Qui frappe reçoit des coups, telle est la règle. Pindare

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Chapitre a la va vite pendant ma pause.

Bryan s'est calmé bien vite, il s'est même intéressé de plus près à mon repas chez les parents de Louis. J'peux pas vraiment lui en vouloir, dans son cas, je ne sais pas comment je serais.

Il y a un accord tacite entre nous deux : aucune nana ne foutra la merde, point barre dinde l'histoire, enfin en plus des nanas, on va rajouter Louis.

Il sera le seul. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je le sais. Peut-être que Jess a raison que je ne suis pas qu'attirer par son physique, mais aussi par ce qu'il est.
J'sais pas, puis je n'ai pas du tout envie d'y réfléchir.


*********************


- Ça fait un moment que tu ne m'as pas dit que tu séchais. Me dit ma mère, torchon en action, elle sort un paquet de céréales et le pose devant moi. Le pater' n'est pas là, étrange. J'ai presque commencé à m'habituer à son crâne dégarni qui me saute aux yeux tous les matins.
- J'ai pris en compte ton désir de faire de moi un élève modèle. Je lui réponds avec mon éternel sourire de branleur, auquel elle me répond en levant les yeux au ciel. Elle a beau faire, je sais de qui je tiens mon éternel rictus. Ne t'inquiète pas, je les cumule pour me faire un rab de vacances. Je termine en remplissant mon bol.
- Même pas en rêve mon grand. Bon... Elle se pose en face de moi et noue des doigts, je vais avoir le droit à un interrogatoire en règle. Mes trois neurones sortent de leur léthargie habituelle et ça fait « tilt » là-dedans. Si son mari n'est pas là ce n'est pas pour rien.

Bordel.

Je tends les jambes devant moi et essais de ne pas paraître stresser. Ma mère est en mode « proie verrouillée »...
- Donc ?
- Donc, quoi ?
J'ai l'immense connerie de lui demander, un jour faut que j'apprenne à la fermer.
Elle hausse un sourcil et son rictus s'agrandit un peu plus. Je crois qu'il est temps de réciter une petite prière.
- À qui appartiennent les pieds qui étaient dans ta chambre l'autre jour ?

Joker ! Ouais joker ! Comment te dire maman que je me tape un mec et que c'est pas qu'un délire... Non Ba non ça ne se dit pas.

Bon branleur de base bonjour.

- À une personne. Je lui réponds en plongeant ma cuillère dans mon bol.
- Cette personne a-t-elle un prénom ?
Une grosse goûte glacial roule sur ma tempe.
- Comme tout bon être humain ses parents lui ont donné un patronyme.
Le regard de ma traqueuse se fonce, j'suis dans la merde.
- Ses parents... Comment sont-ils ?
Oula oula oula, c'est la grosse galère, je sens son piège se refermer sur moi. Je regarde partout autour de moi, toutes les portes et fenêtres sont fermées, elle a prévu le coup. Puis maintenant, je suis trop gros pour me barrer par la fenêtre du débarras.
- Ils ont deux bras et deux jambes, j'imagine.
Elle plisse les yeux, ce ne sont plus que deux fentes.
- Donc tu les as vus. Je me sens me décomposer. Et vu la bouille que tu tires, tu sais que tu es foutu. Aller crache Adam. À qui appartiennent ses pieds ?

Je dis où je dis pas ? Franchement s'il y a une quelconque divinité qui ne me hait pas se serais chouette de rappliquer maintenant !

Cette femme est un robot, elle n'a pas bougé d'un quart de millimètre, elle se contente de me fixer à eux son sourire à la noix.

Non, c'est un monstre, ouais un monstre.

- J'attends.
-J'veux pas te le dire
. Je lui murmure honteux.
- Ça, j'ai bien compris, je peux au moins savoir pourquoi ?

Par ce que c'est un mec qui partage mes moments les plus intimes depuis quelques jours. Non, définitivement non.

- Ho Adam, tu fous quoi ? Beugle Bryan en rentrant dans la cuisine. Je n'ai jamais été aussi heureux de le voir lui. Il se colle au mur quand me mère se retourne vers lui, à mon avis, il a eu le droit à un regard qui tue.
- Passez une bonne journée les garçons. Dit simplement notre bourreau en se levant et quittant la pièce.
Je ne me suis pas fait prier deux fois pour m'éjecter d'ici.

- Il s'est passé quoi ?
- Elle a essayé de me cuisiner
. Je souffle en faisant les gros yeux.
- Outch, un jour il...
- Un jour comme tu dis. Je le coupe.


******************


On rejoint tout le monde derrière le gymnase, on se marre bien, forcément Bryan raconte mon interrogatoire de ce matin. Louis ne, je prends pas mal, il m'a dit qu'il me donnait du temps, il n'est pas chien pour ça.

Quand ça sonne, on se dirige, c'est la salle de philo. Je ne le dirais jamais à voix haute, mais ce cours est un de mes préférés depuis peu.


**************


En plein milieu du cours, la vibration de mon téléphone me réveille, ce n'est pas par ce que j'aime aller à ce cours qu'il m'intéresse, puis mon voisin qui bâille aux corneilles ne m'aide pas à rester éveillé.


« Ce soir au dojo »



Cela vient du blond, le dojo est l'endroit où les jumeaux sont chaque jeudi soir. Je n'aime pas cet endroit, je le trouve fourbe. Sérieux comment font ses cons pour respecter un gars qui prend plaisir à leur taper dessus. Qu'on ne parle pas de maîtrise de soi et de, je ne sais quelle autre connerie, qu'ils cavalent un peu une fois bien vidé, ils seront calmes.

Merde, je ressemble au pater'.

- J'imagine que je ne suis pas convié ? Me demande Louis en regardant mon portable.
Je le range et en profite pour poser ma main sur sa cuisse, non sans avoir regardé autour de nous.
- T'imagine bien. Je lui réponds.
- Je sais me défendre.
- Sûrement, mais non.

Il a de la force, je le sais, la différence entre lui et moi, c'est qu'il est tout en longueur alors que moi, je suis taillé dans la pierre. Puis ce n'est pas tant une question de force. Je ne veux pas, c'est tout.

- Je passe chez toi ce soir où demain matin, cherche pas t'as pas le choix.
Je referme mon clapet et m'enfonce sur ma chaise.
- Tu prends le risque de te bouffer le mur une autre fois ? Je souris comme un bon branleur que je suis.

Il se tourne vers la classe tout le monde parlent en même temps, oui c'est le jour du débat.
Il se penche rapidement et m'embrasse la commissure des lèvres.
Je regarde autour de moi tous les moutons sont absorbés par je ne sais quel nouveau délire du prof.
Si je portais vraiment mon service, trois pièces, je lui prendrais la bouche, mais je me contente de plaquer une main contre sa cuisse et de la rapprocher de la mienne.


********************


La journée se passe rapidement.

Le soir, au dojo, Bryan ne tient pas en place, le soleil décline doucement quand les deux têtes de con se pointent enfin.

Une petite vieille est assise sur le banc, elle nourrit les piafs, je crois.

Mon meilleur ami se jette sur eux, il en chope un et le frappe de toutes ses forces, forcément son double lui saute sur le dos. Je le lui arrache et le balance au sol. Tout s'enchaîne très vite, je me bouffe quelques coups, ma mâchoire me fait de nouveau un mal de chien. Bryan jure en se prenant un coup de genou dans le ventre, puis il déconnecte. Je le vois prendre son adversaire et lui faire manger la roche à grands coups de taloche dans le dos. Le double essaie de me chopper ma clavicule. Grosse erreur. Je serre mes doigts autour de sa gorge et avec mon autre main, je lui fais remonter des tripes. Quand il touche le sol, je vois la petite mamie au téléphone toute tremblante.

Et merde !

Je chope mon meilleur ami par la manche et l'attire vers moi.

- Flic. Je lui siffle en pointant le banc maintenant vide.
Il ne cherche pas à comprendre plus il m'emboîte le pas et cavale à toute allure.


*****************

Devant chez nous, on souffle comme des bœufs. Enfin rapidement, car il y a bien pire que les flics.

Le pater' et ma mère sur le perron en grande discussion avec les parents du blond. Lui et moi, on se regarde, sans un mot, on tente un demi-tour.

- Les garçons.
Les voix mélangées de nos parents résonnent dans la nuit.

On se fige, se regarde une nouvelle fois, il se frotte la nuque et moi le visage avec mes deux mains.

Adieu monde cruel, c'était sympa d'avoir foulé tes terres.



AdamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant