TEEN IDLE

323 18 3
                                    

- Lundi matin, 8h12 -

« Je t'attends devant. » murmura dans un sourire équivoque la jeune femme en fermant la portière.

Ce qu'elle portait sur le visage donnait aux yeux des spectateurs qui l'entourait l'image parfaite de cette terrible balafre qu'était l'amour chez les adolescents. Ce sentiment qui, dans l'esprit des possédés, devait durer éternellement. En vérité, dans le crâne de ces individus, il ne s'agissait pas que d'un sentiment volage, quelconque, mais bien d'une magie que l'on retrouvait sans trop farfouiller dans les séries américaines pour ado appréciant la magie ou le surnaturel.

Ouais, c'était ça l'amour. Une balafre suintante de clichés. M'enfin bon, peu de personne le voyait comme ça.

Surtout Mina. Non, définitivement, pour elle, l'amour était bien plus que cela. Ce n'était pas une balafre mais une magnifique plaie ouverte emplit de bonheur.

Elle fit un minuscule signe de la main avant d'enjamber, dans un joyeux bond, le trottoir.

Toujours ce sourire d'idiote.

Remettant son sac sur ses épaules d'une manière ridicule – ou stylée, cela dépendait souvent des points de vue – elle attrapa son portable dans sa poche arrière de jeans afin d'y tapoter un message voir une recherche internet futile. Cette fille si heureuse d'être présente sur ce territoire aimait ressembler à ses congénères ; elle adorait fixer l'écran bleuté de son téléphone pendant des heures sans posséder de véritable objectif. Mina était cette adolescente basique que constituait la foule du lycée de Mancheon, dans le comté de Sokcho, tout au nord-est de la Corée du Sud. Bien coincé entre mer, montagne et vide.

Toujours ce fichus rictus joyeux, pensa sa sœur qui ne l'avait pas lâchée du regard depuis son arrivé.

Elle tira une nouvelle taffe sur sa cigarette tordue. Celle-ci pendait mollement vers le bas comme si le tabac voulait fuir son futur chez-lui, il ne voulait pas finir dans les poumons d'un autre imbécile d'humains.

Sana était l'humaine en question. Humaine qui avait dépensait ses derniers won dans ce paquet, alors il n'était pas question que ce tabac s'échappe ainsi. Non. Hors de question. Sa valeur ne pouvait se perdre aussi bêtement. Alors, bien qu'ainsi amochée, elle continuait de tirer dessus à grand coup de forte respirations hachées et fébrile. Elle sentit qu'il était plus complexe qu'auparavant de soutirer une toxicité quelconque et elle se fit la réflexion que, la prochaine fois, elle veillerait à ne pas écraser son paquet de clope sous ses manuels d'histoire et de géographie en partant de chez son ami.

Les yeux braqués sur la silhouette de sa jumelle au loin, elle écoutait également d'une oreille distraite les dires de ses camarades qui, d'après ce qu'elle avait réussit à capter jusque là, se disputaient à propos du dernier album d'un artiste anodin.

« J'y crois pas... marmonna énervée la voisine de Sana. Le solo de guitare était carrément claqué au sol, même Dahyun aurait mieux gérée que ce mec,

- Oh, merci Nayeon, Ricana la concernée.

- C'était ironique. T'es aussi douée qu'un singe,

- Oh, parce-que t'as déjà vu un singe jouer de la guitare ?

- Non et justement, ça veut tout dire sur ton niveau merdique. »

Les deux jeunes femmes échangèrent un long regard avant de se détourner l'une de l'autre, préférant passer leur temps de pause à autre chose qu'à se disputer. Elles tirèrent d'un même geste vif sur leur cigarette respective et, si la japonaise avait prêtée la moindre attention sur ses deux camarades, elle aurait remarquée leurs regards impatients, brouillés.

PSYCHOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant