XVI - Leçon de vie

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Nous sommes en cours de français et nous faisons un exercice de grammaire que le professeur nous a demandé de faire. Oscar et moi avons fini depuis longtemps, mais la grande majorité de la classe n'a même pas fini voire commencé. Pourtant c'est loin d'être quelque chose de compliqué. Le prof était même désespéré en voyant que la moitié de la classe ne savait toujours pas ça. Ça va être marrant le jour du bac de français.

Le prof remarque que nous avons fini et demande à Oscar s'il peut aller au tableau pour aller corriger l'exercice, qu'il accepte volontiers. Sauf que les autres de la classe se mettent à rire et à l'insulter avant même qu'il ne soit arrivé au tableau. Oscar ne se retourne pas pour autant, mais les rires ne s'arrêtent pas.

– Je peux savoir ce qui vous fait rire ? demande notre professeur de français au bout d'un moment.

– C'est moi qui les fait rire, lui répond Oscar. Là, je ne sais pas ce qui est drôle sur le moment. Mais Nathanaël et moi, on les fait rire.

Le professeur me lance un regard avant de se tourner vers Oscar.

– Et pourquoi vous les faites rire ?

– Peut-être parce qu'on est deux garçons qui s'aiment ?

Le prof grimace un instant et je me demande bien à quoi il pense à cet instant là. Peut-être qu'on le dégoûte maintenant, lui aussi ?

– Tu peux retourner à ta place ? demande gentiment le prof à Oscar.

Il vient s'asseoir à côté de moi et me regarde en souriant. Je frôle sa main et l'attrape pour la serrer contre la sienne.

– Donc deux personnes qui s'aiment, ça vous fait rire ? reprend notre professeur.

– Mais c'est différent avec eux, m'sieur, répond Elyas.

– Ah oui ? Et en quoi c'est différent ?

– Parce que c'est deux garçons. Et que les garçons doivent aimer les filles, pas les autres garçons.

Le prof laisse échapper un rire.

– Donc pour deux garçons tu trouves ça dégoûtant ? Et si c'était deux filles, tu en penserais quoi ?

– C'est différent pour deux filles, commence Elyas mais le prof l'arrête.

– Non, ce n'est absolument pas différent. Alors oui, peut-être que deux filles c'est plus beau à tes yeux, mais c'est pareil.

– Mais c'est dégoûtant ! En plus Nathanaël, il ressemble un peu à une fille !

Tout le monde se tourne vers moi en riant alors que je baisse la tête honteux. Oscar passe son bras autour de moi et m'attire contre lui, mais je ne réagis pas.

– Il va se mettre à pleurer comme une fille, en plus, ajoute Elyas en riant de plus belle.C'est vraiment une tapette.

– Tu peux m'expliquer ce que tu trouves de marrant ? lui demande le prof. Tu crois vraiment que ça les fait rire ?

– Ils ont pas d'humour, aussi.

– On verra si tu en auras toujours autant quand tu iras voir le proviseur juste après mon cours.

– Vous allez dire quoi ? Que je dis que mon camarade ressemble à une fille ?

– Ça s'appelle du harcèlement, Elyas. Je peux comprendre que tu ne supportes pas forcément le fait qu'ils soient ensemble, mais ça ne te donne aucune raison pour t'en prendre à eux.

Quelques élèves pouffent, mais Elyas ne répond rien. Oscar profite de ce court moment de répit pour déposer un baiser sur mon front.

– Et en quoi ça vous dérange que deux garçons s'aiment ? Ça va changer quelque chose à votre vie ? Ça va vous empêcher de passer votre bac, l'année prochaine ? Non. Évidemment que non, ça ne va rien changer à votre vie. Alors pourquoi vous voulez gâcher la leur ?

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