08- Charline.

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Ce n'était pas la première fois que je manquais l'école. Sauf que je le faisais exprès quand j'étais jeune. Je prétendais être malade pour ne pas y aller. Et je n'aurais jamais cru que rester à la maison deviendrait ennuyeux pour moi. Ma tante et mon oncle étaient à leur travail, j'étais seule avec Rita. La fièvre était encore présente à mon réveil, elle avait fini par s'estomper vers 12 h. Je me sentais mieux dorénavant.

J'avais donc passé le reste de ma matinée à regarder la télé sans grand intérêt, souhaitant le retour de ma cousine avec mon téléphone. J'avais eu le temps de réfléchir à ma situation. Qu'allais-je pouvoir dire à Charline ? En même temps, ce n'était pas comme si elle sortait avec André. Mais, c'était une sorte de trahison car on embrasse pas une personne qui plaît à notre amie. Quoique techniquement, c'était lui le fautif.

À 13 h, Babas était rentré de l'école. Je l'avais aidé à faire ses devoirs et il se plaignait déjà. Il se plaignait et disait qu'il avait hâte d'être en primaire. Si seulement il savait ce qu'il disait...

— Je te jure Alice, la fille a insulté la maîtresse, répéta-t-il.

— Qu'a-t-elle fait ?

— Mademoiselle Chantal est trop gentille, bouda-t-il. Elle n'a rien fait alors que cette Gina mérite une fessée. Une vraie effrontée.

— Les fessées sont interdites par l'éducation nationale Babas.

— Alors pourquoi maman m'en donne quand je fais une bêtise ?

À cette question, je n'avais pas su quoi répondre. À l'école ils l'interdisaient, même si dans certains établissements les élèves sont fouettés, la plupart du temps à cause des leçons non sues, des devoirs non faits ( je n'avais jamais compris l'importance de cette punition). Par contre à la maison, c'était le contraire, les parents pouvaient le faire.

— Pourquoi Alice ?

J'haussai les épaules. Je ne voulais pas dire quelque chose de contradictoire. Sébastien était un enfant très intelligent, il comprenait facilement tout et ne se laissait pas berner. Je peux dire, ce n'était pas un enfant naïf.

— Tu vas bien on dirait, me toucha-t-il le front.

— Oui ! Demain je pourrai aller à l'école, souris-je sans trop avoir l'enthousiasme.

— Tu n'es vraiment pas comme Maryse, secoua-t-il la tête.

— Comment ça ?

— Quand elle est malade, elle ne reste pas à la maison. Elle dit souvent : si je n'y vais pas, je perdrai beaucoup d'explications et je perdrai ma place.

Cela ne m'étonnait pas. C'était Maryse, quoi ! La fille la plus brillante qui détestait les échecs. Être toujours la meilleure, était sa devise. Lorsque j'avais reçu mon carnet l'année dernière, ma mère m'avait clairement dit que je devais être comme elle. Mais j'était pas, elle. Parfois, je me disais que sa nièce était sûrement sa fille.

— Babas, je crois que je vais me coucher. Ne fais rien qui puisse contrarier tes parents.

— Promis mais avant pourrais-tu me prêter ton téléphone ?

— Non. Ta maman sera fâchée contre moi. N'oublie pas qu'elle ne veut pas que tu sois devant un écran.

— C'est trop injuste. Je veux avoir un portable tout comme Léo.

Léonard, alias Léo, est le meilleur ami de Sébastien. Je pouvais comprendre sa frustration car moi aussi, j'avais vécu la même chose. Toutes mes amies possédaient un téléphone et pas moi. La seule différence, je n'étais aussi jeune que lui.

My [Un]Happy StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant