Joy : On ne montre que ce que l'on veut que l'autre voit

18 4 3
                                    


La main collée à la vitre, Adam, de l'autre côté, s'effondre, et je me dis que cette fois-ci je vais le perdre pour de bon.

— Qu'est-ce que tu veux ?! C'est quoi ce délire Max ?!

— Tout de suite les grands mots. Je te sers quelque chose à boire ?

— J'ai la tête de quelqu'un qui a soif ?! C'est quoi ton problème bordel ?

Max fait tourner le liquide ambré au fond de son verre et le fixe comme on observe un bon vin :

— Pourquoi ça serait moi le méchant ?

— Tu te fou de moi ? Les gentils tabassent rarement les gens sans raison !

— Qui te dit que je n'ai pas mes propres raisons pour le faire ?

J'essaye de retenir mes jambes qui commencent à trembler et regarde autour de moi. Comme seuls au monde dans à peine un mètre carré, je me dis qu'il pourrait tout aussi bien se débarrasser de moi sans que personne ne le sache et me balancer dans le caniveau.

— Peut-être que tu as tes raisons, mais quelque chose me dit qu'elles ne sont pas les bonnes. Déjà à ta dernière soirée, tu n'as pas montré le meilleur de toi.

— On ne montre que ce que l'on veut que l'autre voit, je te l'ai déjà expliqué.

Alors que je frissonne, Max me tend une serviette et fait signe au chauffeur d'augmenter le chauffage. Quelques attentions qui ne me rassurent pas pour autant, son visage est bien trop froid pour exprimer la moindre inquiétude ou compassion.

— Bon, venons-en au fait. Je suppose qu'Adam t'a expliqué.

— Expliqué quoi ?

— Ne m'oblige pas à te faire retirer ton haut, je sais qu'il est aussi apparu sur toi.

— Non, je ne lui ai pas laissé vraiment le temps de me dire pourquoi ce dessin est...

Cette fois il fait tourner les glaçons comme pour prendre plaisir à les faire disparaître plus vite :

— Et tu ne veux pas savoir ?

— Sincèrement, quand je vois tout ce qui se passe, entre lui et toi maintenant qui me kidnappe, je suis plus tellement sûre non.

— Qui te dit que c'est en rapport avec ça ?

— Max, tu m'en parle donc tu es au courant. Et tu veux savoir donc...

— Je ne veux pas savoir, je sais déjà. Je le savais avant même qu'il apparaisse sur toi.

Son regard fixé sur le rétroviseur intérieur, il resserre sa cravate :

— Pourquoi crois-tu que j'aie débarqué comme ça ? Pourquoi crois-tu que je t'aie offert ce travail et cet appartement ? C'était plus simple pour moi d'avoir à l'œil ce que je convoite.

Je m'écarte de lui et resserre mes jambes, il éclate alors de rire :

— Je ne parle pas de ça, ne t'en fais pas, je n'ai pas l'intention de te toucher. Du moins pas pour ça. Je t'avais à l'œil mais il a fallu que ce crétin te tourne autour.

— Adam n'est pas un...

— Il l'est ! Si vraiment il voulait te protéger, il n'aurait pas dû s'approcher de toi et me laisser faire ce que j'avais à faire.

— Me protéger ? De qui ? De quoi ? De toi ?

Il tire maintenant sur ses manches comme pour s'assurer que son costume ne va pas se froisser :

Commence par tomber!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant