Angie : ce sera l'heure de toutes les vérités !

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Je me réveille, un goût âpre dans la bouche et une douleur enserrant ma tête. Tout ce dont me rappelle, c'est être arrivée à la soirée que Peter m'avait organisée et depuis le trou noir.

Je me tourne et passe les draps au-dessus de ma tête pour cacher le trop de luminosité.

— C'est ça de trop faire la fête.

Mon cœur s'arrête et je me redresse en quelques secondes. Elle est là en face de moi, au fond du siège comme la première nuit qu'on a passé ensemble après s'être rencontrées. Par réflexe, j'entoure ma taille avec le drap :

— Qu'est-ce que tu fais là ?

Elle rit à gorge déployée :

— Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te sauter dessus même si je dois avouer que ...

Elle boit une gorgée de sa tasse, avec un regard qui en dit long, descendant le long de mes genoux repliés, pourtant cachés sous le tissu.

— Je t'interdis d'imaginer quoi que ce ... Oh et puis t'as pas changé, hein, qu'est-ce que je pouvais espérer ?

Soudain son regard n'est plus le même, elle me fixe d'une intensité qui me transperce, celle que je n'attendais plus, mais dont j'ai tant de fois rêvée quand elle n'était plus là :

— Bon c'est quoi le truc, je suis encore bourrée, je suis en train d'halluciner et je vais me réveiller c'est ça ?

Sans que je m'explique pourquoi, elle pâlit, se dépêche de se lever et me tourne le dos.

— Hannah, qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi t'es là ? Comment t'as réussi à entrer dans mon appart ? Sérieusement c'est quoi ce ...

Et puis c'est à moi de pâlir :

— Attends, pourquoi je t'entends alors que tu ne me touches même pas ?

Et puis je me rends compte que je n'entends pas que sa voix, j'entends chaque bruit autour de moi. Alors que je devrais me réjouir, j'ai un mauvais pressentiment. Cette fois je me lève, me foutant qu'Hannah me voit en haut et shorty. J'avance vers elle et pose une main sur son haut. Elle fixe mes doigts, alors je murmure :

— On ne peut toujours pas se toucher, c'est ça ? Pourtant regarde, il n'y a plus de douleur quand on est l'une à côté de l'autre.

Face à son silence, ma gorge se serre :

— Bon sang Hannah, il se passe quoi ? On est où Hannah ? Explique-moi.

Son silence m'effraye plus que tout. J'ai l'habitude qu'elle réponde à mes questions par d'autres, mais cette fois, je sais que c'est beaucoup plus grave. Elle agrippe mes épaules, essayant de capter mon regard, la voix tremblante :

— Va falloir que tu me fasses confiance Angie, une dernière fois. Je n'ai pas beaucoup de temps, je ne peux pas t'expliquer pour l'instant, parce que je ne sais pas tout moi non plus mais s'il te plaît. Je sais qu'on s'est quittées bizarrement, et qu'à ce moment-là tu ne m'as pas fait confiance mais, j'ai sauté Angie bordel ! Ce jour-là, j'ai sauté pour te rattraper, et pas pour me donner bonne conscience pour Ethan ! Mais parce que ... Je voulais te sauver Angie, je ne pouvais pas vivre sans toi. Ça fait deux ans Angie et je n'y arrive toujours pas ! La seule que je veux, c'est toi, et ça me tuait de savoir que je ne pouvais pas t'approcher, ça me tue toujours de savoir que je ne peux pas te toucher même si...

— Même si quoi ...

— Peu importe Angie, faut que tu me fasses confiance et que tu me crois.

— Croire quoi Hannah ? Si tu ne peux rien me dire, comment tu veux que je comprenne ? Il est revenu, c'est ça ? Il veut se débarrasser de moi ? Il est sorti de prison ?

Elle ferme les yeux, comme inspirant mon parfum, me lâche et ses poings se serrent :

— Je dois y aller, je te laisse te préparer et on se rejoint après, d'accord ?

— Où ? Pourquoi faire ?

— Je t'envoie un message.

— D'accord mais...

Elle est déjà partie et le son de cette porte qui claque est la pire des douleurs, si c'est pour entendre ça, alors ne me redonnez pas le sens de l'audition. J'étais bien dans le silence, j'étais bien sans sa voix. Non, je n'étais pas bien sans elle, mais si c'est pour me dire tout ça, je ne la veux pas. Si c'est pour me dire des mots qui me blessent, je ne veux pas l'entendre. Rendez-moi ce silence, celui où je pouvais dire que je n'entendais plus rien, que je ne ressentais plus rien, et que je ne me rappelais de rien. Parce que là, tout me revient, de ce premier jour devant la boîte où elle est arrivée, jusqu'à ce jour où j'ai sauté.

Je compose le numéro de Peter à la hâte mais quand ça me répond qu'il n'est plus attribué, je commence sérieusement à me demander ce qui m'attend. Pourquoi je ne me souviens de plus rien de la soirée ? Pourquoi je n'ai plus aucune photo dans mon téléphone et pourquoi le numéro de Peter n'est-il plus enregistré ?

Je balance mon téléphone sur le lit :

— Bordel Hannah, je sais pas pourquoi tu as débarqué dans ma vie et y refait surface mais je te garantis que là, tu vas plus avoir le choix ! Je te garantis qu'à la minute où je poserais ce putain de pied à l'endroit que tu vas m'indiquer, ce sera l'heure de toutes les vérités ! 

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