Chapitre 27 - Dorian ♛ : Dégradé pastel.

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Il mérite toutes les baffes du monde, j'espère qu'il le sait. En regardant les yeux de Lamia, je la vois éternellement se figer face aux paroles de William. Il avait à peine prononcer ses paroles que toute la vie de la jeunne femme s'était disloquée. Je n'oublierai jamais ce regard vide. Sortir devait lui faire du bien, au lieu de ça, on en revient toujours au même sujet. Je sers les poings alors que la roue continue à grimper dans le ciel, silencieuse.

— Changeons de sujet, tu voudras aller à quelle attraction après celle-ci ? lui demandé-je, sa pomme toujours entre mes doigts.

Elle continue de piocher dans ses churros, les yeux rivés vers l'extérieur.  

— Je ne sais pas, peut-être la patinoire. Je veux éviter les manèges à sensation pour mes poumons. Et ma tête, d'ailleurs.

Ça va de soi.

—Tenter par la patinoire ? rit-elle en s'approchant de la paroi en verre. J'oublie toujours qu'elle ne quitte jamais ses talons noirs semi-compensés, ses habits sombres se mélangeant avec la teinte de ses cheveux raides. Une buée opaque se forme sur la vitre, ma fraîcheur a englobé l'endroit, mais elle ne bronche pas.

— Je serai probablement mal à l'aise, mais c'est ton jour aujourd'hui, pas le mien.

— Le tien est dans une semaine, fait elle remarquer.

Elle s'en souviens...

— Tu t'en rappelles, ajouté-je avec satisfaction.

Nous atteignons enfin le point culminant de l'attraction. De là, nous pouvons apercevoir le domaine du roi George III. Le château blanc se confond presque avec le ciel clair. Le chute pourrait être vertigineuse si le sol en verre n'était pas présent sous nos pieds.

Bordel, je me vois mal patiner, finalement. Je vais avoir l'air de quoi ?

La grande roue s'arrête quelques secondes avant de reprendre son bout de chemin. Un tour de plus, et nous descendons finalement. Tara a eu le temps de piocher la moitié de son sachet. La pomme d'amour luisante ne l'attire pas, on dirait.

—T'en veux ? me demande-t-elle innocement en me tendant les churros lorsque nous sortons de la nacelle.

Elle se rend compte de ce qui pourrait être une bétise, mais je la rassure sans attendre en attrapant une des pâtisseries espagoles.

— Pour nous, dis-je en espérant qu'elle comprenne que je ne peux pas prononcer ce mot ici, la nourriture est souvent un supplice. Surtout en début de transformation, c'est vraiment dégueulasse. Et il faut vraiment avoir la force de recommencer à manger de tout pour que le goût devienne supportable avant de reprendre peu à peu authentique. Cette méthode m'a pris des années.

Elle semble fascinée, arrêtée au milieu d'une foule en mouvements.

— Je suppose que ça ne te nourrit pas, sourit-elle avant de remplir sa bouche d'un bout de churros.

De la tête, je lui donne une réponse négative avant de me tourner vers la patinoir, non loin de' la grande roue. Le sol luisant et blanc nacré sur lequel se presse des dizaines de personnes ne me donne pas spécialement envie, actuellement.

— J'espère que ça coûte pas un bras, cette connerie.

Dire que je ne veux pas y mettre les pieds est un euphémisme. Elle aurait pu choisir autre chose.

C'est parti.

Je m'avance vers le stand, bras levé à cause de ce bâton qui commence à devenir humide et demande alors deux places et sors quelques billets de livres sterling de ma poche. Je les file au gérant de l'attraction avant de me tourner vers Tara.

Lamia : La Nuit Du Désespoir. {TERMINÉE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant