Chapitre 2 Panique au réfectoire

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Thys et Mélia cherchaient l'Indésirata responsable de cette panique. Ils n'avaient aucun doute, un ennemi avait réussi à se faufiler dans l'établissement : mais pourquoi s'en prenait-il à leurs camarades ? Espérait-il les voir réagir et ainsi les localiser aisément ?

Cid était sous la table et les suppliait de venir se cacher avec lui. Mais les jumeaux ne pouvaient détacher leurs yeux du fond de la salle où tout semblait se jouer.

Une jeune fille était debout sur une table et continuait à crier en sautillant. Un Niemens devait être en train de la torturer.

— Oh ! Non, c'est Célia, souffla Mélia à son frère.

Célia ! Thys se contracta. Les monstres, ils s'en prenaient à sa Célia ! Comment savaient-ils qu'il était fou d'elle ? C'était impossible ! À moins que cette sorcière de Laëtitia Yessel ait réussi à lui extirper des pensées quand elle s'était immiscée dans son crâne !

Se sentant responsable, il n'écouta que son courage et fonça pour aider la jeune fille qui gesticulait comme une folle sur la table, tandis qu'un cercle se formait autour. Alors qu'il allait se jeter sur elle pour que son corps fasse bouclier devant les attaques ennemies, il entendit un commentaire qui le glaça !

— C'est un rat !

Trop tard ! Il était déjà sur Célia et ils dégringolèrent de la table en roulé-boulé, au milieu d'interjections de surprises.

— C'est Thys ?

— Qu'est-ce qui lui prend ?

— Il est dingue, il aurait pu la blesser !

Célia n'avait rien, Thys avait amorti le choc. Mais le temps de la chute, il avait compris ! Le responsable de tout ce remue-ménage n'était qu'un... rat !

Oh ! Par les âmes ancestrales, qu'avait-il fait ? Il n'osait pas se relever, rouge de honte. Et puis, il avait mal à l'arrière du crâne où une bosse de la taille d'un poing émergeait victorieuse.

Les ricanements et les rires moqueurs remplacèrent les cris de terreurs.

— Voici, le héros du jour, clama Christophe à la cantonade, il a terrassé la Belle et laissé échapper la bête !

Christophe s'en donnait à cœur joie pour humilier Thys. Les deux garçons ne s'appréciaient guère. Le jeune Ether avait un jour réussi à tapisser Christophe de purée lors d'un repas de cantine. Personne ne l'avait soupçonné, car il avait utilisé les énergies naissantes en lui. Pourtant, Christophe était sûr que Thys était responsable de son malheur. Il ne savait pas, bien sûr, par quelle prouesse le jeune Ether avait donné la vie à la purée, mais il avait vu les yeux de Thys s'illuminer de joie au moment de ses déboires.

Alors en cet instant, Christophe savourait sa vengeance. Il aida Célia à se relever et profita de son trouble pour l'enlacer de ses bras protecteurs.

— Il est devenu fou, c'est le soleil de Bolivie qui lui a grillé les neurones ! fit-il dédaigneux.

Thys était incapable de parler. Il n'avait plus aucun esprit de répartie après son acte insensé. Il subit donc les sarcasmes en espérant que Christophe se lasserait. Mais non, celui-ci haranguait les jeunes regroupés autour d'eux, les exhortant à laisser libre cours à leurs moqueries.

Ce fut un couinement qui tira Thys d'affaire. Une bestiole lui passa entre les jambes et sa queue touffue frôla la cheville de Célia qui manqua de s'évanouir. Christophe la retint et se prêta au jeu du réanimateur.

Toute l'attention était maintenant braquée sur le rat affolé qui courait en tous sens. Sur son passage, des filles sautillaient en poussant de petits cris et certains garçons faisaient semblant de les imiter pour cacher leur propre frayeur.

Thys, la Cité de Yonagoni ( Tome 3) [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant