Chapitre IX

9 4 0
                                    

                 

                    PDV ALEX

              C'était quoi ça?  Qu'est ce qui m'a pris de lui donner ce petit bisou de puceau? C'était pire qu'un bisou de gosse de 5ans, embrassant son amoureuse pour la première fois à la maternelle. Je n'en revenais toujours pas d'avoir fait ça... J'ai pris conscience de mon geste juste au moment où mes lèvres rentraient en contact avec sa joue froide. Je ne pouvais pas faire machine arrière à la dernière nanoseconde. C'était tellement imprévu que la seule solution était de prendre la fuite, avant qu'elle puisse remarquer mon air désemparé face à la situation. J'avais pas réfléchi avant d'agir, elle était là assise à quelques centimètres de moi sur cette chaise. Elle soutenait mon regard, celui qu'elle avait fuit dans la voiture et durant tout le dîner. Elle avait de beaux yeux bruns, j'avais pu le remarquer grâce à la faible lumière des réverbères. Elle avait un joli visage, ses cheveux noirs étaient attachés en un chignon dont quelques mèches rebelles en sortaient. Il y avait dans son regard une once d'agacement et de mépris, y compris ce sourire cauteleux qu'elle m'a lancé me montrant à quel point elle avait marre d'être en ma compagnie. Elle avait du mal à cacher son impatience à quitter les lieux pour aller s'enfermer dans sa chambre dont les quatre murs semblaient être plus lénifiants que ma présence. «J'étais de si mauvaise compagnie?» me demandais-je intérieurement.

              Pourtant ce n'était pas toujours le cas avec les autres femmes. Je n'avais pas le carrière d'un playboy enchainant des plan-culs un peu partout, non! j'avais mes principes et mes valeurs. Je n'aimais pas jugé les gens, mais je n'arrivais pas à comprendre ces hommes qui couchent partout et avec n'importe qui dans le but de prouver leur virilité. C'est pathétique... Je ne prétend pas être parfait, je suis pour la plupart des temps un vrai connard avec les femmes. La preuve, il  ne m'a fallu qu'une après midi pour donner une mauvaise impression de moi à cette jeune femme. Je suis totalement conscient que j'ai du charme et je sais comment en jouer. Mais, je suis loin de ce catégorie d'homme «serial baiseur» comme on dit. Cela ne veut pas dire que je n'aime pas le sexe bien au contraire je l'adore, c'est quelque chose d'exquise. J'aime partager ce moment avec quelqu'un que je respecte et que j'admire. Ce quelqu'un n'est autre que Lucie. C'est une femme assez surprenante, belle, intelligente qui mérite d'être aimer par un homme bien et d'être heureuse dans sa vie. Mais, je suis incapable de lui offrir tout ça...je ne peux tout simplement pas aimer, impossible pour moi de ressentir ce sentiment à l'égard d'une femme. Elle m'a rendu misogyne, elle est parti avec l'estime que j'avais pour cette race faible et insignifiante à mes yeux à présent. Je ne porte envers elles qu'un sentiment d'hostilité, de dedain et de mépris. Elles sont toutes pareilles, des profiteuses, des frimeuses et des croqueuses d'homme -tout comme elle- Elle, à qui j'ai accordé ma confiance, celle qui était le modèle, l'exemple de femme que je voulais avoir dans ma vie. Elle était à la fois honnête, sensible et merveilleuse. Mais tout ceci n'était qu'une facette de sa vraie personnalité. Elle a mit du temps avant de nous montrer son vraie visage, son masque d'épouse fidèle et de mère aimante a fini par tomber, pour laisser place à la femme égoiste et hautaine qu'elle était vraiment. Et cette image d'elle m'horripile et m'écœure littéralement. J'ai essayé de comprendre le pourquoi de ce comportement austère: pourquoi nous a-t-elle menti pendant toutes ces années?
           
         Plus de six ans que je cherche à mettre la main sur la raison de cette drame qui a changé à tout jamais ma vie -non seulement la mienne- mais aussi celle de mon père et de mon frère. Elle nous a détuits d'une façon ou d'une autre, elle a eu ce qu'elle voulait et est partie sans regarder en arrière les morceaux qu'elle a laissés de nous.

              Alexis avait fini par quitter le cocon familial pour voler de ses propres ailes puisqu'elle était son point d'appui et de soutien quand ça n'allait pas trop fort avec notre paternel. Puisque ce dernier voulait à tout prix qu'il prenne les rênes de l'entreprise en le forçant à faire une étude qu'il n'appréciait guère. Mon frère avait toujours été très hasardeux et contredisant face aux décisions du vieux. Il trouvait loisible de ne pas vouloir faire ce que notre père lui ordonnait afin de suivre ses propres rêves, il avait eu le soutien de notre mère et le mien aussi. Quand elle est partie, il s'est senti délaissé, abandonné, et sa présence dans la maison se faisait rare puisque mon père devenait plus exigeant envers lui. Alors, il a préféré prendre ses clics et ses clacs pour s'envoler vers une nouvelle horizon. Mon père -aussi fort qu'il voulait se laisser paraitre après leur départ- est tombé gravement malade suite à son infarctus il y'a plus de six mois.

     Je marche d'un pas décidé vers ma chambre. Martha l'a bien aménagée pour mon arrivée, cette chambre est remplie de beaucoup de souvenirs: des bons et des mauvais. Après le départ de ma mère, c'était l'endroit où je passais le plus clair de mon temps. Elle m'avait brisé et les mots qu'elle avait employés pour nous faire comprendre qu'elle voulait rien avoir à faire avec nous,avaient le même effet d'un coup de poignard. Ce qui m'avait le plus peiné c'était de voir le visage de mon paternel déformé par la trahison, la rancœur et la déception. Son regard était anéanti par la peine et de jour en jour, il sombrait dans la douleur de perdre celle qu'il avait longtemps aimé.

   Je passai nerveusement mes mains dans mes cheveux en les tirant légèrement, tous ces souvenirs, eurent la capacité de me mettre en rogne et de mauvaise humeur. J'avais fait en sorte d'enfuir bien loin toutes ces pensées afin de l'oublier (elle et sa trahison). Mon téléphone se mit à sonner, je poussai quelques jurons toute en sortant l'appareil de ma poche et répondis sans prendre la peine de voir qui était mon interlocuteur.

-Quoi? Lançai-je durement à ce dernier.

-Woahh!!! Je suis ravie de t'entendre aussi Alex. Dis la voix de Lucie avec sarcasme.

-Lucie!!! Soufflai-je en passant ma main libre sur mon visage dans le but de chasser ma mauvaise humeur. Excuse moi, j'ignorais que c'était toi.

-Qu'est ce qui t'a rendu aussi gricheux mon beau? Ne me dis pas que c'est l'idée de venir dîner demain avec mon père?

-Non Lucie, contrairement à toi j'avais complètement oublier ce détail.

-Ravie d'entendre que tu es impatient de me voir Lexou.

         Un sourire se dessina involontairement sur mon visage. Bien que je déteste quand elle me donne ce surnom ridicule mais je sais qu'elle le fait seulement pour me faire comprendre que je l'emmerde.

           Lucie -tout comme moi- n'aimons pas la situation dans laquelle nous nous trouvons mais, on fait avec. J'ai rencontré Lucie à un moment crucial de ma vie, elle a été mon bouc émissaire et j'en fut de même. On s'était embrouillé au début car elle ne supportait pas mon jeu de charme, ou du moins elle n'aimait guère les hommes, alors que moi, c'était les femmes que je ne supportais pas. Donc, on a put trouver un terrain d'entente avec le sexe. On couchait ensemble sans aucun engagement et ça nous plaisait bien, on sortait tout les deux gagnants. Mais, les choses se sont détériorées quand nos pères nous ont forcés la main.

          Le père de Lucie n'est autre que Lucas Thamas Crover l'homme d'affaire très reconnu dans cette ville pour ses nombreuses prouesses. Il a put construire un empire au cours de sa vie et voudrait léguer son héritage à son fils, mais il s'avérait que le seul enfant qu'il ait eu, soit Lucie une fille... Alors, il voudrait que cette dernière lui donne un petit fils. Mon père quant à lui, voudrait que j'épouse la fille de Crover, pour unir leur fortune. C'est bien le but de ce dîner de demain, mon père m'avait annoncé la nouvelle cet après midi quand je suis allé le voir dans sa chambre.

-Bref!!! Je voulais juste avoir de tes nouvelles et te prévenir que demain le jeu sera beaucoup plus rude. Alors je te souhaite déjà bonne chance mon coco...

          Sur ce, elle raccrochat sans même me laisser la chance d'en placer une. Cette fille, je n'arriverais jamais à la cerner. Je déposai mon téléphone sur ma table de chevet, partis à la salle de bain, me brosser les dents et enlever mes habits pour les remplacer par un bas de pijama. Demain sera une longue journée, dormir me ferai du bien. Je ne mis pas longtemps avant de plonger dans les bras de Morphée tant que j'étais épuisé.

Seulement ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant