Hannah: le temps est réellement compté

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Quand j'entre dans la salle de bain et que je regarde dans le miroir, je comprends que le temps est réellement compté. Je fixe cette tâche de sang sur mon haut, au niveau de mon estomac, c'est là où il a dû tirer. Il faut que je trouve quelque chose, une excuse pour expliquer cette tâche à Angie.

Alors je fais le premier truc qui me vient à l'esprit, un pot de confiture de fraise fera l'affaire. J'en profite pour préparer quelques pancakes, sur lesquels j'étale la confiture, et recouvre ma tâche sur mon haut.

Quand je remonte, je pose les mains sur mes oreilles. Un bruit lancinant comme une alarme se met à retentir. Je cours vers la chambre, pour essayer de comprendre ce qu'il se passe, mais quand Angie continue à dormir paisiblement, je comprends qu'il n'y a que moi qui entend ce bruit et que ça ne peut signifier qu'une chose.

C'est moi, là-bas, dans le monde réel, les machines qui s'affolent, les médecins qui accourent, et puis des flashs de lumière, je me sens partir.

J'agrippe la chaise et fixe Angie, je ne veux pas partir, je ne veux pas la laisser. Donnez-moi encore du temps, on m'a dit soixante-douze heures, vous n'avez pas le droit de me l'enlever avant. Pas maintenant, pas après ce qu'il vient de se passer, pas maintenant que je peux la toucher.

Le calme revient, comme un apaisement soudain. Je dois être au bloc, ils ont dû m'endormir. Je m'installe dans le fauteuil en face du lit, en me disant que si l'opération a commencé, c'est que la dernière ligne droite est entamée.

Je finis par me glisser sous les couvertures, contre elle, l'entourant de mes bras. Elle bouge doucement et attrape ma main pour se serrer encore plus contre moi. Son parfum, sa peau, sa chaleur. Je ne veux plus vivre sans ça.

Elle sourit et se tourne vers moi, posant ses lèvres tendrement sur les miennes :

— Bonjour, mon amour.

Mon cœur se serre davantage, ne m'appelle pas comme ça, ne fais pas ça, sinon je n'y arriverais pas. Alors doucement je lui murmure :

— Je veux tout savoir de toi mon ange, ta vie, ton histoire, tes blessures, je veux tout savoir, s'il te plaît.

— T'en es sûre ? Ma vie n'est pas très gaie, je pense que tu sais déjà certaines choses. Et si moi, je te raconte tout, j'aurais le droit de te poser des questions ? J'aurais le droit de savoir moi aussi ?

Comment lui dire que de toute façon, elle peut tout connaître de moi parce que bientôt je ne serais plus là ?

Je passe une main sur sa joue et elle ferme les yeux en souriant, chaque contact est pour nous incroyable et puis ma main dessine son cou et sa clavicule.

— Ton tatouage ? C'est nouveau ça ? Pourquoi l'avoir fait ? 

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