Chapitre 8: ambiance électrique

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La bande des quatre jeunes supporta le sermon des adultes qui, tour à tour, vidaient leur angoisse en aboyant leur mécontentement.

Après madame Martin, ce fut le père de Cid qui passa sa colère. Sa pomme d'Adam frétillait dans sa gorge et ses mains calleuses auraient volontiers donné une baffe à son fils s'il n'y avait pas eu de spectateurs.

Les parents de Théo étaient arrivés sur ces entrefaites et avaient pris le relais. Surtout madame Adami, il faut dire. Elle bouillait littéralement. Depuis la tombée de la nuit, elle avait passé des dizaines de coups de fil aux parents de Cid pour savoir si les jeunes étaient rentrés ou si madame Martin les apercevait au bout du chemin. Elle se faisait un sang d'encre pour son fils unique qu'elle couvait encore comme une poule attentive. C'est elle qui avait donné l'alerte et appelé tous les amis de Théo quand celui-ci n'était toujours pas rentré à vingt et une heures. Elle avait par deux fois composé le numéro du commissariat de police, mais son mari, plus posé, l'avait arrêtée et réconfortée en lui rappelant que Théo n'était pas tout seul, qu'il avait presque quinze ans et qu'il s'était sans doute un peu trop attardé chez un copain.

Maintenant que son fils se tenait devant elle, elle laissait libre cours à sa colère et tout le monde en prenait pour son grade.

— Enfin, tu es totalement inconscient, on ne se balade pas dans les bois, la nuit, sans avertir sa famille. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre dans votre troupe d'écervelés ? Un coup de fil aux parents vous aurait écorché la langue ?

— J'avais plus de batteries, Man ! mentit le jeune homme.

— La belle excuse et les autres bêtas là, ils pouvaient pas appeler leurs parents pour faire passer le message ?

Les jeunes regardaient leurs pieds. Ils avaient coupé leur portable pour ne pas se faire repérer par les Indésiratas, mais ça bien sûr, ils ne pouvaient pas l'expliquer à cette mère en furie.

— Et puis, qu'est-ce que c'est que cette mèche ! Une nouvelle mode ! Tu as demandé l'autorisation avant de te teindre les cheveux !

Thys et Mélia ne purent s'empêcher de sourire à cette remarque. C'était d'ailleurs un peu nerveux après tout ce qu'ils venaient de vivre et un fou rire commença même à les secouer.

Ce fut trop pour cette mère en pleine démonstration d'autorité. Elle s'en prit alors aux parents des jumeaux.

— Ah ! Ben Bravo ! C'est ça, ricanez, ricanez. Il est vrai que vos parents n'ont pas l'air de désapprouver vos agissements. Vous êtes habitués à une vie de bohème. Un père au chômage, une mère qui traine à la maison, une tante loufoque. Quel bel exemple, hein ! Mais...

— Stop, Maryvonne ! Tu vas trop loin là ! intervint son mari. On a tous été un peu éprouvés. On ramène chacun nos enfants à la maison et on reparlera de tout ça, la tête reposée !

Jean Adami avait attrapé fermement sa femme sous le bras et l'entrainait déjà vers la voiture en s'excusant du regard auprès de la famille Ano. Théo suivit en trainant les pieds.

Anthony Ano fit un signe gêné à Oscar Martin et à sa femme et s'éclipsa à son tour vers la misérable R5 de Téodor Lux avec à sa suite, femme et enfants, un peu choqués par l'intervention de la mère de Théo. Ils s'entassèrent tous dans l'habitacle.

Le Maître Arcan était resté en retrait pendant ces règlements de comptes familiaux, mais dès la voiture en route, il tempêta :

— Où étiez-vous ? Qu'avez-vous encore manigancé ?

— On a voulu revoir la demeure, répondit honnêtement Mélia qui jugeait inutile de jouer au chat et à la souris avec le Maître.

— Et ? grinça-t-il en même temps que les amortisseurs de sa voiture.

Thys, la Cité de Yonagoni ( Tome 3) [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant