Joy: lui murmurant de me raconter ce qui s'est passé.

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— Pourquoi je suis en train de serrer ces baskets ? Sérieusement, je vais marcher, et comme par hasard je vais arriver là où il m'attend ?

Ces derniers temps, je m'agace et me met à parler toute seule.

Je prends mon sac et ne laisse rien dans cet appartement, juste par habitude parce que ça m'ait déjà arrivé de trouver un endroit où dormir mais de me sentir de trop juste après une ou deux nuits. Pourtant, là il n'y a personne et il n'y a aucune raison qu'on vienne me mettre dehors. Mais quand tu passes du temps dans la rue, tu te dis qu'elle est finalement la seule maison que tu es sûre de trouver à chaque fois que tu as des ennuis.

J'hésite à envoyer un simple message à Eddy, mais je range mon téléphone, je n'ai pas envie de l'effrayer. Sa femme est sur le point d'accoucher de leur premier enfant, alors il a autre chose à guetter.

Je marche pendant près d'une heure, prenant les sentiers escarpés. Et plus j'avance plus je ronchonne. J'en viens à me parler toute seule encore une fois comme pour me rassurer :

— Sérieusement, je suis devenue complètement cinglée, ce mec me fait faire n'importe quoi !

— Et c'est un bon point pour moi ou pas ?

Je me retourne, un cri sourd dans l'oreille. Il vient de recevoir un coup dans l'estomac :

— Mm, pas sûr que ce soit un bon point, la vache.

— Mais t'es complètement cinglé hein ! Tu cherches quoi ?!

— Pas à me faire frapper, ça c'est certain, j'ai assez donné. Bordel de...

— Oh ça va, j'y suis pas allée fort !

Pourtant il a l'air de déguster, il recule comme pour se mettre en sécurité et moi je cherche pourquoi je suis toujours autant sur la défensive avec lui s'il ne m'effraye pas.

Il me fait signe de le suivre et quand je comprends ce qu'il attend de moi, je me mets à rire :

— Tu crois vraiment que tu vas me faire faire ça ? Je suis déjà venue, estime-toi heureux et...

— Allez, si tu le fais, moi je fais le prochain.

— Quel prochain ?

— Celui là-bas.

— Tu dis ça parce que tu sais que je ne ferais pas le premier.

Il s'approche de moi, encore une fois :

— Tu crois vraiment que je t'ai fait venir ici simplement pour te dire que je suis capable alors que je ne le suis pas ?

Je fixe les deux fils tendus, le premier au-dessus d'un cours d'eau, ne faisant probablement pas plus de quelques degrés et le second tendu au-dessus d'un vide bien plus conséquent que celui du pont où l'on s'est rencontré.

Je me rappelle de son regard effrayé et je me dis qu'il ne peut que bluffer.

— Tu ne m'as fait venir nulle-part ! Oh et puis je ne vois pas pourquoi je discute encore avec un mec qui visiblement est encore plus barge que je le pensais. Sincèrement, tu penses vraiment que je vais...Adam, qu'est-ce que tu fais ?

Mais il est déjà parti et enfile l'équipement pour défier le vide. Mon cœur se met à cogner, je ne le connais pas alors pourquoi est-ce que tout d'un coup je me prends à avoir peur pour lui comme ça ? Il serre et resserre encore ces cordes autour de lui, dont la vie va dépendre s'il bascule dans quelques minutes.

— Adam, déconne pas, c'est bon, je ...

Mais je n'ose plus respirer parce qu'il a posé un premier pied sur la ligne.

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