Adam: toutes ces vérités qu'elle va apprendre de notre ennemi juré.

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Mon sang pulse dans mes veines, celles qui parcourent chaque endroit en contact avec sa peau. Je sais que je ne serais jamais rassasié d'explorer ce corps que je n'ai jamais autant désiré. Ce sera peut-être la seule et dernière fois qu'elle me le demandera, la seule parce que le temps s'arrêtera.

Alors dans chacun de mes gestes, j'y met ce que je ressens pour elle, depuis la première fois où je l'ai croisé. Je mets chacun de mes doutes et ma peur de ne jamais la retrouver, je mets ce qui est indescriptible dans la réalité, cette envie que j'ai de la toucher sans jamais cesser de l'aimer.

Comment est-ce possible ? Comment peut-elle être là, juste sous mes doigts ? Pourquoi m'offrent-ils enfin ce moment-là ? Je sais qu'elle ne veut pas de questions, mais après toutes ces discussions, elles ne peuvent être que bien trop présentes.

**

Allongé sur le lit, je fixe le plafond :

- Qu'est-ce qui te travaille ?

Joy, entre sur le pas de la porte, une serviette enroulée autour d'elle, cette fille, qui m'offre ces moments que je voulais tant. Je devrais juste savourer cet instant mais la vie n'a jamais fait dans la simplicité.

Alors je passe une main dans mes cheveux, fixant de nouveau ce bois foncé au-dessus de moi :

- Je crois que ton frère savait depuis bien plus longtemps que je ne le pensais.

Un silence, celui qui s'installe quelques secondes à chaque fois qu'on parle de lui. Joy vient loger sa tête au creux de mon épaule, le regard dans la même direction que le mien :

- Savait quoi ?

- Pour le tatouage et tout ce que ça implique. Je...

Je soupire, parce que cette phrase risque de changer les choses :

- Tu quoi ?

- Je crois que c'est peut-être pour ça qu'il est parti de chez toi.

Elle frissonne, je remonte la couette sur elle et la serre contre moi.

- Joy, je pense qu'il savait qu'il allait mourir, que son temps ici était compté.

Ma main sur la sienne, elle serre les draps :

- Il ne voulait pas t'imposer ça. Tu sais, on ne nous explique pas tout. Suppose qu'on lui ait dit qu'il n'en aurait pas pour longtemps, mais sans lui dire quand et où. Il a voulu te protéger et te préserver. S'éloigner de toi signifiait que forcément tu ne verrais pas ce moment-là.

Ma cicatrice le long de mon crâne recommence à me lancer ces décharges pour me signifier que j'en dis trop. Seulement, je lui dois la vérité, je lui doit mes doutes et mes peurs comme elle m'accorde sa confiance et tout ce que ça implique :

- Ce ne sont que des suppositions, mais ça colle avec le reste.

- Comment aurait-il su qu'il allait mourir ? Qui le lui aurait dit ? Qui le sait ?

- C'est compliqué Joy, tellement compliqué. Il s'appelle John, c'est un peu lui qui nous dirige tous, qui nous explique ce qu'il en est, ce que ce tatouage signifie, les règles qui régissent tout ça.

- Je veux le rencontrer, il aura les réponses aux questions que je me pose. Peut-être que lui me dira ce que toi ne veux pas me révéler.

- Il en dira encore moins, même à moi, il ne veut pas tout me dire.

Je tourne la tête vers elle :

- Joy, si tu savais.... Jamais je n'aurais pensé vivre tous ces moments avec toi depuis que je t'ai vu sur ce pont. Peu importe ce qui doit se passer, sache que je me rends compte de la valeur de ce qui m'est accordé en me laissant t'approcher. Ce jour-là sur ce pont, mes mains sont devenues moites, et cette sensation que tu provoquais déjà à l'intérieur de moi il y a des années s'est décuplée. J'avais l'impression d'être un ado à un premier rendez-vous même si s'en était pas un, me demandant ce que j'allais pouvoir dire pour ne pas que tu t'en aille dès les premières secondes. Mon adolescence c'était plutôt des coups au fond du vestiaire ou des couloirs. Les seuls moments où je souriais malgré moi, c'est quand je te croisais. Je disais à tout ce qui résonnait de se taire, mais c'était plus fort que moi, c'est comme si tout me ramenait à toi. Je me rappelle des dessins sur la porte de ton casier. Je recevais les coups, ils ont tellement fait trembler les casiers que certains mal refermés se sont ouvert. Alors je fixais les dessins sur les tiens, et je me disais que si j'avais le droit de connaître ça de toi, j'allais résister à ces brutes qui tapaient. Tu as un joli coup de crayon en passant.

Je lui souris, alors qu'elle me fixe longuement ne sachant probablement pas quoi répondre, jamais personne ne sait quoi répondre à tout ça.

- Joy, tu as changé ma vie. Tu as été le déclic sans le savoir, de ce qui m'a permis de mettre un premier pied sur le chemin de qui je suis vraiment, celui que je suis aujourd'hui. Je ne te mets aucun poids sur les épaules, ne le prends pas comme tel s'il te plaît. Il fallait que je te le dise, il fallait que tu le sache. Ça fait tellement de temps que j'aurais déjà dû te dire tout ça. Combien de fois j'ai sorti du papier et un crayon au centre, et commencé à écrire pour finir par me dire que ça n'avait sûrement pas beaucoup d'importance pour toi. Et puis quand la partie pour moi a été terminé, c'est le seul regret que j'avais, de ne t'avoir rien dit. J'espérais qu'Ethan le ferait, il devait le faire ces vacances d'octobre, quelques semaines après qu'il ait ... Il voulait revenir te voir à ce moment-là, je ne sais pas pourquoi.

Joy souris, les yeux remplis de larmes :

- Parce que mon anniversaire tombe pendant ces vacances. Oh bon sang... Il devait revenir, il devait.... Je l'aurais revu et...

- C'était écrit comme ça Joy, tu n'as pas à t'en vouloir. Quand j'ai appris qu'il avait sauté ce jour-là, je lui en ai tellement voulu. Il abandonnait la vie, ce qu'il aimait en elle, il abandonnait cette fille qu'il était censé protéger, et il t'abandonnait toi. Je me suis dit que tu ne t'en remettrais pas.

- Pourquoi n'être pas venu toi dans ce cas ?

- Oui pourquoi Adam ? Répond à ta chère et tendre. Oh, mais je t'en prie Joy, je te laisse te rhabiller. Inutile de te demander ce que vous faisiez, et inutile de te rappeler Adam que certains n'apprécieraient pas ce qui s'est sans doute passé n'est-ce pas ?

Joy se lève effrayée, alors que ma main serre déjà la gorge de Max, le dos collé au mur :

- Ne t'avise pas de lui faire quoi que ce soit.

- C'est ça, tue-moi, que ta dulcinée s'aperçoive de quoi tu es capable. Qu'elle sache qui tu es réellement et ce qu'il y a au fond de toi. Tu crois que je ne sais pas ce qui s'est passé ce jour-là ? Tu crois que je ne sais pas ce qui a causé ta perte et celle de tous ceux qui ont suivi ?

- De quoi il parle ?

Joy termine à peine de se revêtir et à son regard, je m'aperçois que Max n'est plus le seul dans cette pièce à l'effrayer.

- Adam, pourquoi il parle de ta perte ?

- Ne t'inquiète pas Joy, je ne toucherais pas à celui qui visiblement est devenu plus qu'un simple garçon qui a débarqué. Ce n'est pas lui que je veux, pour lui, c'est déjà terminé depuis bien longtemps.

Max profite du détournement d'attention provoqué par ses mots, pour se détacher de moi, son éternel verre à la main qu'il pose quelques secondes le temps de remettre son col que je viens de froisser. Et puis il tend ses doigts vers cette boisson ambrée :

- Alors, à quoi vais-je pouvoir trinquer ? À la vérité qui va éclater et qui risque bien d'éconduire cette demoiselle ou à la récupération de ce que je convoite ?

- Elle n'a pas ce que tu cherches ! Elle ne sait même pas de quoi il s'agit !

- Pour ça, ce n'est qu'un détail que je vais me charger de lui expliquer.

Max claque des doigts et deux gorilles me plaquent au sol, leurs chaussures sur mon dos.

- C'est à moi de lui expliquer Max ! Laisse-la tranquille. Tu sais qu'Ethan a un rôle plus important que moi, alors à ton avis, pourquoi devait-il protéger cette fille qu'il a rencontré ?

Un regard sous sa boisson à la lumière du jour qui se lève :

- Mmm, tu marques un point, ta théorie est bonne. Mais bon, je vais quand même me charger de révéler à ta princesse, qui est son prince.

Joy me lance alors un dernier regard rempli de reproches et de peur. Ce reproche de ne pas lui avoir dit plus tôt toutes ces vérités qu'elle va apprendre de notre ennemi juré.

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