Londres – 1919
Les sens affûtés, mes paupières se lèvent sur un nouveau monde. Une sensation de légèreté m’envahit, si différente de celle qui guettait mon corps lorsque je suis mort. Je suis mort ! Sur mon brancard d'hôpital en piteux état. Je fais partie des chanceux ayant eu une place en hospice malgré la pandémie qui gagnait du terrain de jour en jour. L’agitation est présente, beaucoup trop présente dans mes tympans. Vêtu d’un linge sale et dégradé, je ne me rappelle plus l’avoir porté. Ce que je sais, en revanche, c’est que je suis entouré de centaines de voisins, cachés par des draps blancs, au rez-de-chaussée de l’établissement. C’est le chaos, à l’extérieur et dans mon esprit. Les médecins s’activent, les infirmières font la ronde et les cris de souffrances, les agitations de désespoir résonnent en moi. L’une des nurse passe derrière le rideau immaculé à ma droite, après avoir écouté les plaintes de celui se trouvant derrière la barrière.
— Monsieur, que faites-vous debout ?
Le visage à moitié caché par un masque, elle tente de me pousser dans mes retranchements, de m’asseoir. Mes jambes, je ne les ai pas senties se dresser et pourtant, mon état de cataplexie a eu raison de moi. Je l’esquive de peu, sans un mot, comme un chien apeuré. Ses veines ! Je commence à les voir pulser sous sa peau, dans sa chair.
— Vous êtes malade, laissez-moi vous aider, tente-t-elle à nouveau de m’approcher.
Je la contourne et détale aussitôt, sans me retourner. Au milieu de tous ces malades, je me presse, prompt à trébucher à n’importe quel moment, à qui voudrait bien amortir ma chute. Je m’obstine à trouver la sortie dans ce dédale de lit malgré les quelques minutes passées à zigzaguer dans l’immensité du rez-de-chaussée. Ce n’est que lorsque j’aperçois un halo de lumière que j’ose espérer sortir de ce trou à rats, de m’en sortir vivant et de savoir ce qu’il m’arrive.
Glasgow — 25 Décembre 1990
La maladie du baiser salé… J’en ai tant entendu parler sans vraiment connaître D'individu porteur de cette sale bête. Je me sentais presque obligé de garder un œil sur elle, une obligation bienveillante. Mon corps se détache du sien, et je ressens comme une séparation déchirante, une distance qui jouera forcément en ma défaveur à partir de maintenant. Mes mains tournent le haut de son corps vers moi et ses jambes suivent le mouvement jusqu’à se figer.
— Inspire et expire.
De suite, elle s’exécute, mais j’entends bien qu’il se passe quelque chose qui ne va pas dans ses poumons.
— Tu as un début d’infection.
— Je sais, je la sens depuis cette nuit.
Même en respirant le plus calmement possible, son organe vibre bien plus que de coutume, cela n’annonce rien de bon.
— Tu ne veux pas aller à l'hôpital ? je lui demande, réellement inquiet.
Elle se raidit sans aucun délai, prouvant sa mauvaise expérience avec cet endroit sordide. Moi non plus, je n’y suis jamais retourné, je n’ai jamais remis les pieds dans un établissements de ce genre. Même lorsque j’ai vu défiler des dizaines d’amis au sang-chaud mourir entre quatre murs blancs.
— Non, pas cet endroit. Les médecins me connaissent, ils savent ce que j’ai fait… Je ne veux pas y retourner.
J’en déduis qu’elle parle encore de sa fille. Moi qui pensait que sa culpabilité n’était pas aussi grande alors que tous les jours je l’entends se culpabiliser par rapport à cet accident qu’elle n’a pas voulu.
— Bon, on va essayer de guérir ça à deux alors, ce n’est pas une infection grave, elle devrait rapidement passer.
— Max serait dans tous ses états s’il m’entendait dire ça, bafoue-t-elle.
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Lamia : La Nuit Du Désespoir. {TERMINÉE}
Vampire{Tragic Vampiric Romance} {Non corrigé et non réécrit !} ♛ Peut se lire indépendamment du reste de la saga. ♔ Tara n'est que l'ombre d'elle-même depuis qu'elle a perdu sa fille, morte-née. Atteinte de mucoviscidose, elle peine à remonter la pent...