Te protéger à tout prix : Angie

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Te protéger à tout prix 



Prologue 

          Je sors de la soirée, les mains sur mes tempes. Je savais que ça finirait comme ça, mais j'ai quand même voulu essayer. La douleur s'amplifie, je grince des dents et coupe mes appareils auditifs que je fourre dans mes poches.

Je soupire de soulagement quand le silence revient, même si ironiquement je ne veux pas qu'il s'installe éternellement comme ça risque d'arriver dans quelques mois.

Des gouttes commencent à tomber quand je me dirige vers le mur pour m'y appuyer. Je lève la tête et ferme les yeux pour qu'elles me rafraichissent un peu et me raidit en quelques secondes quand une main se pose sur mon épaule.

Je me retourne pour voir à qui j'ai à faire. Ses lèvres bougent frénétiquement et ce n'est pas simplement pour me demander du feu ou une cigarette.

J'essaye de lire ses mouvements et, à la vitesse où il débite, je dois redoubler de concentration :

— Tu comptes allez où comme ça ?! Depuis le temps que je te cherche !

J'essaye de contenir ma panique, parce qu'il s'approche à quelques centimètres de moi, ses deux mains appuyées sur les côtés de mon visage :

— De quoi tu parles ?! Tu dois te tromper de personne, on ne se connaît pas et ...

— Tu ne peux pas ne pas te rappeler ! Il y a trois mois ! Ce soir-là sur la route ! Je sais que tu nous as vus ! Je sais que jusque-là, tu n'as rien dit mais je veux être sûr que tu ne le feras pas.

Il pose ses doigts sur ma gorge et, comme un chien enragé, grogne :

— La vache ! C 'était quoi ça ?

Ça, c'était ce qui se passait depuis ce fameux soir justement. Quand quelqu'un me touche en contact direct, peau contre peau, il se passe de drôles de choses. J'ai cherché à comprendre pendant un moment et puis c'est devenu plus clair ; ce qui se passe correspond à l'émotion dominante de la personne qui me touche.

Et ce soir, mon agresseur semble vraiment en colère. Trop, pour comprendre qu'il ne faut pas recommencer.

Il attrape mon poignet et cette fois jure pendant quelques secondes en fixant sa main rouge dû à la brûlure que lui a infligée mon corps.

— C'est quoi cette merde ?! On va voir si tu ...

Il n'a pas le temps de finir qu'une main le tire en arrière et lui assène une droite assez forte pour le faire chanceler et moi, je me fige devant cette fille qui vient de débouler sans prévenir.

Je la connais, elle est au lycée et son style ne passe pas inaperçu. Habillée de noir et d'une veste en cuir, c'est le genre solitaire qu'on n'ose pas approcher.

Elle se retourne vers moi, puis assène un coup de coude dans les côtes de mon agresseur, qui tentait vainement de la surprendre par derrière.

Je me dépêche de remettre mes appareils et mon agresseur toise cette fille qui réplique :

— Dégage ! Si tu crois m'impressionner, tu te trompes !

Et puis malgré sa taille inférieure, elle se plaque à lui :

— Ne t'approche pas d'elle, c'est clair ?!

Cet homme fait quelques pas en arrière et crache pour ne pas s'avouer vaincu. Et comme pour le confirmer, il me lance un regard noir :

— Ton pitbull ne sera pas toujours là pour te défendre ! Et si tu t'avises de parler à qui que ce soit de ce fameux soir, je te retrouverais dans la seconde !

Mon cœur cogne dans ma poitrine, parce qu'aux vues de ce qui s'est passé ce fameux soir, je sais qu'il pourrait très bien m'arriver la même chose.

Je dois être pâle à faire peur, cette fille s'approche de moi et pose ses doigts sur ma veste :

— Ça va ?

— Ouais. Enfin, je crois.

Elle passe une main dans ses cheveux courts trempés et se frotte la nuque :

— T'as besoin que quelqu'un te ramène.

Je tremble et claque des dents :

— Non, ça va aller.

— C'était pas une question.

Elle fait signe à deux gars plantés un peu plus loin de venir m'aider et se tourne, prête à partir, quand j'attrape le bout de sa manche.

Elle fixe mes doigts avec stupeur et se dépêche de reculer comme s'il ne fallait pas que je puisse la toucher. Mais j'ai besoin de lui demander :

— Attends, pourquoi t'as fait ça ?

Mon téléphone vibre, on me demande ce que je fabrique, je réponds et relève la tête. Cette fille, je crois qu'elle s'appelle Hannah, a déjà disparu.

Je fixe la ruelle, me demandant comment elle a pu faire aussi vite mais surtout pourquoi elle était là et s'est contentée de faire ça.

Sa phrase résonne dans ma tête : « Ne t'approche pas d'elle, c'est clair », celle qui en général est dite quand on tient à quelqu'un alors qu'elle ne m'a même jamais adressé la parole.
Je repense aussi à sa peur quand je l'ai touchée, comme si elle risquait quelque chose avec moi alors qu'elle venait de frapper ce gars.

Et puis comme pour répondre à mes questions, mon téléphone vibre une nouvelle fois, un numéro que je ne connais pas : « Fais attention à toi, je ne serais pas toujours là ».

Commence par tomber!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant