Chapitre 14: La danse des photons

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Téodor n'était pas furieux, il était ivre de rage. Il crépitait comme si tout son corps était en court-circuit. Ses quatre mèches blanches dressées sur son crâne ondulaient tels des cobras prêts à se jeter sur leur proie.

— Mais quelle bande de petits racornis de la jugeote !

Ça devait être l'insulte suprême. Aucun n'osa rire. Le Maître Arcan semblait avoir pris cinquante centimètres et sa fureur faisait trembler les murs, au sens propre. Thys et Mélia avaient supplié Cid et Théo d'être présents lors de l'entretien avec leur Maître de premier cycle. Les garçons n'étaient pas franchement d'accord. Ils redoutaient le petit bonhomme aux pouvoirs fulgurants, mais le charme de Mélia avait opéré. Ils regrettaient maintenant d'avoir cédé et n'attendaient qu'une occasion pour s'éclipser. La porte était restée entrouverte. Cid fit signe à Théo et le plus discrètement possible, ils entamèrent leur fuite, petit pas par petit pas.

— Bon sang, on ne peut pas vous faire confiance ! Vous avez eu déjà bien trop d'expériences douloureuses face aux Indesiratas et vous en cherchez encore.

— Je voulais juste m'entrainer à sortir de mon corps, répondit Mélia d'une voix à peine audible. Vous m'avez dit que j'étais la Clairvoyante et que tout le monde comptait sur moi ! Vous attendez de moi des prouesses ! Et quand je tente quelque chose, vous êtes furieux !

— Pas furieux, je suis en train d'exploser ! tempêta Téodor Lux en poussant violemment la porte d'entrée bloquant ainsi la fuite des deux lâches.

— Vous vous restez ici tant que je n'ai pas tous les éléments de cette histoire.

— Mais j'ai mon cours de solfège, mentit maladroitement Théo.

— Assis ! glapit Téodor.

Ses yeux s'étaient rétrécis et la broussaille de ses sourcils semblait piquante. Ils serraient les poings et haletaient comme un buffle prêt à charger. Il n'y avait personne pour calmer sa rage.

Les quatre jeunes s'assirent donc docilement et laissèrent passer l'orage. Et il tempêta ferme ce jour-là. Des coups d'œil éclair, un déluge de reproches, un tonnerre de grognements en tout genre et des soupirs capables de déraciner les plantes en pot. À la fin, Téodor avait la voix éraillée et les cheveux ébouriffés.

— Compris ? demanda-t-il, déterminé, en plantant son regard dans chaque paire d'yeux.

— Oui Maître ! acquiescèrent les quatre amis.

Ils n'avaient pas écouté un seul mot, trop fascinés par le spectacle. De toute façon, ils savaient que Téodor leur reprochait leur désobéissance, leur naïveté et leur manque de maturité.

— Bon, alors qui prend contact avec lui ? insista Téodor en fixant Mélia.

— Quoi ? s'étonna la jeune fille.

— Qui explique le plan à Briac ? fulmina le Maître.

— Le plan ? Quel plan ?

— Mais n'avez-vous donc rien écouté, Niguedouilles rétrécis !

Devant les yeux écarquillés de ses interlocuteurs, Téodor prit une grande inspiration pour bloquer la nouvelle série de jurons qui lui remontait dans la gorge.

— Il faut récupérer cette mallette. Je ne veux surtout pas que l'un d'entre vous joue le héros. Mélia dit que Briac souhaite aider sa mère. Et bien qu'il le prouve !

— Vous voulez bien que l'on parle à Briac ? Et c'est Briac qui va aller chercher la mallette ?

— C'est ça, c'est ce que je m'évertue à vous expliquer depuis une demi-heure ! Ensuite, il nous donne cette mallette et on verra si l'on trouve une solution pour réveiller sa mère.

Thys, la Cité de Yonagoni ( Tome 3) [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant