- Vendredi, 11h03 -
L'entretien avec le directeur avait été court et concis : que Sana aille ou non dans un centre pour jeune délinquant afin d'éviter d'avoir un casier judiciaire, il était inconcevable pour l'établissement de la reprendre dans ses rangs. Être entaché d'une rumeur aussi immorale et abjecte faisait tache sur le papier. Que penseraient les futurs parents lorsqu'il serait question de choisir un lycée pour leurs ados ?
"L'école publique ? Pourquoi pas, après tout, c'est un peu moins cher. Mais il paraît que certain(e)s élèves y ont pris de la drogue. Alors même si dans le privé c'est plus coûteux, on est sûrs qu'aucun(e)s étudiant ne se piquent. Nos enfants pourront y étudier en toute sécurité"
La drogue dans ce pays, c'était la pire des trahisons possible. Il suffisait de fumer un joint pour finir affublés des pires rumeurs. Sana pensait souvent que cela relevait d'une hypocrisie sans nom. Le fait qu'elle est passée à tabac ce fumier relevait presque de l'anecdote. Jamais il ne serait inquiété. D'ici deux semaines maximum, il reviendrait se pavaner dans les couloirs du lycée, un sourire enjôleur aux coins des lèvres. Nayeon n'aura jamais plus l'occasion de se balader sereinement. C'était complètement stupide. On disait non à la drogue, mais aux agressions sexuelles oui. L'absurdité dans toute sa splendeur. L'être humain pouvait être sacrément inventif lorsqu'il s'agissait de choisir ses malheurs.
Congédiées sans plus de forme, les deux sœurs se trouvaient dans l'impasse. Il n'y avait plus d'échappatoires possibles pour le futur. Plus personnes ne voudraient avoir à faire à une droguée. Du moins, la haute sphère du pays l'éviterait comme la peste. Pour ce qui est des établissements de derniers rangs, ils se feront un plaisir d'accueillir Sana chaleureusement. Avant de fermer la porte, Sana avait observé Mina remercier le directeur pour son temps. Sa jumelle s'était penchée en avant avec toute la politesse du monde. Comme si cela allait adoucir la pointe du couteau.
Myoui Sana n'était plus la bienvenue. Il n'y avait rien de plus à ajouter. À quoi bon espérer.
Les couloirs du bâtiment A étaient déserts. Les élèves se trouvaient en classe. La sonnerie signalant la pause de onze heure quinze ne se ferait entendre que d'ici une dizaine de minutes. Mina avait la tête ailleurs et ne savait toujours pas comment annoncer à ses équipières qu'elle ne pourrait pas participer au tournoi le plus important de la saison le lendemain. Sana ne réagissait pas. A peine plus qu'un haussement de sourcil habituel et elle sortait déjà un nouveau paquet de cigarettes de son sac à dos.
Le silence qui régnait entre les deux jumelles était empreint d'hésitations.
Il était évident qu'aucune d'elles n'osaient penser à ce que ce renvoi impliquait véritablement pour la plus grande. Alors, d'un même pas, elles se dirigèrent vers la cour intérieure. Sana devait fumer et Mina avait besoin de prendre l'air. Pour la première fois depuis le début du lycée, les deux se comprenaient.
Peut-être gage d'une ironie mal placée, il faisait très beau. Voir même un peu chaud. Le soleil brillait sur un fond bleu azur. Un temps à se balader ou à boire une bière - si vous vouliez l'avis de Sana, bien sûr.
Dans un petit brouillard morose, la fumée de sa cigarette s'étala sur ce ciel éclatant.
Ce fut Mina qui osa prendre la parole :
"J'enverrai un message à papa et maman pour les documents après mon cours d'anglais,
- Je peux m'en charger si tu veux."
Mina soupira.
"Je ne crois pas que ce soit le moment d'enfin prendre tes responsabilités."
Sana ricana une seconde, d'un rictus amer et pourtant sincère. Sa voisine n'avait peut-être pas tort. Ce n'était pas l'instant idéal pour se montrer pénitente. Il était bien trop tard pour cela. En effet, dans moins de quarante-huit heures, elle serait coincée dans un lieu insondable tant il était disgracieux. Bientôt, elle ne reverrait plus personne pendant plus de cinq mois. Cette idée eut le don de la faire sourire d'aversion. Tout ça pour ça...
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PSYCHO
Fanfiction" CASSE-TOI ! La voix de Chaeyoung vrilla sur la fin, et Mina la vit fondre à nouveau en larmes. Tu ne comprends rien, tu ne comprends rien... C'est de ta faute et ça l'a toujours été. " Mina avala sa salive et baissa vivement les yeux pour contempl...