LOSING BLOOD

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Hey ! Avant de vous laisser découvrir ce chapitre "flash-back", j'aimerais vous signaler deux trois choses :

- Il s'agit ici d'un chapitre comportant de la violence verbale et physique. Il aborde un thème pouvant heurter la sensibilité des lecteurs/lectrices : le harcèlement scolaire. Je gâche un peu l'intrigue de ce chapitre, mais je voulais vraiment vous prévenir. Alors si vous n'êtes pas à l'aise avec cela, je comprendrais que vous ne souhaitiez pas le lire.

- Toutes les paroles proférées sont inventées. Je ne les penses et ne les tolère pas dans la vie réelle.

- Il s'agit du chapitre le plus long. Prenez votre temps.

Merci de votre compréhension, et bonne lecture ! :)

- & -

- Jeudi matin, 8h05 -

Sur le mur du fond, lourdement gravé à l'aide d'un compas – du moins c'est ce qu'elle pensait – s'étalait une trace de la poésie venimeuse des adolescentes qui constituaient son entourage.

« Les roses sont rouges ; les violettes sont bleues ; ainsi Chaeyoung bouffe de la chatte »*

La concernée ne savait pas trop quoi en penser. Elle était retranchée entre l'admiration et la pitié. Elle voyait clairement ces idiotes capables de posséder un langage correct, mais elle les percevait également capable de la plus honteuse des moqueries. De la basse poésie pour des bêtes immondes.

Chaeyoung ne pensa pas une seule fois à effacer ces mots ou à les recouvrir. À quoi bon ? Elle savait pertinemment qu'une autre viendrait les reprendre pour les graver en plus grand, en plus gros et en plus voyant.

Alors comme tous les jeudis, aux alentours de huit heures cinq du matin, et ce depuis maintenant quatre mois, elle ne prêta aucune attention à ces termes mordants et alla s'enfermer dans la cabine du milieu. À cette heure précise, les autres parlaient pleinement dans le couloir en attendant leurs prochains cours. Chaeyoung les entendait piailler par intermittence. Parfois – et vu qu'elles parlaient constamment trop fort – elle parvenait à comprendre quelques phrases : « Jay voulait qu'on le fasse à l'arrière de la voiture de son grand-frère... du coup je l'ai largué » ; « Non, j'avais un cours du soir, j'ai pas eu le temps de t'envoyer la vidéo » ; « T'as vu la robe de Jina à la soirée de Han ? Elle m'a filé la nausée... » ; et blablabla.

Chaeyoung entendait toutes ces choses de la cabine plantée au milieu des chiottes.

Jamais personne ne venait à ce moment de la journée. Alors elle avait pris la malheureuse habitude de venir s'y changer pour enfiler ses vêtements de sport. Posant son sac entre la porte et la cuvette abaissée sur laquelle elle s'asseyait en silence. Il arrivait rarement qu'une camarade passe par là. Et, dans le cas contraire, Chaeyoung découvrait leurs chaussures et leurs aberrantes ombres dans le creux entre le bas de la porte et le sol.

Et comme jamais personne ne venait, jamais ces adolescentes ne remarquaient sa présence.

Aujourd'hui encore, la rousse ne vit rien sous la porte et commença à se changer.

Chaussettes, chaussures, jogging aux couleurs du lycée, brassière, débardeur et parfois, dans le cas où les séances se déroulaient en extérieur, un sweat-shirt trop grand. Ensuite, elle rangeait précautionneusement son uniforme propre dans son sac de sport en faisant bien attention à ne pas trop froisser sa chemise blanche. Elle engueulait souvent mentalement le règlement ridicule du lycée qui interdisait aux élèves de venir dès le matin en tenue de sport... ça lui aurait éviter de se changer deux fois au lieu d'une dans ces cabines de toilettes trop étroites.

PSYCHOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant