« Le désespoir est le suicide du cœur. »
La clochette de la porte sonne. J’entre une troisième fois sans vraiment me poser de question. Ils sont là, l’un derrière le comptoir, l’autre devant la porte du fond et Dorian posé sur un des tabourets du bar. Il discutait avec ledit Tony jusqu’à ce que mon visage lui apparaisse dans son champ de vision. Son sourire s’élargit et ses muscles se détendent.— C’est donc vrai, tu ne dors jamais ? me demande-t-il d’un rire nerveux.
— La nuit est chronophage, je laisse le sommeil aux morts.
Il ne dit rien. Personne ne dit rien. Lui et le barman se reluquent dans un moment de latence.
— Je profite du peu de temps qu’il me reste pour apprécier ma souffrance, j’ajoute calmement avant de m’installer aux cotés de Dorian, à sa droite, plus précisément.
— Tu ne devrais pas, et prendre ton traitement serait la meilleure décision que tu puisses avoir.
Un verre de bière à la main, il avale deux gorgées avant de se tourner vers moi, comme s’il attendait que je lui donne une réponse. Ma respiration recommence à devenir sifflante, mais je ne dis rien, parce que je ne sais pas quoi dire. Il reprend calmement quelques secondes après :
— Tu devrais prendre tes traitements.
Il prend à nouveau une gorgée.
— J’ai recommencé hier soir.
— Pour faire plaisir à ton mari ? en déduit-il avec sarcasme.
— Un peu.
— Un peu beaucoup, renchérit-il.
Absolument vrai. Je ne pense pas continuer, de toute façon, la vingtaine de médicaments m’énerve, la kinésithérapie m’énerve, tout m’énerve. J’en ai ma claque de me sentir comme une bête de foire, une personne qui n’aura jamais la vie tranquille. La preuve, en plus de cette maladie incurable qui me colle à la peau, j’arrive à tuer les personnes que j’aime. Je ne m’aime pas mais je me tuerais un jour, d’une mort lente. Un regard insistant vient me sortir de ma rêverie, celui du barman que Dorian recadre aussitôt d’un ton cinglant :
— Tony, fais ton boulot et occupes-toi de ton cul.
Le jeune ne dit rien, mais retourne vaquer à ses occupations en se baissant derrière le comptoir. Très franchement, je n’ai même plus envie de parler de mucoviscidose, parlons un peu de cette porte qui paradoxalement m’intrigue tant. Si le blond reste toujours devant elle, c’est qu’il doit y avoir quelque chose d’intéressant de l’autre côté ?
— Qu’est-ce qu’il y a derrière la porte gardée ?
Il soupire avec une étonnante légèreté.
— Tu es encore sur cette histoire ?
— Oui.
— Tu as une curiosité mal placée.
Le visage levé, il termine son verre, laissant à découvre son cou fantomatique, sa pomme d’Adam ressortir bien plus que d’ordinaire et se balancer de haut en bas au gré de ses mouvements. Le cristal devenu transparent claque contre le comptoir en bois.
— N’essaie pas d’y entrer, de toute façon Edgar ne te laissera pas passer.
Sans un mot, je me tourne vers lui et tente de le cerner un peu plus. Il ne bouge jamais, est toujours dans la même position. Je me demande s’il n’a pas les muscles tiraillés ou les membres ankylosés à force de toujours garder cette entrée. Ses yeux bleus me fixent, complètement impassible. Même son visage est figé, c’est flippant. Je me surprends encore à me perdre dans mes pensées, à me dire que j’en connais très peu sur Dorian mais que c’est encore pire pour son acolyte à la musculature saillante. Ses bras croisés sur son plexus font ressortir leurs veines bleutées sur une peau tout aussi blafarde que celle de Dorian. Décidemment, ils ne prennent jamais le soleil ces deux-là.
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Lamia : La Nuit Du Désespoir. {TERMINÉE}
Vampire{Tragic Vampiric Romance} {Non corrigé et non réécrit !} ♛ Peut se lire indépendamment du reste de la saga. ♔ Tara n'est que l'ombre d'elle-même depuis qu'elle a perdu sa fille, morte-née. Atteinte de mucoviscidose, elle peine à remonter la pent...