33- All the night

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Mercredi quand j'arrive au lycée, thomas et matt sont déjà là. Lundi en arrivant près d'eux je m'étais dit que il allait fuir comme il l'avait fait toute la semaine précédente. Mais il est resté la avec nous, et il a continuécomme ça pendant les deux autres jours.

La semaine dernière il faisait tout pour m'éviter et voilà que maintenant il m'ignore, je n'existe plus je ne pensais pas que ça pouvait devenir pire.
Je sens mes ongles s'enfoncer dans la paume de ma main, je commence à être épuisée de subir ces changements mais je prend une grande inspiration et j'avance vers eux en souriant.

- salut matt.
Il me répond gentiment mais il est vite distrait par l'arrivée de Lou qu'il accueille avec un grand sourire.

Thomas n'ouvre toujours pas la bouche, quand à victoria, sa nouvelle copine elle nous rejoint tous les soirs au café. Elle est plutôt gentille avec moi, mais elle est toujours collée à Thomas, ce qui, que je l'admette ou non, me pince le cœur à chaque fois .
La sonnerie retentit alors qu'on se dirige tous vers le cours de littérature, à peine installés mr. bayer nous sermonne déjà car aucun de nous n'a envoyé les lettres.
Ça me rappelle que je n'ai pas envoyé la mienne mais surtout que Thomas est mon correspondant. Le reste du cours passe plutôt rapidement car j'en passe une bonne partie à chercher ce que je pourrais bien écrire.
Quand j'en parle à lou en sortant elle me répond
- t'as qu'à écrire « va te faire foutre » dans toutes les langues pour lui faire passer un message
- très subtil. Je répond, avant qu'on explose de rire ensemble.

Matt nous coupe en passant son bras autour de nos épaules,
- qui est-ce que vous voulez insulter dans toutes les langues, jeunes filles ?
- personne. Je réponds mais Lou me coupe en disant:
- ton meilleur pote.

Matt affiche un sourire gêné quand elle demande
- non en vrai qu'est ce qui lui prend ?
Je crois qu'on est tous les deux incapables de répondre, alors je lui répond
- je sais pas, et j'en ai rien à faire.
Le pincement que je ressent dans ma poitrine me prouve le contraire mais ils n'en sauront rien,
alors j'hausse les épaules et change de sujet pour alléger l'atmosphère.
Je n'ai pas vraiment envie d'en parler alors que Thomas est à 10 mètres de nous, continuant de nier mon existence.

Le mercredi suivant rien n'a changé, alors quand lilia me demande si je viens au café avec eux j'accepte même si je sais pertinemment qu'il va m'ignorer. Après tout je commence à avoir l'habitude. On s'avance tous sur nos devoirs et on commence à discuter des lettres de littérature, et ce n'est pas vraiment un sujet qui me remonte le moral.
Lilia a écrit un poème, et Lou a illustré les paroles de sa chanson préféré parce que elles lui faisaient penser à la personne avec qui elle échange les lettres.

Le sujet est totalement libre avec la seule consigne de s'exprimer par l'art pour son correspondant.
Ça ne renforce que le manque d'inspiration que j'avais jusqu'à la, ce qui m'agace fortement donc je referme mon cahier de maths, dépassée par ses lois absurdes et je sors mon carnet de croquis.
J'entends victoria qui rigole à l'autre bout de la table ce qui me rend furieuse sans vraiment savoir pourquoi, alors j'en profite pour dessiner cette colère, comme c'est le seul moyen que j'ai pour l'exprimer.

- el ça va ?
Je sursaute en entendant la question de Lou, j'étais totalement plongé dans mon dessin.
- tres bien pourquoi ?
Elle regarde mon dessin et hausse les sourcils
- vu ton dessin ça m'a pas trop l'air.
- je m'entraîne juste.
- c'est ça, ça doit être ton inconscient. Me répond elle en fixant les deux personnes au bout de la table.

J'hausse les épaules, j'ai toujours des réactions similaires face à mes dessins, simplement parce que je trouve que la tristesse a une beauté à dessiner que la joie n'a pas. Les plus grands peintres étaient comme ça, les derniers mots de van gogh sont « la tristesse durera toujours ». C'est universel.

En rentrant je m'affale sur mon lit et fixe le plafond, je cherche de l'inspiration pour la lettre, et je repense à la tristesse et à tout ce qu'elle signifie.
J'ai traversé tellement d'étapes en partant il y a deux ans, et la tristesse en a été une grande. Elle est toujours avec moi, ça ne s'en va pas, simplement ça s'estompe un peu, et je sais qu'il me reste beaucoup de chemin à parcourir.
Mais le soir ça a toujours tendance à me rattraper, je regarde mon tatouage sur mon poignet, c'est pour ça que j'attache autant d'importance aux étoiles et à la lune. Je ne regrette vraiment pas mes tatouages, ils ont été une grande partie du changement, je ne me voyais pas avancer alors que dès que je regardais mes poignets je voyais les cicatrices de mon passé.

Puis je repense à la soirée de chez Matt, ça m'arrive souvent, avant j'avais envie de sauter du toit tout le temps. Maintenant disons simplement que je ne sauterai pas mais sûrement que si l'on me poussait je ne résisterait pas vraiment.

C'est le problème avec la tristesse, ça s'installe puis ça devient confortable car on sait que on retombera pas, on est déjà tombé. Partir n'était pas vraiment difficile, mais toutes les étapes que j'ai du traverser après l'ont été, et le sont toujours.

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encore un chapitre court de transition mais promis l'action arrive. Plutôt philosophique mais dans la reconstruction il y a des choses qu'on doit traverser que je voulais mentionner.
love you
em <3

All the night Où les histoires vivent. Découvrez maintenant