THERE WILL BE BLOOD

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- Jeudi, 0h32 -

"Réponds... Réponds... Allez, rép-

- Salut, vous êtes bien sur le répondeur de Sana. Si je ne réponds pas c'est que je n'en ai rien à-

- Bordel !"

Mina inspira profondément. Son cœur tapa avec férocité ; les veines de ses tempes lui donnèrent mal au crâne. D'une main tremblante, désordonnée, elle se gratta le bas de la nuque. Un courant d'air s'infiltra sous ses pores et un long frisson la transperça.

Elle s'assit avec précipitation.

Une seconde s'écoula avant qu'elle n'appuie à nouveau sur l'icône de contact de sa sœur. D'un tremblement qu'elle essaya de contrôler, elle plaqua son téléphone contre son oreille.

Son pied droit, dans l'un de ces réflexes de filles anxieuses, martela en rythme le sol ; elle crevait de froid. Ses doigts lui paraissaient aussi mordus d'austérité qu'en plein hiver. Le bout de son nez la brûlait. Si l'absence de nouvelles la stressait déjà, savoir qu'elle pouvait à tout moment se congeler sur place n'améliorait pas la situation. Elle s'insurgea mentalement de ne pas avoir opté pour un jeans et un sweat-shirt.

Un bip revêche résonna durement contre ses tympans.

"Salut, vous êtes bien sur le rep-

- Putain mais réponds, idiote !" gronda-t-elle entre ses dents, à la limite de l'emportement.

Mina fixa l'écran de son portable : dix huit appels.

Sous cet abri-bus planqué maladroitement du vent, elle sentit quelque chose grossir dans le creux de son estomac. Proche de la lassitude et de l'anxiété. Cela ne faisait que de s'accroître, appel après appel. Elle déglutit difficilement, prise en étau. Peut-être avait-elle de la fièvre ? Peut-être qu'elle avait réussi à choper une mauvaise grippe en se baladant ainsi habillée... Mina se sentait au bord de la nausée, proche d'un état de déshydratation. La main qu'elle se passa sur le front n'arrangea rien... Elle avait la terrible impression de couler à pic. S'effondrer dans une eau glaciale, sans la moindre issue, aucun échappatoire lui permettant d'omettre ses pensées dangereuses qui ne cessaient de venir la titiller : quelque chose a forcément dû lui arriver. Et si elle s'était faite agressée ? Ou peut-être que quelqu'un a abusé d'elle ? Et si une voiture l'avait percutée ou-... Le simple fait de penser à sa sœur en actrice principale de l'une de ces situations lui donna un lourd haut-le-cœur.

Alors, la main droite toujours aussi tremblante, elle essaya de la joindre pour la dix-neuvième fois.

Le vide de la rue lui répondit.

Terrifiée par l'angoisse, elle relut le message de sa jumelle, envoyé une demi-heure plutôt :

Sana : Règle 8, on se voit ds le parc le dit pas aux parents.

Mina : Qu'est-ce qu'il t'arrive encore ?

Sana : grouille, c urgent, j'ai un GROS problème

Sana : c la merde ptn

Sana : on se retrouve ds 10 m

Mina observa l'heure.

Ça faisait presque trente minutes que sa sœur aurait dû la rejoindre...

- & -

- Jeudi, 0h00 -

Sana était debout dans la salle de bain de la famille de Hyuna. Coincé dans l'embrasure de la porte, Sungjin surveillait le couloir. Dahyun, de son côté, farfouillait dans les multiples armoires dans l'espoir de trouver la moindre goutte de désinfectant. En arrière-plan, telle une musique lancée en boucle, les pleurs de Nayeon résonnaient maladivement.

PSYCHOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant