Commence par tomber!

Angie: elle va te protéger à tout prix

Evidemment, ils n'ont pas voulu me laisser sortir de l'hôpital tout de suite. Alors j'en ai profité pour tout mettre au clair. Je voulais tout savoir et j'étais bien décidée à ne laisser personne cette fois-ci à jouer à l'illusionniste avec moi. J'ai dû batailler pour avoir la vérité sur ce qu'il s'était passé pendant ces deux longues années. Je ne sais pas comment a fait Ethan pour avoir ces informations, et je crois que je ne préfère pas savoir.

Mon cœur était fatigué de tout ce temps au repos, ça m'a fait sourire, je sais qu'il était surtout fatigué de tout ce qu'il avait vécu jusque-là justement. Quand ils s'apprêtaient à faire l'opération, un chirurgien complètement affolé a déboulé dans la salle. Ils s'étaient trompés de dossier, ce n'était pas mes examens mais ceux d'une autre patiente. Mon cœur était juste fatigué, mais pas au point de devoir être changé. Heureusement, ils avaient juste commencé à ouvrir. Alors pourquoi j'ai l'impression qu'on me l'a arraché ? Pourquoi j'ai l'impression qu'il ne veut plus fonctionner ?

Et puis ça a été au tour de Peter, je voulais le voir mais il avait mieux à faire. Il avait passé les premières semaines à mes côtés et puis il s'est résigné à aller à l'université. Ma mère me racontait patiemment tout ce que je voulais savoir :

— J'ai dû longuement insister pour qu'il y aille. Il ne voulait pas te laisser, il avait peur pour toi, peur que ces gens qu'il ne connait pas tournent autour de toi. De qui il parlait ma chérie ? De cette ... Hannah ? Tu sais je trouve ça étrange qu'on n'ait rien voulu me dire sur elle et que ...

— Maman s'il te plaît, parle-moi simplement de Peter tu veux bien ?

J'avais serré mes doigts sous mes draps à marquer mes paumes, pour retenir ce qui se coinçait dans ma gorge. Je ne voulais pas que ma mère sache, elle n'aurait pas compris. Oh, elle n'aurait rien dit sur le fait que c'est une fille, mais elle n'aurait pas compris que je m'attache à quelqu'un dont finalement je ne savais presque rien. Je m'en suis rendu compte un matin quand ma mère m'a demandé son nom pour avoir quelques informations auprès de l'hôpital et que je n'ai même pas été capable de lui répondre. Je m'étais recroquevillée, et j'avais murmuré :

— Fais comme moi maman tu veux, oublie-la. Elle ne reviendra pas de toute façon.

Plus les jours passaient et plus je me renfermais, je perdais confiance en tout le monde. Je ne supportais pas que cette Terre ait tourné deux ans sans moi, deux années que je ne pourrais plus jamais rattraper, deux années, où sans le savoir, Hannah était juste dans la chambre à côté.

**

Quant à ma mère, elle est restée les premières semaines aussi à mes côtés. Elle a même cessé de travailler. Elle venait me faire la lecture de mes cours tous les jours, allumant la télé et essayant de rire comme si j'allais me réveiller et rire avec elle. Et puis, elle s'est endettée pour payer mes frais médicaux et a dû reprendre le travail. Quand elle m'a raconté tout ça, j'ai posé une question que j'ai regrettée aussitôt :

— Pourquoi tu m'as pas laissée ? Pourquoi tu m'as pas placée ?

— Tu crois vraiment que ma vie aurait pu avoir un sens sans toi ?

— Mais maman, aujourd'hui tu croule sous les ...

— Tais toi ! Aujourd'hui, j'ai ma fille, c'est tout ce qui compte !

J'entendais pas mais je devinais que même si elle signait pour me parler, elle était en train d'hurler :

— Tu ne sais pas ce que c'est que d'entrevoir de perdre la personne qu'on aime le plus au monde !!! Celle qui te donne une raison d'exister !