PSYCHO

POLARIS

N'hésitez pas à écouter la musique placée en média pour mieux envisager une des scènes de ce chapitre. Bonne lecture :)

- & -

- Lundi après-midi, 17h00 -

Elle replaça son sac sur ses épaules, regarda à droite et à gauche, puis traversa la route pour rejoindre le trottoir d'en face.

Sur le chemin du retour elle n'avait pas croisée grand monde ; deux trois étudiants qui partaient en direction de leurs cours du soir, des enseignants rigolant un peu trop fort en montant dans leurs bagnoles hors de prix, une vieille dame promenant son chien sans se rendre compte que ce dernier venait de pisser sur le vélo d'un homme lambda.

Bref.

Un début de lundi soir sans grande conséquence sur son quotidien, si ce n'est que son petit cahier noir était toujours aussi abîmé et qu'elle ne pouvait s'empêcher de serrer les poings en se remémorant la précédente et douloureuse altercation. Elle se détesta une seconde. Elle n'arrivait pas à le croire... elle avait craquée d'une manière si ridicule avant de partir chialer comme une gosse qui avait fait une connerie. Elle avait pleurée si longtemps dans cette salle de musique piteuse qu'un agent de nettoyage dû l'y déloger à coup de balais, ou presque.

Bryce. Ou Bryan peut-être bien. Chaeyoung n'avait jamais prêtée grande attention à ces gens. Pas qu'elle les méprisait, loin de là, juste elle ne leur parlait pas. Elle se demandait parfois si des élèves leur adressait la parole dans les couloirs pour leurs demander comment ça allait, comment se nommait leurs gosses, si ils avaient appréciés la bouffe du self, et tout un tas de questions plus idiotes les unes que les autres mais qui faisaient la conversation.

Chaeyoung regarda sa montre.

Dix-huit heures quarante.

Elle soupira en poussant la porte qui fit retentir sur son passage le son strident d'une clochette absurde, durant de longues secondes, obligeant la jeune femme qui se trouvait derrière la caisse à relever le regard de son manga.

Cette dernière scruta la nouvelle arrivante un petit moment, une sucette bleue dans la bouche et une casquette noire sur le crâne. À son oreille gauche pendouillait une belle boucle d'oreille argentée.

Chaeyoung la vit qui rangeait son manga dans son sac avant de se lever.

« T'es en retard » lança-t-elle.

Chaeyoung observa rapidement les lieux pour voir s'il y avait le moindre client à l'horizon.

L'endroit n'était pas très grand. Au centre deux grandes étagères remplies à ras-bord d'aliments de première nécessité, de boissons alcoolisées ou non et enfin, de papier toilettes. Tous les ustensiles de la supérette du coin y étaient réunis. La caverne d'Ali Baba du pauvre coréen n'ayant pas eu le temps de passer à l'hypermarché de la grande-ville voisine.

Au fond, à côté de la rangée de frigos vitrés, se trouvait le stand de magasine : pour adulte, pour enfant, pour ado. Il y avait de tout et pour tout le monde.

Pour tout le monde.

Ouais. Chaeyoung soupçonnait ce point précis d'être à l'origine de la désertification du magasin. Cela incarnait peut-être trop responsabilités pour une supérette du coin de la rue. C'était pour ça que les gens ne s'arrêtaient pas souvent ici, parce qu'il y avait un trop large choix. Ils préféraient se perdre des heures à l'intérieur du dédale d'étagères des immenses supermarchés hors de prix. Ils estimaient que les néons en bonne santé étaient plus attrayant que les néons à moitié morts de cet endroit.