Commence par tomber!

Angie: Pourquoi il est là lui aussi ?

— De qui tu parles Hannah ? Explique-moi, je ne comprends rien !

— Angie ... Je ... Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

— Ton ... ta ...

Je ne peux pas finir ma phrase, que mes larmes se mettent à couler :

— Hannah dis-moi ce qu'il se passe. Pourquoi ton t-shirt ... ?

Je tends une main tremblante vers son haut teinté de ce rouge qui prend de plus en plus de place. Et puis une violente douleur, qui m'assomme et me fait tomber genoux à Terre :

— Hannah, fais cesser ça. Dis-leur d'arrêter.

Elle serre les dents, comme ne voulant pas me montrer qu'elle a aussi peur que moi, et me prend dans ses bras. Je n'ai plus la force de bouger, je réussis juste à mettre mes mains autour de sa nuque et à enfouir mon visage pour graver ce parfum qui est le sien.

Sa peau est encore chaude, mais son pouls de plus en plus irrégulier. Je grimace par moment sous la douleur qui devient de plus en plus vive. Elle aussi souffre, j'en suis persuadée mais elle ne veut pas le montrer. Mes larmes mouillent doucement son haut maculé, et elle me serre plus fort contre elle :

— Pardonne moi Angie, je ne l'ai pas fait jusque-là comme il faut, mais je vais te protéger, tu m'entends ? Je vais te protéger.

J'ai presque du mal à respirer, quand elle me pose sur le siège passager de la voiture et je murmure :

— Où on va ?

En cette seconde tout bascule, parce que quand Hannah me fixe et ne me répond pas, je lis la pire des émotions dans son regard. Elle est terrorisée et je sais que ça ne peut signifier qu'une seule chose, on va être séparées.

Elle accélère, de plus en plus vite comme si un compte à rebours était déclenché, et serre ma main, aussi fort que moi, comme si ce geste allait suffire à tout changer.

Quand j'aperçois cet endroit, là où finalement tout a basculé, je me tourne vers elle :

— Qu'est-ce que tu fais Hannah ?

Elle me regarde comme désemparée :

— Promets-moi de te réveiller Angie. Promet le moi, dis-moi que je n'aurais pas échoué à te protéger ...

Ma main sur sa joue, ma voix qui essaye de se frayer un chemin entre mes sanglots quand je lui réponds :

— T'as jamais échoué Hannah, parce que tu as fait bien plus que de me protéger. Tu m'as aimée.

— Ne conjugue pas ça au passé Angie, ce sera toujours le cas ... même quand ...

Et puis une accélération, la rambarde qui cède sous le poids de la voiture qui bascule et ses derniers mots :

— Tu ne me verras plus, mais je serais toujours là.

Et puis le froid, le noir mais surtout son regard.

**

J'inspire et crache en même temps ce truc à travers la gorge qui m'empêche de respirer. Des machines semblent s'affoler autour de moi et des médecins arrivent :

— Calmez-vous, je vais vous retirer ça mais ne bougez pas. Un, deux ... Là c'est fait ...

— Hannah ? Où est Hannah ?!

Ma voix, je n'entends plus ma voix, je suis de nouveau sourde. Le même médecin me demande à nouveau de me calmer et me tend un verre d'eau que je balance d'un revers de main :