Angie : J'ai besoin de silence

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Des bruits de pas se rapprochent de la chambre et je me cache sous la couette comme une enfant terrorisée.

Je n'ose plus bouger et ne me reconnais plus. Je n'aime pas cette fille trouillarde que je suis devenue, je ne quitte même plus mes appareils auditifs pour dormir parce que j'ai peur de ne pas entendre ces bruits-là justement.

Pourtant, je sais que dans quelque temps, même mes appareils ne serviront plus à rien. Alors je me lève et me poste debout face à la porte, les mains en avant comme une magicienne aux pouvoirs inexistants.

Si les miens existent bel et bien, pour ça il faudrait qu'on me touche en contact direct. Et ils ne seront efficaces contre l'agresseur que si son émotion dominante est la colère. Parce que je sais que la tristesse provoque de simples larmes qui coulent de mes yeux sans raisons, ou la peur une douleur intense.

Mais quand Hannah franchit la porte, je me précipite vers elle :

— Mon Dieu Hannah ! Qu'est ce qui s'est passé ?

Mes mains sont posées sur sa veste trempée et elle ne dit rien. Elle se contente de me regarder longuement, fixant mes yeux et puis mes lèvres. Elle fait le geste imaginaire de dégager une mèche derrière mon oreille, à quelques centimètres de ma peau et je ferme les yeux, comme imaginant ce contact réel puis revient à la réalité :

— Hannah, dis-moi ce qu'il vient de se passer s'il te plaît.

Mes larmes se mettent à couler parce que je sens que sa réponse ne va pas me plaire. Alors elle s'avance, me poussant lentement contre le mur, ferme les yeux et saisit mes bras. Je sais pourquoi elle fait ça, et je rentre en apnée, aspirée.

Ses lèvres parcourent déjà mon cou, et je ne peux réprimer un soupir. Je ne me demande pas comment elle fait ça, parce que cette fois-ci mon désir qu'elle soit contre moi surpasse tout ça. Sa bouche revient sur la mienne pour des baisers langoureux pendant que ses mains chaudes glissent sous mon haut. J'agrippe sa nuque et me surprend à me cambrer, parce qu'elle est en train de déclencher un ouragan que personne n'avait jamais réussi à déclencher avec autant d'intensité.

Elle me serre contre elle, d'un geste si assuré, et je sens ses lèvres s'étendre contre ma peau, en un sourire quand elle m'entend gémir.

Et puis ses doigts se resserrent contre moi, sa tête enfouie de nouveau dans mon cou :

— Je ne peux pas, je suis désolée Angie mais je ne peux pas. Ne m'en veux pas, mais je dois m'éloigner de toi

Quand je sors de cette apnée, elle est déjà à la porte :

– Où tu vas Hannah ? Laisse-moi au moins te soigner, regarde l'état dans lequel tu es.

Mais elle a déjà disparu, me laissant chez elle, complètement perdue. Et puis mon téléphone sonne :

« Crois-moi, c'est mieux pour toi comme pour moi »

Ma respiration s'accélère et je tape frénétiquement sur mon téléphone :

« Pour toi ?! Comment ça pourrait être mieux pour toi ?! Toi tu ne crains rien ! Ce n'est pas toi qui as vu tout ça ! Ce n'est pas toi qu'on veut réduire au silence ! »

« Angie, tu ne sais pas tout, s'il te plaît »

« Non avec toi, je ne saurais jamais rien. Et je ne comprendrais jamais rien non plus, tu t'es bien amusée ça va ? Tu as pu voir l'effet que tu me fais et ça te convient ?! »

« Angie, je continuerais à te surveiller mais de loin »

« De loin ? Laisse tomber ! Je ne sais même pas pourquoi j'ai cru que je pouvais compter peut-être un petit peu pour toi ! En fait, c'est juste une mission qu'on a dû te donner ! Ou un truc que tu fais pour passer pour une fille forte, capable de taper et s'opposer aux mecs ! »

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