Adam: c'est beaucoup plus compliqué que tu ne le crois.

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Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi, mais assez longtemps pour le jour soit tombé. J'observe les signes chinois tatoués sur sa colonne vertébrale, cette fois c'est moi qui cède à la tentation et repasse chacun d'eux. Mon nez sur son épaule je respire ce parfum dont j'ai rêvé tant de fois de pouvoir enfin y accéder. Le soir je m'endormais avec cette image, celle qu'un jour elle me laisserait peut-être l'approcher. Pourtant, je savais qu'avec tous ces changements je n'aurais sans doute jamais cette chance.

Aujourd'hui je suis tiraillé, entre enfin l'aimer ou lui dire la vérité. Elle attrape mes doigts pour que je dessine aussi son ventre et colle ses hanches contre mon bassin. Sans penser à la suite, je réponds à ses désirs et mes lèvres s'emparent de son épaule et du creux de son cou. Son corps me répond en se cambrant, sa main dans mes cheveux indisciplinés, elle se met à soupirer. Elle descend doucement mon bras un peu plus bas, sur ses cuisses que je remonte lentement, et alors je me fige parce que je sais que je ne peux pas.

Allongée sur le dos, Joy, elle, s'est retournée, une main soutenant sa tête. J'inspire longuement, la voix tremblante :

— Tu ne te rappelles probablement plus de moi quand j'étais dans ton lycée parce que j'ai...Changé. Ça faisait tellement longtemps que je ne voyais que toi, que tu avais cet effet là sur moi, que j'ai accepté que j'aimais les filles mais j'ai décidé de faire autre chose aussi. Je suis rentré, et je me suis forcé à regarder ce que j'étais et que je détestais. Ce corps, ces longs cheveux, ces jeans serrés, cette punition, ce que la vie m'avait infligée. J'essayais de comprendre si elle avait fait exprès de se tromper, et je me suis dit que si c'était ça j'allais lui prouver que moi aussi je pouvais la défier. Alors je suis descendu au salon et je leur ai dit, j'ai dit à mes parents que je voulais partir loin d'ici et changer de vie. Que celle qu'on m'avait donnée ne me convenait pas, que j'aurais tout donné pour changer ça. Je ne voulais plus être elle mais lui, je ne voulais plus être Chloé mais Adam. Mon père s'est levé, et m'a menacé. Il m'a dit que si je redisais une connerie pareille, je me prendrais une bonne dérouillée. Il a appelé un centre psychiatrique pour demander quand il y aurait de la place en disant que sa fille devenait complètement cinglée. Ma mère est partie s'effondrer et s'enfermer dans sa chambre et puis quelques heures plus tard sans rien dire, elle a préparé ma valise en me disant que je serais bien là-bas, que ce n'était pas grave, que ces gens allaient me ramener dans le droit chemin. Que j'allais lui manquer, et que je resterais sa petite fille adorée. Alors pendant la nuit, j'ai pris le minimum et sans même un mot je suis parti. Quand je suis arrivé ici, j'ai tout raconté et on m'a dit d'être simplement ce que j'étais au fond de moi, parce que ça rien ni personne ne pourrait le changer, et que c'était la plus belle façon de s'aimer. J'ai reconnu Ethan que j'avais déjà croisé au lycée. Il m'a reconnu aussi et on s'est tout avoué. Il était brisé de t'avoir laissé mais il savait ce qu'il encourait s'il restait là-bas, la colère de son beau-père contre lui mais que ça se répercute aussi sur toi. Il voulait simplement te protéger Joy.

Joy se laisse tomber sur le lit, ne sachant plus quoi dire.

— Pourquoi tu ne m'as rien dit avant ?

— Je savais que ça te faisait mal de parler de lui et...

— Non, je parlais de toi.

Je fixe le plafond, complètement déstabilisé :

— Parce que c'est beaucoup plus compliqué que tu ne le crois. Parce que, parce que je craque sur toi depuis très longtemps Joy. Tu crois qu'il se serait passé tout ça si je te l'avais dit dès le départ ?! Tu crois vraiment que toi aussi tu aurais craqué sur moi ?

Je lui laisse le temps de répondre même si s'en suit ce long silence que je redoutais :

— C'est bien ce que je pensais, je ne peux pas t'en vouloir. Voilà pourquoi j'ai essayé de tout freiner, freiner ce que je ressentais, ce que je désirais, et ce que tu voulais avec moi. C'était entre autres pour cette vérité, celle parmi les autres que tu risques de ne pas accepter. Je ne voulais pas t'emmener ici aussi tôt mais ...Disons que des facteurs extérieurs sont venus s'y ajouter et que j'ai dû improviser.

Commence par tomber!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant