contre son père, ce jeune homme...